Pour finir cette année Pop-up en beauté, je vous propose un dernier article de la suite des news d’outre-Rhin. Depuis plusieurs années déjà, l’ombre de l’extrême droite se fait de plus en plus menaçante en Allemagne. Si c’est bien dans toute l’Europe que cette pensée extrême se développe, l’Allemagne à la particularité de consigner la montée des extrémismes avec un lourd passé.
C’est un sujet qui a brûlé l’actualité allemande en 2024 : l’extrême droite. Ou plutôt la popularité grandissante du parti d’extrême droite AfD (Alternative für Deutschland). Ce qui a fait beaucoup réagir surtout, c’est leur projet d’exclure en masse les immigrés venus trouver refuge en Allemagne. C’est une véritable croisade qui a eu lieu dans les rues allemandes ! Des manifestations réunissant plus de 1,4 million de personnes, ont fait barrière au mouvement xénophobe et radical. Cette fois, l’extrême droite a été vaincue !
L’extrême droite en Allemagne c’est quoi ?
Avant de se lancer dans une explication incompréhensible et douloureuse de ce que pourrait être l’extrême droite allemande, il faut rappeler comment fonctionne la politique allemande.
Le Bundestag allemand (équivalent de notre Assemblée Nationale) est composé de 736 sièges et se fait élire tous les quatre ans par suffrage universel direct. L’actuel gouvernement est, depuis 2021, la coalition de plusieurs partis politiques tels que : le SPD, des verts (écologie) et le FDP. Il est dirigé par le chancelier Olaf Scholz. L’opposition comprend, quant à elle, les partis restants, soit : Le CSU, le CDU, la gauche et l’AfD qui nous intéresse particulièrement ici.
L’AfD, c’est le parti d’extrême droite en Allemagne. Fondé en 2013 et dirigé depuis 2019 par Tino Chrupalla et Alice Weidel, le mouvement politique de l’AfD n’a cessé de gagner en popularité ces dernières années. Il est passé de quelques pourcents dans les sondages lors de sa création à plus de 21% en 2024. Il n’en faut pas plus pour que certains y voient là un parallèle avec la montée en popularité du parti national-socialiste sous la république de Weimar. Une situation qui inquiète d’autant plus que les idées de ce parti, même si l’on reste loin des idées du national-socialisme allemand, restent très radicales. Le parti se positionne comme anti-euro et anti-immigration. Au fil des années, ses idées deviennent de plus en plus radicales. La proximité de ses membres avec des mouvements xénophobes et négationnistes n’aide pas à lui donner une image de sainteté.
Autre témoin d’une extrême droite encore plus radicale en Allemagne, la présence de groupuscules violents qui n’hésitent pas à passer à l’action. En 2022 par exemple, les forces de l’ordre avaient démantelé un groupe d’extrême droite qui projetait d’utiliser des « moyens militaires » contre les représentants de l’Etat. L’attentat de Hanau en 2020 avait lui aussi rappelé la dangerosité des idées du radicalisme d’extrême droite après qu’un tireur isolé ait abattu 9 personnes dans un bar à chicha au nom d’idées radicales. Aux dernières nouvelles, la réapparition d’un terrorisme d’extrême droite inquiète en outre-Rhin.
Un essor constant depuis ses dernières années
L’extrême droite en Allemagne, c’est aussi une question de géographie. Une véritable disparité existe entre l’ex-allemagne de l’est et l’ouest. Le Brandebourg, la Saxe-Anhalt et le Mecklembourg-Poméranie-Occidental s’illustrent comme étant les Landers avec le plus d’actes de violence à caractère politique d’extrême droite. Côté parti, c’est aussi parmi ces Landers que l’AfD est le plus représenté. Cela peut s’expliquer par les différences économiques qui existent entre les deux régions mais aussi le sentiment de mal-être des ex-habitants de la RDA qui se sentent être « de seconde zone ».
Depuis 2013 et sa création, l’extrême droite AFD n’a cessé de gagner en popularité. Le parti se place maintenant comme la deuxième force politique du pays, après la coalition des partis chrétiens-démocrates du pays. En onze ans, c’est une multiplication par trois des résultats dans les urnes que l’AfD a atteint. C’est surtout la crise des réfugiés de 2015, symbolisée par l’élocution de la chancelière de l’époque Angela Merkel “Wir schaffen das” (Nous y arriverons), qui a marqué un véritable tournant dans la popularité du parti. En 1 an, ce sont 900 000 migrants qui avaient été enregistrés en Allemagne, faisant bondir les intentions de vote pour l’extrême droite.
Les manifestations de janvier : le symbole d’une résistance
En 2024, le média d’investigation allemand “Correctiv” a mis en lumière une réunion d’extrémistes à Postdam qui avait pour projet d’expulser des personnes étrangères en masse. En janvier 2024, c’est alors plus de 1,4 millions de personnes qui sont descendues dans les rues allemandes pour protester contre l’AfD. Ce sont des villes à travers toute l’Allemagne qui ont été touchées comme : Hambourg, Francfort, Berlin ou encore Munich où les participants étaient si nombreux que l’événement a dû être stoppé. Sur l’esplanade du Reichstag (siège du gouvernement) plusieurs centaines de milliers de personnes étaient présentes pour protester contre la montée de l’extrême droite en Allemagne.
Des mobilisations d’une telle ampleur témoignent bien là du choc de la population face aux idées du parti d’extrême droite en Allemagne. Les derniers sondages des intentions de vote en Allemagne montrent bien à quel point la menace de la droite radicale reste présente en Allemagne surtout quand celle-ci se sert de l’impopularité du gouvernement en place pour gagner en influence sur le territoire allemand. Seul rempart à un basculement dans l’extrême, le peuple allemand prouve par sa mobilisation que le destin de l’Allemagne est entre ses mains.
Crédits photo : Mika Baumeister – Unsplash
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