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Chronologie des médias, un saut (temporelle) en avant !
La semaine dernière, après des mois de négociations, le ministère de la Culture ainsi que les principaux acteurs des plateformes de VOD, du cinéma et de la télévision ont signé une nouvelle chronologie des médias ! Si cette réglementation s’est montrée jusqu’ici très profitable aux professionnels français, cette nouvelle chronologie est déjà un pas en avant dans la redistribution des cartes.
Pour rappel, la chronologie des médias est la règle qui définit les délais selon lesquels une œuvre cinématographique va pouvoir être exploitée par d’autres médias et ceux qui nous intéressent sont ici la télévision et les plateformes de streaming (Netflix, Disney +, etc.). Cette réglementation existe afin de sauvegarder les salles de cinémas et notamment les plus petites. La chronologie des médias voit ses balbutiements aux alentours des années 80 avec l’explosion de la télévision en tant que média. Cependant, les délais qui étaient très longs n’ont cessé de raccourcir avec le temps.
L’évolution des moyens de consommation offerts par Internet a bouleversé l’ordre établi et la pandémie n’a rien arrangé. Ainsi, il était grand temps de revoir cette chronologie qui souffre de la comparaison avec le modèle américain. En effet, aux États-Unis, les films n’ont aucun mal à débarquer sur les plateformes SVOD quelques mois, voire quelques semaines après leurs exploitations en salle. Aussi, à une époque où l’utilisation de VPN est de plus en plus répandue, la chronologie des médias faisait plus de mal aux acteurs de l’industrie qu’elle ne profitait aux petites salles.
Un VPN s’est un réseau virtuel vous permettant d’anonymiser votre connexion. Il faut voir cela comme un tunnel empêchant d’autres utilisateurs ou encore les sites Internet de savoir qui vous êtes et où vous vous trouvez. Ainsi, grâce à un VPN, il est possible d’accéder à certains sites Web inaccessibles dans votre pays ou encore de profiter des catalogues de films des services de streaming étrangers. Avec un VPN, il vous est actuellement possible de profiter d’Encanto ou des Éternelles, les deux dernières grosses productions Disney via le service Disney + américain. En France, il vous faudra attendre. (cette newsletter n’est aucunement sponsorisée par le lobby des VPN)
Et c’est là que la nouvelle chronologie des médias entre en scène ! À partir du 10 février prochain, fini des 3 ans d’attentes entre la sortie d’un film au cinéma et en streaming. La nouvelle chronologie des médias en France se présente comme tel :
- Canal+ : 6 mois après la sortie des films au cinéma (anciennement 8 mois)
- Netflix : 15 mois après la sortie des films au cinéma (anciennement 36 mois)
- Disney+ et Amazon Prime Video : 17 mois après la sortie des films au cinéma (anciennement 36 mois)
- Chaînes de télévision (TF1, France 2, M6, Arte…) : 22 mois après la sortie des films, tout en conservant une exclusivité de diffusion jusqu’au 36ᵉ mois.
La première chose qui marque, c’est évidemment Canal + qui est ici grand gagnant de cette nouvelle chronologie. Une position qui lui est permise grâce à ses investissements dans le cinéma français (190 millions d’euros par an), le second a cette course aux délais n’est autre que le géant américain Netflix qui lui aussi grâce à ses investissements (obligation de produire au moins 10 films par an, et investir 40 millions d’euros) profite d’un délai raccourci comparé aux chaînes de télévision et aux deux absents de la signature Disney et Amazon.
Bien que cet accord reste pour beaucoup très contraignant, il s’agit déjà d’une grande avancée avec ici une mise en concurrence de la télévision payante et des plateformes de streaming qui était pendant trop longtemps les grands perdants de la chronologie. Cependant, beaucoup reste à faire, les géants de l’industrie comme Disney ou la Warner ont trouvé une parade à la chronologie en évitant tout simplement de sortir leurs films en salles. Mais nos cinémas pourront-ils se passer des recettes d’un futur film Batman ou encore du prochain Pixar ? Cela est moins sûr…
Dans la semaine…
Lundi
En ce début de semaine, le poulpe prolonge le week-end. Mais ne vous inquiétez pas, c’est pour mieux revenir.
Mardi
Dom Juan, Tartuffe, Le Malade Imaginaire… Tout le monde a, un jour, entendu parler, voire étudié ou joué une pièce de Molière. En 2022, on fête les 400 ans de Jean-Baptiste Poquelin, de son vrai nom. Pop-Up dresse le portrait du célèbre dramaturge.
Mercredi
Qui dit mercredi dit le podcast du mois ! Le poulpe et ses chroniqueurs vous proposent une discussion autour du succès. Musique, culture, portrait d’un grand nom encore peu connu de la Silicon Valley… Le succès, ses avantages et inconvénients, c’est à écouter sans plus attendre (ici).
Jeudi
L’Ukraine est toujours au centre de l’attention ces derniers temps. Alors que les tensions ne s’apaisent pas, la désescalade entre les pays ne semble toujours pas près d’arriver. Dans un contexte électrique, le passé ressurgit. Décryptage ici.
Vendredi
Amateur de manga ou non, impossible de ne pas connaître One Piece. Le manga, qui se poursuit depuis 1997, est un des plus célèbres au monde. Le poulpe revient sur le phénomène One Piece et son histoire. C’est la carte blanche du mois.
Samedi
Samedi, on parle toujours podcast, mais cette fois, il s’agit d’un beau projet porté par 3 étudiantes en L1 information-communication à l’université Bordeaux Montaigne. « Com’ d’hab podcast », autant podcast que discussion entre copines traite de divers thématiques : expériences de vie, faits de société… Pour en savoir plus, ça se passe par ici.
Dimanche
C’est toujours un peu le bazar en France… Quoique l’herbe ne soit pas bien plus verte à côté. Une bonne dose de météo par très clémente, une pointe de COVID, un soupçon de sarcasme, et ajoutez généreusement de la politique. La recette du Dico’Pop de la semaine, pour le déguster, ça passe par là.
Un coup de nos 3 cœurs
David Copperfield est magicien. Steven Spielberg est cinéaste. Christopher Nolan, lui, est un peu des deux. Le Poulpe s’attarde cette semaine sur Le Prestige, un des (nombreux) chefs-d’œuvre de ce réalisateur hors du temps.
Ce thriller dramatique de 2006 narre la rivalité entre Robert Angier (Hugh Jackman) et Alfred Borden (Christian Bale), deux magiciens londoniens de la fin du 19e siècle. Une compétition amicale les oppose d’abord l’un à l’autre, mais l’émulation tourne vite à la jalousie, puis à la haine. Devenus de farouches ennemis, les deux rivaux vont s’efforcer de se détruire mutuellement en usant des plus noirs secrets de leur art.
Un tour de magie comporte trois actes : la promesse, dans laquelle le magicien vous présente quelque chose d’ordinaire ; le tour, dans lequel il utilise cette chose ordinaire pour lui faire accomplir quelque chose d’extraordinaire ; et enfin le prestige, dans lequel il est contraint de faire revenir la chose disparue afin de récolter les louanges.
Ce schéma va, dans le film, avoir un triple enjeu. Il permet tout d’abord de dépeindre les coulisses du monde de la magie, un univers mystérieux et fascinant. Mais ici, pas de baguettes ni de balais, le mort d’ordre est celui du réalisme. De plus, Nolan propose une expérience inédite grâce à une étonnante mise en abîme : le pattern Promesse-Tour-Prestige est en effet la clé même de l’intrigue du film. Le réalisateur joue avec l’attention du spectateur afin de le surprendre jusqu’aux ultimes secondes de l’histoire. Enfin, Le Prestige est pour lui un moyen de faire une critique, ou plutôt un diagnostic du cinéma contemporain. En opposant deux personnages aux caractères différents, Nolan défend sa vision du grand écran, et la développe à travers les ressorts d’un tour de magie.
Pas de doute, si vous avez manqué cette sublime expérience, le Poulpe ne peut que vous conseiller de remédier à cet affront. Mais attention, car dans tout tour de magie, vous « cherchez le secret, mais vous ne le trouvez pas parce que, bien entendu, vous ne regardez pas attentivement. Vous n’avez pas vraiment envie de savoir… Vous avez envie d’être dupé. »
Bonne semaine avec Pop-Up ! 🐙
Étudiant en Information et Communication. Grand passionné d’animation, cinéma, mais surtout de jeu vidéo, je rêve de devenir journaliste dans la presse vidéoludique.