On the road again ?

A l’heure où le monde est impacté par le coronavirus, les voyages « traditionnels » s’en voient lourdement affectés. Difficultés, voire impossibilité d’aller à l’étranger, besoin d’éviter les endroits trop fréquentés… Et si le retour à la nature ne s’imposait pas comme une nouvelle manière de voyager ? Et quoi de mieux que le vélo pour découvrir le monde à son rythme.
Alors voyage en couple ou en solitaire, il y en a pour tous les goûts (et destinations !). Nous avons eu l’opportunité d’échanger avec Émeline & Olivier ainsi que Jean-Philippe sur leurs aventures à deux roues.

Un couple au gré de la route

Émeline, 36 ans, et Olivier, 40 ans, se sont rencontrés à Lyon, l’un voyageant déjà à l’aventure, l’autre avec l’envie de découvrir la Nouvelle-Zélande, et ainsi est né le projet de rejoindre le pays, à vélo.
Avant ce grand projet, le couple a couple avait déjà eu l’occasion de parcourir le monde : la Corse à moto, le Kirghizstan en sacs à dos, la Russie ou encore la Norvège mais le déclic se fait lors de trois semaines passées à découvrir la Géorgie à vélo, une nouvelle sensation de liberté.
C’est alors qu’Émeline et Olivier se lancent pour environ un an de préparatifs, entre proches, administratif, économies et matériel. Leur itinéraire se trace peu à peu avec surtout des étapes clés, mais est adapté aux saisons, à la météo et bien sûr, aux visas.
Déjà randonneurs, ils avaient l’équipement nécessaire. En revanche, pour le vélo, c’était un départ à zéro !

Lancé sur la route début 2018, destination la Nouvelle-Zélande, pour un voyage de deux ans. « Sur place, nous aimons laisser une grande part à l’imprévu ! », nous disent-ils. Ainsi, le couple est guidé par ses envies et au rythme destours, ils découvrent le monde à leur manière, car de toute façon leur planning change toujours un peu.
Côté matériel, ils évoquent l’indépendance qu’offre le vélo : « on peut quasi tout bricoler nous-mêmes ». Ils transportent ainsi tout ce dont ils ont besoin avec eux, entre nourriture, eau, et de quoi dormir bien sûr !

Voyager à l’aventure, qu’est-ce que ça représente pour Émeline et Olivier ? Ils nous parlent non pas d’une mais de plusieurs définitions. L’aventure se combine ainsi avec la liberté et l’imprévu, et surtout de sortir de sa zone de confort pour en apprendre plus sur le monde. Ils gardent en tête ces apprentissages pour essayer de les appliquer dans leur quotidien, notamment avoir un comportement plus respectueux mais aussi toute l’aide qui leur a été offert au cours de leurs aventures.
Mais ce qu’ils ont adoré dans le voyage à vélo, c’est « de partir de la maison ». Contrairement aux voyages en avion qui nous téléportent directement dans un nouveau pays et une nouvelle culture, le vélo leur a permis de voir le changement s’opérer. Les paysages se modifient, tout comme la culture, mais aussi les gens.
Ils nous parlent aussi de l’écart entre le voyage tel qu’il est préparé et la réalité une fois sur place, « nous avons littéralement pris une claque en pleine figure par toutes ces rencontres », car on ne peut jamais prévoir les rencontres ! En effet, ils évoquent le fait d’être seulement des étrangers, mais le temps d’une soirée ou d’une journée, ils étaient accueillis comme des proches sans réfléchir sur qui ils étaient, leurs origines ou croyances. Une hospitalité qui « nous a fait vraiment réfléchir ».

L’homme & la nature, ni plus ni moins

Le voyage à vélo ne requiert pas de profil particulier, tant que la forme physique est là ! C’est ce que nous avons pu constater avec Jean-Philippe, 48 ans, marié et père de trois enfants. Professeur de sport, son histoire à vélo a débuté d’une belle manière.
Après une rencontre atypique avec l’aventurier professionnel Lionel Daudet où ils partagent anecdotes de voyages et même quelques kilomètres, un sentiment de vide s’installe dans son quotidien routinier entre famille, travail et lessives, même si, amusé, il nous confie « j’adore mon métier et mes enfants, je déteste la lessive ». Peu à peu, l’envie d’une rencontre avec soi-même grandit et le projet se concrétise. Pendant deux ans, Jean-Philippe alterne entre entraînement, recherche de sponsors et solutions techniques, apprentissage de langues… Car ce type ne voyage ne se prend pas à la légère !

En effet, Jean-Philippe nous explique passer la plupart de son temps de voyage loin des villes et des Hommes, l’entrainement à la survie est alors nécessaire mais ce n’est pas tout. L’apprentissage de la langue, « un voyage en avance », permet de se projeter et une fois sur place, s’intégrer est alors plus facile, « on n’est plus un simple touriste ». Au niveau matériel, pas grand-chose : « un kilo de pâte, un kilo de riz et un kilo de semoule par semaine, de l’eau (grâce à des filtres), de l’air pour respirer, et je peux aller au bout du monde ». Un retour aux besoins essentiels donc, car pour être heureux, « on a besoin de strictement rien » dit-il avec conviction.
Mais à côté, cette économie de place lui permet d’emporter du matériel de tournage car petit à petit, il est devenu un cinéaste en herbe ! Après avoir commencé par partager ses aventures sur Facebook, surtout pour ses proches nous dit-il, le maire du village où il habitait lui a suggéré de faire un film et de le projeter. Les projections remplissent la salle de 250 places, on lui propose de présenter son film à Paris et aujourd’hui, même si ce n’était pas le but initial, le projet a pris de l’ampleur et il a déjà quatre films à son actif !


Concernant l’itinéraire, le vélo est ce moyen formidable qui permet une totale liberté. Jean-Philippe explique préparer les grandes lignes mais
vivre au rythme de son corps et de la nature. Il nous cite l’exemple de la Laponie où il fait jour tout le temps et les journées sont alors rythmées par le corps seulement.
C’est ainsi qu’il a effectué un trajet France – Laponie de 5000 kilomètres, plusieurs tours d’Islande (en été et hiver), des traversées de Birmanie à la saison des pluies ainsi qu’en saison sèche et par la même occasion, la découverte de nombreux pays.
Au gré des rencontres, des tournages, du vent, parfois des visas ou de quelques rendez-vous pour des reportages, c’est le monde qui lui dicte l’itinéraire.

Mais alors, voyage en solitaire ou accompagné ? Pour Jean-Philippe, la réponse est vite trouvée « J’adore la solitude… même si je suis très sociable ». Il insiste sur ce bonheur, de se retrouver seul dans la nature. Là où chez lui il est acteur (acteur prof dans son métier, acteur papa ou mari dans sa famille), dans la nature, tous ces rôles disparaissent, tout simplement car il n’y a plus de spectateurs si ce n’est son ombre.
À côté de ses voyages, cela ne l’empêche pas de prendre la route avec sa famille. Et même si son épouse déteste le vélo, dit-il amusé, ses enfantsde « super aventuriers »le suivent pour du camping sauvage, et autour d’un feu, la famille se retrouve pour des moments d’une grande intensité, « un vrai bonheur », nous dit-il.

LA destination préférée, une question « piège »

Redoutée des voyageurs, la question de la destination préférée est toujours difficile à répondre.

À cette question, Jean-Philippe répond en expliquant que les voyages restent très aléatoires. Une destination peu attractive peut en réalité révéler des lieux extraordinaires. Chaque voyage offre sa part de souvenirs inoubliables. Il nous parle ainsi de l’Islande avec une certaine émotion, quand, dans le froid de l’hiver islandais, il lève la tête et devient spectateur de la magie des aurores boréales. De plus, la Laponie et ses plateaux désertiques, mais aussi l’hospitalité des turcs… Tout un tas de petits bonheurs à saisir.   

 

 

De même pour Émeline et Olivier, un peu embêtés, qui nous expliquent que parmi tous leurs voyages, entre les rencontres, les paysages sublimes, le choix du plus beau ou du meilleur, est plutôt difficile. Mais malgré ça, ils nous parlent tout de mêmedes endroits dont ils gardent un souvenir mémorable.
Parmi eux, la Turquie, un de leurs premiers coup de cœur, qu’ils recommandent d’ailleurs à ceux qui voudrait partir à l’aventure à vélo. « Tout y est facile: trouver à manger, de l’eau, les paysages sont magnifiques et variés, et une hospitalité où l’on aurait pu s’arrêter boire le thé tous les kilomètres ! » nous confient-ils. Amateurs de montagnes, ils évoquent aussi le massif du Pamir du Tadjikistan, une région montagneuse très isolée avec des sommets de plus de 7000 kilomètres, mais aussi le plateau tibétain de Chine pour ses paysages, son hospitalité ainsi que ses monastères hauts en couleurs.
Mais ils le rappellent, le fil rouge du voyage était la Nouvelle-Zélande qu’ils ont découvert en hiver et donc vidé de touristes. Et malgré la crainte d’être déçu, ils décrivent le pays comme un paradis. La dernière partie du voyage s’est déroulée au Chili et en Argentine mais a du être interrompue à cause du coronavirus.

 

 

Le coronavirus, un des aléas du voyage

Avec l’arrivée du coronavirus en Europe, les voyages ont-ils pu continuer ?

Pour Émeline et Olivier, la réponse est non. En Argentine lors de l’annonce du confinement en France, ils ont finalement été rapatriés à la fin du mois de mars alors qu’il leur restait encore neuf mois de voyage. « Nous sommes vraiment tombés de haut », ils en parlent en évoquant « un gros coup dur » d’autant plus que le retour en France a marqué pour eux le passage d’une vie de nomade, d’aventuriers, toujours à l’air libre, à une vie confinée.
Mais des projets pleins la tête, cet imprévu ne les a pas empêchés de vouloir repartir sur la route. Alors après le confinement, ils se sont lancés dans un tour de France, le « RayonMix Tour 2.0 », et parfois, il ne faut pas aller bienloin pour se sentir dépaysé ! Partis d’abord à pieds à travers les Pyrénées, ils ont poursuivi leur tour à vélo sur la côte Méditerranéenne et malgré les préjugés sur les français peu accueillant, ils ont eu l’agréable surprise d’une bonne hospitalité et ont pu(re)découvrir notre beau pays.
Malheureusement, à nouveau interrompu par ce nouveau confinement, le moral est toujours là, tout comme l’ambition de pouvoir finir ce tour de France.

Du côté de Jean-Philippe aussi, le coronavirus a eu un gros impact. En effet, en plein voyage pour rejoindre Hanoï, il se trouvait en Turquie, où la situation était tout à fait normale, lorsque la France a commencé par être vraiment touchée. Mais une semaine plus tard, tout a commencé à fermer, ainsi que les frontières et c’est avec une grosse déception qu’il a rentrer en France pour le confinement.
Pas particulièrement inquiet pour le virus, il évoque tout de même la peur de ramener le virus dans d’autres pays, notamment ceux qui comme la Birmanie ont un système de santé beaucoup moins performant que le nôtre.
Mais, habitant aujourd’hui en Corse, il nous explique qu’il peut toujours découvrir l’Île de Beauté à sa guise, à la fois sur terre que sur la mer. En effet, avec son kayak gonflable, il peut rejoindre des criques inaccessibles et plus rien n’arrête son aventure(à part peut-être la météo !).

Le coronavirus a donc interrompu les voyages mais n’a en rien affecté les envies d’évasion de ces aventuriers, qui s’adaptent aux aléas de la nature.
Et pour conclure, nous leur avons demandé comment résumer en une phrase leur aventure. Émeline et Olivier nous disent « osons vraiment écouter ce que l’on aurait envie de faire et sautons la marche quelle que soit la hauteur ! En un mot, liberté ! », et Jean-Philippe nous confie « voyager à vélo, ce n’est pas traverser un paysage mais en faire partie ». Des conceptions de la vie à méditer, et sautons à notre tour le pas !

 

Des aventures à suivre :

Émeline & Olivier : @rayonmixtourInstagram, et leur site : https://rayonmixtour.jimdofree.com/notre-projet/nous/

Jean-Philippe Bossut :@theglobedreamerInstragram & Facebook,

 

Célia Ory

 

Crédits photos : Jean-Philippe Bossut, instagram @rayonmixtour & site internetrayonmixtour.jimdofree.com

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