Fin novembre, ont éclaté en Chine des mouvements de contestation contre les restrictions sanitaires en place depuis trois ans. Les manifestants réclament plus de libertés alors que les autorités chinoises tentent de freiner ce mouvement d’ampleur historique.
Des manifestations de grandes ampleurs dans tout le pays
Des dizaines de milliers de Chinois se sont réunis dans plusieurs villes, dont Shanghai, Pékin ou encore Wuhan, pour protester contre le gouvernement et sa politique restrictive du zéro Covid ». Des manifestants excédés par les nombreux confinements successifs et les mesures strictes imposées par le gouvernement de Xi Jinping. La grogne sociale qui couvait déjà depuis un certain temps avait atteint son apogée le mercredi 23 novembre. Les employés de la plus grande usine Apple du pays avaient en effet décidé de protester contre le confinement imposé par l’entreprise Foxconn après la détection de nouveaux cas de Covid. Confinés dans l’enceinte, beaucoup d’ouvriers paniqués avaient pris la fuite, des heurts entre les employés et les agents de sécurité avaient éclaté. L’incendie d’un immeuble dans le quartier ouïghour d’Urumqi, provoquant la mort de 10 personnes, avait réellement mis le feu aux poudres, puisque les secours n’avaient pas pu arriver assez vite à cause des restrictions sanitaires dans le quartier.
Une opposition réprimée par le régime
La lassitude a bien fini par gagner la population chinoise face à l’obstination du gouvernement à imposer cette stratégie restrictive qui consiste à réduire à zéro la circulation du virus par un contrôle drastique des foyers de contamination. Pour autant, elle doit bien subir la répression du régime autoritaire de Xi Jinping. À la suite des grandes manifestations, les autorités avaient renforcé la présence policière et la surveillance des réseaux sociaux, où certaines expressions faisant référence aux mouvements de contestation avaient été censurées. Pour contrer la censure et exprimer leur opposition, les manifestants ont dû rivaliser d’ingéniosité : feuilles blanches qui font référence au manque de liberté d’expression dans le pays brandies lors des rassemblements, messages détournés et jeux de mots, mèmes, ironies… Bref, les Chinois ne manquent pas de créativité pour tenter de détourner la censure et de résister à la répression.
En parallèle de tout cela, les autorités chinoises avaient annoncé un allègement des règles sanitaires le 7 décembre, une « nouvelle phase » pour les Chinois dans la lutte contre l’épidémie et ce alors que les cas quotidiens de contamination sont à la hausse.
La Chine coupée du monde
Si la colère des manifestants est bien le fruit d’une lassitude et d’une exaspération croissante de la population, la coupe du monde au Qatar n’a fait que la renforcer un peu plus. L’incompréhension des Chinois devant les images en direct de milliers de supporters sans masques n’a pu que nourrir le sentiment de vivre sur une autre planète alors que la Chine est l’un des derniers pays au monde à appliquer une politique contre le Covid-19 aussi stricte. Cela a poussé les autorités chinoises à trouver un moyen assez risible pour éviter de provoquer une plus grande colère des Chinois. La chaîne de sport de la CCTV a en effet décidé de ne plus montrer les images de supporters non masqués en les remplaçant par des images du stade ou des joueurs ou des images de foule assez lointaines pour ne pas distinguer les visages.
Si un allègement des mesures a bien été annoncé, nul doute que le gouvernement chinois ne comptera pas abandonner sa politique de sitôt, car si les mouvements de contestation ont tout de même permis d’assouplir les restrictions, ils n’empêcheront pas le régime chinois de s’enfermer encore et encore dans sa politique de zéro covid. Il est encore difficile de déduire l’avenir de ces contestations même s’il est fort probable que des répressions plus fortes aient lieu dans le pays comme l’a toujours fait le régime jusqu’ici.
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