Participer à la réduction de l’empreinte carbone tout en restant dans son canapé à regarder une bonne série ? Cela pourrait bientôt être possible selon les nouvelles recommandations de l’Arcom, mais pas sans contrainte.
Dans un rapport publié le 13 septembre 2023, dans le Journal Officiel, l’Arcom s’est adressée aux diverses plateformes de streaming. Elle leur a énoncé une liste de recommandations dans le but final de réduire leur impact environnemental. Netflix, Prime Video, Disney + ou encore YouTube pourraient alors bientôt créer une option « éco » destinée à rendre le visionnage de leurs contenus audiovisuels plus respectueux de l’environnement.
C’est quoi l’Arcom ?
L’Arcom est une autorité publique indépendante française, plus précisément l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. Active depuis le 1er janvier 2022, sa fondation résulte de la fusion du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (HADOPI). Elle est chargée d’encadrer la radio, la télévision, mais également toutes les plateformes internet. Sa première mission est de « garantir la liberté d’expression et de communication audiovisuelle » tout en s’adaptant aux mutations technologiques, économiques et sociales, dans l’intérêt du public.
Un objectif et des chiffres
Aujourd’hui, les préoccupations du « gendarme de l’audiovisuel » se tournent vers les plateformes de streaming. Son objectif ? Sensibiliser le grand public à l’impact environnemental de ces dernières.
Il rappelle dans son rapport que « le développement du numérique est notamment lié à celui de la consommation vidéo ». Cette consommation vidéo qui ne représentait pas moins de « 66% du trafic internet mondial en 2022 », selon le cabinet Sandvine, pèse aujourd’hui dans l’empreinte carbone numérique. En 2020, en France, elle s’élevait à 2,5% de l’empreinte totale, d’après l’ADEME (Agence de l’environnement et de l’énergie). L’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques), a d’ailleurs annoncé, dans une étude en avril 2023, que « les émissions de gaz à effet de serre du secteur du numérique, notamment, seraient presque multipliées par trois d’ici 2050 ». Si une grande part de cet impact (« 78% ») provient de la partie conception des équipements, l’utilisation de nos appareils représente quant à elle, presqu’un quart des émissions carbone et « tendrait à s’accroître » en raison du développement perpétuel du numérique (Journal officiel).
C’est quoi le mode « éco » ?
La situation, si elle ne l’est pas encore, pourrait devenir urgente d’ici quelques années. Alors, afin de limiter au maximum l’impact environnemental des plateformes de streaming en croissance massive, l’Arcom les invite à mettre en place « si cela s’avère techniquement possible, une fonctionnalité de type sobriété énergétique, aisément accessible et permettant d’appliquer automatiquement l’ensemble des réglages les plus respectueux de l’environnement » (Journal officiel). De simples manipulations dans les paramètres pourraient apparemment faire toute la différence et avoir un réel impact positif sur la planète. Réduire la qualité de l’image de nos films et séries, désactiver la fonctionnalité de lecture automatique des vidéos ou encore prendre en compte la taille de nos écrans ainsi que le type de réseau que nous utilisons pourraient sensiblement changer la donne.
En parallèle de cette nouvelle fonctionnalité qui pourrait très bientôt voir le jour sur nos écrans, l’Arcom souhaiterait également « la diffusion d’une campagne de communication commune » à tous les acteurs du secteur numérique et audiovisuel et adaptée selon le type de public concerné. Cette campagne commune pourrait par exemple avoir lieu chaque année, à l’occasion de la semaine européenne du développement durable. L’Arcom aspirerait alors, à ce que toutes les plateformes de streaming fournissent des efforts conjoints pour mieux informer leurs utilisateurs sur les manières possibles de limiter leur impact environnemental à leur échelle. Il s’agirait par exemple de rappeler certains gestes simples comme éteindre les équipements que nous n’utilisons pas ou bien préférer l’utilisation d’un réseau fixe à celle d’un réseau mobile.
Enfin, tous les diffuseurs sont invités à mettre en place « une méthodologie commune de calcul de l’impact environnemental des usages audiovisuels liés à l’utilisation de leurs services en 2024 » mais également les années suivantes. Les plateformes de streaming ne sont pas les seules concernées par cette demande puisqu’il y a également les services de télévision ainsi que les services de médias audiovisuels à la demande.
Regarder des séries avec une qualité d’image réduite ?
Aujourd’hui, la grande question est de savoir si toutes ces mesures et recommandations seront finalement adoptées ou non, par des plateformes de streaming telles que Netflix, car l’Arcom « invite » et « incite » mais en aucun cas n’oblige à les mettre en place.
Netflix, qui avait perdu un certain nombre d’abonnés au cours de l’année 2022, avait réussi à remonter doucement la pente au début de l’année 2023, comptant désormais 232,5 millions d’abonnés dans le monde, malgré une croissance nettement inférieure à celle des années précédentes. Est-ce que ce géant du streaming prendra le risque de chuter une nouvelle fois avec l’adoption de certaines mesures restrictives ? Ou réussira-t-il à en faire une force grâce à une stratégie de marketing sans virer au greenwashing ? Il ne faut en effet pas toujours se fier à l’image écoresponsable de certaines entreprises. Parfois, ce n’est qu’une vulgaire technique marketing pour contenter le grand public alors qu’en réalité, ces dernières n’agissent pas en conséquence.
Mais si les plateformes de streaming agissent en faveur des recommandations de l’Arcom, les utilisateurs, eux, sont-ils prêts à utiliser ce mode « éco » ? Sauront-ils faire preuve d’éco-responsabilité au détriment peut-être de leur confort audiovisuel habituel ? Toutes ces questions restent en suspens pour le moment…
Crédits photo : Tumisu – Pixabay
Je suis étudiante en double licence d’information-communication et d’espagnol.
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