Alors que les Jeux Olympiques 2024 approchent à grands pas, la ville de Paris redouble d’efforts pour tenir sa promesse écologique. Le défi est d’envergure : se montrer digne de succéder aux Jeux de Londres et de Rio tout en portant un rôle précurseur dans la lutte pour la planète.
Depuis sa nomination en 2017 en tant que ville organisatrice des Jeux Olympiques 2024, Paris affiche sa volonté d’apporter un grand changement à l’institution. Rapidement, la ville explique vouloir réduire de moitié son empreinte carbone par rapport aux éditions précédentes. Pour rappel, les jeux d’été de 2016 à Rio avaient été responsables de l’émission de 3,5 millions de tonnes de CO2 au total. Paris se fixe un objectif d’1,5 million de tonnes de CO2 émis, ce qui serait inférieur à l’édition de Tokyo 2020, alors même que celle-ci avait été privée de spectateurs en raison de la pandémie de Covid-19.
Pour parvenir à cet objectif, le Comité National Olympique (CNO) a publié sa liste de sept engagements à respecter. Le premier concerne la construction des bâtiments qui devra se faire de manière plus sobre. Lorsqu’il est impératif de construire de nouvelles infrastructures et qu’on ne peut pas en réutiliser de plus anciennes, les matériaux utilisés devront être plus respectueux de l’environnement. Les structures déjà existantes devront être mobilisées en priorité et celles qui sont construites spécialement pour l’occasion devront être réutilisées après les JO, afin d’éviter de reproduire la catastrophe écologique des jeux d’Athènes. En parallèle, Paris s’engage à dépolluer la Seine et la Marne par endroits afin d’accueillir les épreuves de natation. Les citoyens pourront profiter de ces zones de baignade dès la rentrée. Un autre engagement concerne les treize millions de repas distribués aux athlètes, spectateurs et journalistes. 80 % des produits cuisinés devront être d’origine française, et les déchets devront être mieux gérés. Des millions de gobelets réutilisables seront notamment distribués, mais ce n’est pas la seule mesure qui sera prise pour rendre la restauration plus écologique. Réduire de moitié les émissions de carbone signifie selon le responsable de la restauration Philipp Würz « doubler la part des protéines végétales ». Les repas seront donc végétariens pour la moitié.
La stratégie des organisateurs des Jeux Olympiques repose sur une répartition du budget carbone en trois pôles : les déplacements à 34%, les constructions à 33% et les opérations (restauration, hébergement, logistique…) à 33%. Ces nouvelles mesures et ces nouvelles politiques d’organisation semblent bien respecter les lignes directrices portées par la ville de Paris tout au long de l’organisation des JO : la sobriété, l’innovation et l’audace. Paris 2024 souhaite renouveler les standards du Comité International Olympique (CIO). La ville a d’ailleurs publié sa nouvelle méthode de calcul des émissions de CO2.
En fixant un objectif au préalable et en compensant les émissions tout du long, cette méthode est supposée plus préventive et plus efficace.
Les incohérences d’un discours prometteur
Les organisateurs des Jeux Olympiques font tout de même l’objet de critiques en raison de mesures allant à l’encontre de leurs engagements environnementaux. Le projet le plus controversé est celui de la cabane des juges en construction à Tahiti. Cette tour en aluminium de quinze mètres de haut, en cours d’aménagement pour arbitrer les épreuves de surf, a soulevé une vague de contestations de la part d’associations environnementales comme Surfrider. Pour cause, la destruction d’une partie du massif corallien de Teahupo’o occasionnée par la construction de la tour. La décision fait d’autant plus réagir qu’une tour en bois existe déjà à Teahupo’o pour surveiller les épreuves de la World Surf League. Deux-cent surfeurs se sont rassemblés dans le Pays basque français le 17 décembre pour contester la construction de la tour, dont la livraison est prévue le 13 mai. Ces surfeurs s’ajoutent aux 220 000 personnes ayant signé une pétition en ligne pour s’opposer à la destruction du récif corallien en solidarité au peuple polynésien. Le Président de Polynésie a lui aussi joint une manifestation aux côtés des citoyens de Tahiti en octobre dernier. Suite à ces nombreuses protestations, le Comité olympique a décidé de réduire la tour en taille et en poids, mais de ne pas renoncer au projet. La tour sera financée à parts égales par l’Etat français et le pays polynésien.
Dans le même registre, la bétonisation des jardins ouvriers d’Aubervilliers pour accueillir la piscine olympique ne fait pas l’unanimité. Plusieurs parcs ont dû être détruits de la sorte pour permettre aux infrastructures olympiques de voir le jour. C’est également le cas du village des médias construit à Dugny sur les lieux d’un parc dont les arbres, vieux de quarante ans, ont dû être abattus.
D’autre part, les sept engagements de la ville de Paris concernent principalement les pôles de la construction et des opérations, mais une ombre plane toujours sur le pôle des transports. C’est pourtant celui qui pollue le plus, lorsqu’on prend en compte le déplacement des centaines de milliers de touristes étrangers en avion spécifiquement pour les Jeux Olympiques. Certains athlètes britanniques, néerlandais et belges se disent prêts à se déplacer en train, mais aucune mesure n’est prise concernant les spectateurs. Le Comité encourage les déplacements en train, sans pour autant proposer de mesures concrètes. Pour ce qui est des déplacements sur site, la promesse d’arriver à « 100% des sites accessibles en transports en commun » n’a pas abouti. Les travaux prévus sur deux lignes de métro ont été retardés, et le réseau ne couvrira pas l’ensemble des sites d’épreuves olympiques.
Paris 2024, écolo ou pas ?
L’édition 2024 des Jeux Olympiques n’atteindra peut-être pas tous les objectifs qu’elle s’est fixés. C’est cependant la première édition qui se montre en alignement avec l’accord de Paris pour la planète. Le CNO s’efforce de réduire le plus possible les émissions de CO2 qu’elle engendre, bien que la nature même de l’événement en fasse une source massive de pollution. Les engagements de la ville ont tout de même mené à de grands changements dans l’organisation des Jeux Olympiques, en comparaison avec les éditions précédentes.
Parmi les promesses en partie respectées, il y a la sobriété des bâtiments. Les retards dans la construction de certaines structures (piscines olympiques, lignes de métro) ont engendré plus de pollution qu’attendu, mais la promesse de mobiliser 95% d’infrastructures existantes ou temporaires a été honorée. Les épreuves d’athlétisme auront ainsi lieu au Stade de France, celles de cyclisme au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, et d’autres épreuves à Bercy ou au palais éphémère du Champ-de-Mars.
D’autre part, le Village des Athlètes aménagé spécialement pour l’occasion sera transformé dès 2025 en quartier d’habitation et de bureaux dans lequel plus de 12 000 personnes pourront s’installer.
L’environnement a été placé au centre de l’organisation des Jeux Olympiques de Paris. Malgré quelques incohérences, il s’agit d’un modèle de jeux plus responsables qui pourra être repris et perfectionné par les futures villes organisatrices. En attendant un changement radical, les fans de sports olympiques sont attendus à Paris cet été, et prochainement aux jeux d’hiver 2029 en plein désert saoudien.
Carla Defay
Crédits photos : Pixabay – Pexels ; paris2024.org
Étudiante en L2 information-communication et, avec un peu de chance, future journaliste. J’écris pour le plaisir, alors pourquoi pas le faire aussi pour Pop-Up !