Les femmes en Afghanistan, une vie contrainte au silence

Les femmes en Afghanistan, une vie contrainte au silence

Depuis le retour des talibans sur le territoire, l’expression des femmes est en train d’être annihilée. Il n’est désormais plus question d’entendre leurs voix en dehors de chez elles. Plongez dans la politique de ces dernières années en Afghanistan.

 

Fin août 2024, les droits des femmes s’ébranlent à nouveau en Afghanistan. Le ministère de la Justice taliban a annoncé le 22 août une nouvelle loi pour “promouvoir la vertu et prévenir le vice”. 35 articles en conformité avec l’interprétation ultra-rigoriste de la charia islamique viennent amplifier l’emprise des talibans sur les femmes. 

Interdiction de chanter et de lire à voix haute même dans leur domicile, de se déplacer seule, de se maquiller ou de se parfumer.

“Les femmes doivent couvrir leur corps complètement en présence d’un homme n’appartenant pas à leur famille”, loi d’août 2022.

D’autres interdits déjà connus sont édictés dans la loi : homosexualité, jeux d’argent, adultèreSi elles les enfreignent, les femmes afghanes, déjà privées d’éducation et exclues des lieux publics, s’exposent à des représailles judiciaires graduelles : avertissement verbal, menace, amende ou garde à vue (allant d’une heure à trois jours).

“Un apartheid de genre” dénonce Richard Bennett au nom de la mission de l’ONU en Afghanistan le 18 juin 2024.

Cette société ultra-patriarcale des talibans prend place dans un pays d’Asie en pleine crise économique et humanitaire. Ce gouffre s’agrandit face aux conséquences des lois drastiques mises en place ces dernières années. La population est plongée dans un contexte de tensions constantes politiques et militaires.

 

L’horreur se répète

Durant la première prise de pouvoir des talibans en 1996, les femmes avaient subi des lois liberticides. L’existence même des femmes y était représentée comme un problème. Ce lourd passé refait surface aujourd’hui et s’affirme tandis que la communauté internationale tarde à réagir.

Amnesty International et la Commission internationale de juristes ont qualifié ces restrictions de crime contre l’humanité en décembre 2023.

Le 20e siècle a été secoué par de multiples conflits politiques en Afghanistan. En 1976, une guerre contre les forces soviétiques se déclare. Une révolte de la population contre la révolution communiste avait déclenché de nombreuses émeutes. Les forces soviétiques étaient arrivées pour ramener l’ordre, la guerre dura 10 ans

Sous le régime communiste, les femmes accèdent à des fonctions politiques. Le gouvernement ré-entame leur intégration dans le monde public.

En 1996, la défaite soviétique déstabilise le pouvoir et ouvre la voie à la montée d’un groupe extrémiste : les talibans. Ils installent une politique basée sur la religion musulmane et instaurent une charia. Ce texte dans l’Islam permet d’imposer des codes de conduite et des normes éthiques. Ils se servent de leur interprétation afin d’anéantir le pouvoir des femmes et de les marginaliser.  

En 2001, dans un contexte de luttes contre le terrorisme, la coalition internationale sous l’égide de l’ONU et menée par les États-Unis, décide d’intervenir dans le pays. Leur objectif est d’y rétablir les droits humains et de conserver une présence internationale stable dans le pays.

La révolution sociale rayonne et apporte de nombreux espoirs pour les femmes. D’innombrables progrès : elles ré-intègrent les domaines publics du travail (le droit, la médecine, le sport et la politique). Les universités ouvrent à nouveau.

En août 2021, les forces occidentales se retirent du territoire, les talibans reviennent au pouvoir par la force.

 

Court moment de répit

À leur arrivée, ils assurent souhaiter une politique modérée afin d’assurer une transition pacifique et une reconnaissance internationale. Leur souhait est de respecter les droits des femmes “dans le cadre de la charia” et sans “violence ni discrimination”. Pourtant, dès septembre, les femmes commencent à être exclues des sphères publiques.

Un Conseil des ministres exclusivement masculin est créé, et le ministère des Affaires féminines est remplacé par le ministère de la Propagation de la vertu et de la Prévention du vice. Ces événements marquent la fin de la parole féminine en politique.

Septembre 2021 : interdiction d’enseignement des petites filles au-delà de 12 ans

En 2022, la répression des femmes prend un tournant avec l‘interdiction d’enseignement supérieur. S’ensuit de nombreux décrets qui les marginalisent de la société

  • Interdiction de l’emploi des femmes – sauf exceptions limitées
  • Restrictions des libertés de circulation, d’association et d’expression
  • Fermeture obligatoire des entreprises détenues par des femmes
  • Interdiction de pratique d’activités sportives et fréquentation de jardins publics
  • Imposition du port de la burqa ou d’un voile intégral en public

En Afghanistan, le chômage augmente dû à la crise économique. Dans certains foyers, les femmes négocient des prix et mendient pour se nourrir. Un rôle essentiel quand le mari a perdu son travail. Ces lois liberticides les en empêchent et amplifient la crise humanitaire. Les femmes en capacité de fuire partent vers le Pakistan, les Etats Unis ou des pays européens. Tandis que d’autres manifestent en Afghanistan. Ces regroupements sont violemment réprimés par les autorités. Des réseaux de résistance voient tout de même le jour, avec de l’éducation illégale via des écoles secrètes comme la Radio Begum par exemple.

De nombreuses pétitions et mouvements sur les réseaux sociaux appellent à une réaction des forces internationales. Ce vendredi 4 octobre 2024, la Cour de justice de l’Union européenne facilite tout de même l’arrivée des réfugiées afghanes. Elle annonce dans un arrêt que toute femme afghane peut prétendre au statut de réfugié et que “la seule prise en considération de sa nationalité et de son sexe est suffisante”.

 

 

© Army Amber https://pixabay.com/fr/photos/afghanistan-fille-la-burqa-60641/

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