Même si l’hiver s’est bel et bien implanté et que tout le monde a besoin d’être au chaud dans son manteau, la lutte contre l’utilisation des peaux d’animaux dans le milieu de la mode continue en 2018 avec la mobilisation des maisons de haute couture, influencées par les organisations protectrices des droits des animaux.
En mars 2018, Versace annonçait la couleur : l’arrêt de l’usage des fourrures animales pour la firme. Il semblerait que d’autres marques de luxe aient pris exemple sur l’entreprise Italienne, puisque pour clôturer cette année 2018, ce sont deux enseignes que nous connaissons tous qui ont pris des mesures pour mettre un terme à la maltraitance des animaux pour leurs créations : Chanel et Jean Paul Gaultier.
Pour l’une, ce sont les peaux exotiques (crocodile, lézard, serpent, galuchat) qui ne seront plus utilisées, et pour l’autre, ce sera la fourrure et le cuir. Un phénomène qui se répand de plus en plus depuis 2015, et qui fait le bonheur à la fois de Stella McCartney, considérée comme l’innovatrice de la « mode éthique », et de l’association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) qui se bat depuis des années pour défendre la cause.
Pic de sensibilité de la part des stylistes ou souhait de satisfaire une génération qui milite en faveur de la cause animale ?
Si au fur et à mesure les pays en interdisent l’usage ( le dernier qui rentre dans la liste étant la Norvège en 2015 ), c’est au tour des événements incontournables de la mode de prendre des mesures ; cette année, c’était la Fashion Week de Londres. En effet, suite aux manifestations qui se sont tenues lors de la précédente édition, la British Fashion Council a annoncé que la fourrure serait bannie des podiums.
A la place, l’utilisation de la fausse fourrure, fabriquée grâce à la fibre synthétique, au grand désespoir de Mark Oaten ( directeur général de l’International Fur Federation ) qui estime que « Les marques se détournant de la fourrure font une erreur » . Il est vrai que ce marché mondial représentait 30 milliards de dollars en 2017, mais à priori, il n’y aura pas de grandes répercutions sur le chiffre d’affaires des marques de luxe, au vu de la demande progressive et la préférence des consommateurs pour le synthétique.
Si l’on peut affirmer que le marché de la fourrure animale est en déclin, pas sûr qu’il ne disparaisse complètement. D’une part, parce qu’il reste des maisons de haute couture à convaincre, et d’autre part, parce qu’en Chine, l’élevage d’animaux est toujours à la merci de la mode. Celle-ci ne prévoit pas de s’inscrire sur la liste derrière la Norvège, et continue d’utiliser le pelage animal pour en faire des vêtements qui sont exportés partout dans le monde, y compris dans les pays qui en interdisent l’usage. Tout cela, sans, évidemment, respecter la mention obligatoire « vraie fourrure » censée apparaître sur les étiquettes des pièces pour prévenir les clients.
En somme, ne nous réjouissons pas trop vite, car, dans les années 1970-1980, la fourrure avait déjà connu une baisse de popularité, et a malheureusement fait un retour fracassant dans les années 2000… On peut donc se demander si ce n’est qu’un phénomène récurrent dans le milieu de la mode, ou si, cette fois, il s’agit d’un véritable tournant pour le droit des animaux.
Crédit photo : Place Ville Marie
Lucy Warnock