Depuis novembre 2023, plusieurs grèves en Allemagne paralysent les transports du pays. Ces mouvements prennent leur origine dans la prolifération de conflits sociaux suite à l’envolée des prix sur le territoire. Les secteurs ferroviaires et aériens se trouvent particulièrement touchés par ses arrêts normalement rares outre-Rhin.
L’Allemagne, bien que très proche de chez nous en France, c’est une autre culture. Une culture où l’on met en avant le consensus plutôt que la confrontation directe. De ce fait, les grèves dans toute leur contrariété envers l’employeur sont moins mises en avant que dans l’Hexagone. Pourtant, depuis fin 2023, cinq grèves ont touché le rail allemand et quatre le groupe aérien Lufthansa (équivalent de notre Air France).
Une vague qui paralyse le pays
Le réseau de transports allemand (notamment les trains…) n’est pas connu pour être le plus performant au monde. En Allemagne, le retard des trains, c’est un véritable cliché. Pourtant, ces dernières semaines ont été particulièrement catastrophiques.
Les mois de février et mars sont marqués par un enchaînement de grèves du rail et du secteur aérien, qui ont finalement touchées les transports en commun de façon générale, pendant deux jours, fin février. Sur le rail allemand, la Deutsch Bahn (équivalent de la SNCF) a connu du 24 au 29 janvier la plus longue grève ferroviaire que l’Allemagne ait subie. Ce sont plusieurs dizaines de milliers de passagers qui ont été lésés et plusieurs centaines de millions d’euros qui ont été perdus. Côté transport aérien, 10 à 20 %, c’est le pourcentage de vols que la Lufthansa était en capacité de maintenir le jeudi 7 mars, alors que le mouvement de grève paralysait les aéroports allemands pour la 4e fois.
Si une telle situation peut nous sembler banale à nous français, elle l’est beaucoup moins pour les Allemands qui font face à de plus en plus de mouvements sociaux ces derniers mois.
Des grèves, reflet de la multiplication des conflits sociaux
Agriculteurs, médecins généralistes et maintenant transports témoignent des tensions sociales dans le pays. Parmi les raisons qui reviennent le plus, on observe des revendications économiques ainsi que l’amélioration des conditions de travail.
La hausse des salaires face à l’inflation semble être la revendication commune de tous les mouvements qui traversent le pays. En 2023 par exemple, l’Allemagne a dû faire face à une inflation de 5,9 %, provoquant une envolée des prix que les salaires allemands ont peiné à suivre (pour rappel, l’inflation en France en 2023 était de 4,9 %).
Pour les conditions de travail, le syndicat des conducteurs de train allemands demande une semaine de travail hebdomadaire de 35 heures contre 38 actuellement, et ce, sans perte de salaire. Dans le secteur aérien, le syndicat Verdi demande à la Lufthansa une augmentation des salaires de 12,5 % soit au minimum 500 euros de plus par mois sur le salaire des employés.
Un essoufflement du dialogue social
Véritable cristallisation d’un manque d’efficacité du dialogue social outre-Rhin, la succession de grèves des transports en Allemagne démontre la limite d’une culture du consensus qui ne parvient plus à satisfaire les Allemands.
Le dialogue social en Allemagne repose sur une autonomie tarifaire qui permet aux partenaires sociaux (syndicat et employeur) uniquement de négocier les conditions de travail et les salaires, sans intervention de l’État. Toutefois, il est possible de voir depuis plusieurs mois une augmentation des cessations de travail et du mécontentement des salariés. En mars 2023 déjà, une méga-grève avec des revendications similaires avait touché le pays de plein fouet. Les transports avaient été complètement paralysés avec près de 3 millions de grévistes. A cela, s’ajoute une impopularité du gouvernement, avec seulement 17 % des Allemands qui se disent satisfaits.
Crédits photo : Wolfgang Maria Weber – IMAGO
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