Sport emblématique des États-Unis, le Cheerleading est une activité comprenant danse, pyramides, gymnastique et voltige. Retour sur cette discipline mêlant strass et paillettes avec insultes et préjugés.
« Avant de commencer, je voyais ça comme un sport de meuf, des pom-pom girls même, sans y consacrer d’intérêt. Puis j’ai essayé, et j’ai compris que ce sport était bien plus qu’un sport. » Nathan, licencié au club des Tigers. Quand on pense au cheerleading, on a directement ces clichés très films américains qui nous viennent en tête. Cette image de filles populaires, « bimbos », qui sortent avec les capitaines des équipes de foot ou de basket. Mais c’est un sport où détermination et rigueur sont au cœur même de la pratique et des performances.
Repousser ses limites : la base même de ce sport
« Un jour, j’ai vu une compétition de cheerleading aux US et les gars étaient super baraqués », Owen, membres chez UBCD. Qu’on soit fly, base ou spot arrière, la musculation reste très importante. Chaque poste utilise des muscles différents qu’il faut donc s’acharner à travailler et entretenir. Outre la musculation, la sécurité est une autre source d’inquiétudes pour les athlètes. Le chercheur Gammons a identifié le cheerleading comme étant le « sport associé au plus grand nombre de traumatismes directement liés à l’activité sportive subie par les femmes ». Deux autres chercheurs nommés Young et Chen ont également catégorisé en pourcentage les blessures survenant lors de la pratique de cette discipline. Parmi les blessures, les plus courantes sont les traumatismes crâniens, les entorses, ou encore les traumatismes thoraciques. Ainsi, en grande partie, elles surviennent à plus de 60% lors de la voltige ou du rattrapage de la fly après une figure.
Cheer dance et cheer compétitif, quelles différences ?
Ce sport peut se décomposer en deux branches. Le cheer dance avec du side line et le cheer compétitif. Les deux sont liés par le nom mais très différents dans la pratique. Si on commence par le cheer dance, qui est la base historique de cette discipline, on se rend vite compte que c’est celui-ci qui subit le plus de clichés. En effet, le cheer dance ou side line, est la pratique d’encourager son équipe au bord du terrain, et pendant la mi-temps de représenter une dance. Elle est reconnaissable avec les cheerleaders accompagnées de leurs fameux pompons. Ainsi le cheer dance, est plus dans la pratique de la danse et des chants que la voltige même si on en retrouve souvent !
Le cheer compétitif lui, impose beaucoup plus de technique. Il se décompose en cinq grandes parties : les stunts (avec fly, deux bases et un sport arrière), le scand, le tumbling (figures gymnastiques au sol), la danse et les sauts. Lors d’une compétition, une routine (chorégraphie) doit durer environ 2 minutes 30 sans le scand du début. Les points sont notés en grande partie sur la difficulté de la routine. La plupart du temps, les équipes sont classées par niveau d’âge ou de pratique. Basiquement, il existe les juniors, les seniors, les élites… mais les deux principales catégories en compétition sont les all girls (non mixte) et les coed (équipe mixte).
Malgré tout la présence masculine hors équipe de haut niveau reste très faible. C’est pourquoi aux États-unis on commence à voir des équipes all boys émerger. Tout comme le Japon qui compte lui, une grande équipe entièrement d’hommes : les shockers.
Un sport historiquement pour homme
On pourrait penser de par la diffusion actuelle de l’image du cheerleading, que ce sport a toujours été de tendance féminine comme la danse classique. Mais non ! L’apparition de cette pratique se fait dans les années 1900 aux Etats-Unis. Pour être plus précis c’est en 1903, que des groupes d’hommes se concentrent sur les bords de terrain pour encourager leur équipe universitaire. Le cheerleading est ainsi créé. Il faudra attendre les années 1920 pour que les premières femmes fassent leur apparition dans ce sport. Elles apporteront les éléments gymnastiques et les premières pyramides avec elles. Le cheerleading compétitif voit ainsi peu à peu le jour. C’est par ce taux d’augmentation d’équipes féminines, que le sport se ferme en quelque sorte aux hommes. L’image du cheerleading se féminise et les hommes le pratiquant sont très vite jugés et étiquetés. Cette étiquette reste encore très présente en France notamment à cause de la non-reconnaissance de ce sport car il n’est pas assez démocratisé.
Pom-pom girls et autres termes péjoratifs
Comme tout sport, le cheerleading n’échappe pas à sa masse de préjugés. La principale source de ceux-ci est le sexisme très fortement présent dans ce milieu. « J’ai l’impression que les mecs voient le cheer comme un sport de meufs, et non comme un vrai sport », Owen, membre chez UBCD. Ce sentiment de jugement et d’incompréhension quant à la non-connaissance de ce sport, beaucoup de cheerleaders y font face. Que ce soit des femmes traitées de « groupie trimballant juste leur cul au bord du terrain » ; ou des hommes qui sont vite jugés par rapport au rapprochement « féminin » de ce sport, nous montrent bien l’idée patriarcale de l’homme hétérosexuel derrière ce sport. Comme nous l’explique la coach d’UBC, Amandine « Les pompom girls doivent être faites de la même manière. Il faut qu’elles soient jolies, sensuelles, répondre à un certain fantasme de l’homme. Mais peu à peu ça se démocratise. ». En effet, elle nous explique par la suite que grâce à certaines séries notamment la série documentaire Cheer, le cheerleading commence à se faire reconnaître comme étant un « vrai » sport.
Cette activité sportive requiert de la volonté, de la rigueur, de la ténacité et surtout elle développe l’esprit d’équipe et un sentiment d’appartenance. La solidarité est le maître mot de ces équipes, au sein desquelles la confiance en chaque partenaire est primordiale pour réaliser les prouesses techniques demandées. Chaque poste demande un investissement important et une vigilance continue. Ainsi, si l’expérience vous tente, plusieurs choix s’offrent à vous dans la métropole de Bordeaux. Que ce soit au sein de l’université avec l’équipe de cheer dance UBCD ou bien avec l’équipe de cheer compétitif UBC, ou bien encore en club avec les Heroes de Lormont ou les Tigers de Villenave (vice-champion de France 2021). Vous trouverez forcément votre bonheur dans l’une de ces « teams ».
Crédits image : © Cottonbro studio, Pexel
Étudiante en L3 LC japonais. Je suis de nature curieuse et m’intéresse à beaucoup de choses. Notamment à l’actualité asiatique et pop culture !