Les « Fantastiques » du cyclisme ont-ils tué le suspense ?  

Les « Fantastiques » du cyclisme ont-ils tué le suspense ?  

Soixante kilomètres en solitaire et trois minutes d’avance sur le second, soient les statistiques historiques du triomphe de Mathieu van der Poel sur Paris – Roubaix dimanche dernier. Avec cinq autres « Fantastiques », il écrabouille la concurrence, pour le malheur des fans de vélo ?  

Les courses les plus prestigieuses du cyclisme : 

– Les trois grands tours : Tour de France, d’Espagne et d’Italie. Seules épreuves par étapes de trois semaines.

– Les cinq monuments : Paris-Roubaix (France), Tour de Lombardie, Milan-San Remo (Italie),  Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège (Belgique). Classiques (course d’un jour) les plus exigeantes de l’année pour leur distance, leur dénivelé et/ou leurs pavés.

– Les autres épreuves du calendrier World Tour (1re division) : par étapes d’une semaine comme  Paris-Nice ou sur un jour comme les Strade Bianche chez nos voisins transalpins.

Ces dernières années sont marquées par l’avènement d’une nouvelle génération de cyclistes dotée de qualités physiques et mentales presque surnaturelles. Capable de faire passer des coureurs  professionnels pour des cyclotouristes lambda. On les surnomme les « six Fantastiques ». Jonas Vingegaard (Danemark), Tadej Pogačar, Primoz Roglic (Slovénie), Remco Evenepoel, Wout van 

Aert (Belgique) et Mathieu van der Poel (Pays-Bas) règnent actuellement en maître sur les courses majeures du calendrier (voir l’encadrée ci-dessus).

Un monde d’écart 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis 2022 dix des treize monuments disputés ont été phagocytés par l’un des « mutants ». Les grands tours ont également leur préférence avec six succès sur les huit derniers courus. Plus affolant encore : leur avance sur le reste du peloton. La  victoire écrasante de Jonas Vingegaard sur le dernier Tour de France avec plus de sept minutes d’avance sur Tadej Pogačar et près de onze minutes sur le troisième, Adam Yates, le premier des  humains, en est le parfait exemple. L’intérêt de certaines épreuves réside désormais dans la bataille pour les places d’honneur.

Mathieu van der Poel, en tête, à la lutte avec Wout van Aert, maillot bleu et Tadej Pogačar en dernière position lors du dernier championnat du monde sur route

Quand l’ennui guette 

Certains aiment parler d’un nouvel Âge d’or, d’autant plus que leurs victoires sont souvent acquises au terme de courses débridées très tôt marquées par leur panache. Mais,  malheureusement pour les spectateurs, ces mastodontes ne s’alignent pas toujours sur les mêmes lignes de départ. Que ce soit par choix comme Jonas Vingegaard préférant se réserver pour le Tour de France et le Tour d’Espagne ou plus récemment en raison de chutes contraignant certains au  repos forcé. C’est dans ce type de configuration que cette mainmise peut parfois s’avérer gênante tant personne n’est en mesure de rivaliser. Ce qui pourrait en faire hésiter plus d’un cet été au  moment de choisir entre une après-midi à la plage et de longues heures enfermé devant sa télé à  suivre le Tour de France.

La loterie cycliste  

Mais, comme dans tous les sports, rien n’est joué d’avance. Un adage éminemment valable dans le cyclisme où une chute ou le moindre ennui mécanique peut rebattre les cartes à tout moment. Christopher Froome et Alberto Contador, six Tour de France à eux deux, grandissimes favoris de  l’édition 2014 ont fait les frais de cette malchance, contraints à l’abandon après quelques étapes. Les Français Jean-Christophe Péraud et Thibaut Pinot en avaient profité pour se placer sur le  podium final (2e et 3e).

Les seconds couteaux peuvent aussi tirer parti de la présence de plusieurs « Fantastiques » en  profitant du marquage des favoris. Alors, les amateurs de la petite reine ont encore des raisons de passer des heures dans leur canapé sous peine de manquer des retournements de situation. Et ils  peuvent toujours profiter des quelques joutes annuelles entre « mutants ». La prochaine est  d’ailleurs prévue la semaine prochaine à l’occasion de Liège-Bastogne-Liège (dimanche 21 avril)  qui verra s’affronter Tadej Pogačar et Mathieu van der Poel.

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