Située au sud de l’Espagne, à la frontière de Gibraltar, la petite ville de la Línea de la Concepción a tout d’une parfaite station balnéaire. Malheureusement, les quelques kilomètres qui la sépare du Maroc font de cette petite ville la plaque tournante de la drogue en Europe.
Zone clé pour le marché du haschich
Selon les Nations Unies, le Maroc serait le premier producteur et exportateur mondial de haschich. Cette activité s’est développée au cours des années 70, période durant laquelle les narcotrafiquants ont fait du détroit de Gibraltar un véritable point d’ancrage en Europe.
Par mois, c’est plus de 280 tonnes de drogue qui navigue entre le Maroc et Gibraltar, environ 80% du haschich consommé en Europe passe par la Línea. C’est donc une véritable bataille que doivent livrer les forces de l’ordre pour lutter contre le trafic de drogue dans cette région.
Traque interminable
Depuis bien longtemps maintenant, les narcos règnent sur cette ville, ils sont considérés par une partie de la population comme des héros offrant du travail aux jeunes dans une zone où le taux de chômage avoisine les 40% de la population. Les habitants sont donc divisés, rendant la tâche encore plus difficile à la police, puisqu’elle est très mal vue dans certains quartiers. Les narcotrafiquants, à l’image de Pablo Escobar dans les années 70, sont devenus des modèles de réussite immorale pour des familles issues de quartiers défavorisés.
Afin de faire circuler la drogue, des passeurs traversent de nuit la Méditerranée sur des hors-bords surpuissants, chargés de tonnes de haschich. Pour déjouer les forces de police, les trafiquants se réfugient dans les eaux internationales, zone dans laquelle la police locale ne peut pas intervenir. Une fois que la voie est libre, ils débarquent sur la plage, parfois sous les yeux des habitants, voire même de la police, afin de décharger leur marchandise, par la suite acheminée vers des cachettes où la drogue est entreposée.
Parfois, des hors-bords remplis de stupéfiants débarquent sur la plage en pleine journée, à la vue de tous, créant un véritable climat de tension au sein de la ville. Il est habituel de voir des courses poursuites entre policiers et trafiquants dans les rues de la Línea.
La police a de plus en plus affaire à des trafiquants sans scrupule qui n’hésitent pas à utiliser la violence et l’intimidation afin de mener à bien leur mission.
Il est très difficile pour la Guardia Civil de mener une lutte équitable contre les trafiquants de drogue car les forces et les moyens sont inégaux. En effet, les forces de police de la région sont livrées à elles-mêmes et l’État Espagnol n’intervient que trop peu dans la lutte contre le narcotrafic. Les trafiquants, eux bénéficient de nombreux moyens grâce à l’argent de la drogue puisque le trafic brasse des centaines de millions d’euros par an.
Après un an de lutte, la Guardia Civil a réussi à intercepter 5 tonnes de cocaïne, et 123 tonnes de haschich. Des chiffres qui paraissent énorme mais qui, selon les forces présentes sur place sont encore trop faibles au vu de la quantité de drogue circulant dans la région.
Ville contrôlée par les narcotrafiquants
La police estimerait qu’il existe une trentaine de clans sur la Costa del Sol, le plus puissant est bien connu là-bas et se nomme le clan Castaña. Cette famille qui vit du narcotrafic depuis plusieurs années, est l’une des plus puissantes et redoutée dans le milieu de la drogue. Ces derniers n’hésitent pas à user de la violence afin de décourager la police ou d’autres clans qui essaieraient de leur barrer la route.
A la Línea, c’est tout un quartier qui appartient au narcos, on y voit de nombreuses villas avec piscine, toutes construites grâce à l’argent généré par le trafic de drogue. Ce quartier est habité par ceux qu’on appelle des « organisateurs », de véritables barons de la drogue qui gagnent des millions d’euros par opération.
Grâce à cet argent, les trafiquants peuvent tout obtenir, et notamment s’offrir le silence de certains policiers. Aux yeux des narcos, tout à un prix même les humains, surtout dans une région où le taux de chômage s’élève à 40%. C’est en partie grâce à la corruption que des tonnes de drogue passent entre les mailles du filet, notamment pour le trafic de cocaïne, dans lequel la poudre blanche arrive à bord de containers dans le port d’Algésiras.
Une série pour informer
Sur Netflix, la mini-série documentaire La Línea dans l’ombre du narcotrafic, traite de ce phénomène qui sévit en Andalousie.
Dans cette série, en format immersion, nous sommes plongés au cœur des forces de l’ordre espagnoles dans leur traque des narcotrafiquants. Dans les quatre épisodes, hélicoptères, armes à feu et go-fast sont de la partie, de quoi réaliser un véritable film d’action. De nombreux témoignages, de policiers, de trafiquants et du maire nous sont présentés, tous aussi glaçants les uns que les autres.
https://www.youtube.com/watch?v=6RIKOFexHGw
C’est donc une véritable guérilla qui sévit en ce moment dans le sud de l’Espagne, où le trafic de drogue règne en maître et rythme la vie de cette région. La lutte contre le narcotrafic semble presque perdue d’avance.
Raphaël Douenne
Crédits photos : Eric Hadj
Étudiant en double licence Information-Communication et Espagnol, je suis passionné depuis toujours par le monde qui m’entoure. Mon objectif est de toujours trouver un angle pertinent dans mes articles pour vous intéresser. En espérant qu’ils vous plairont !