Indonésie : l’effroyable tragédie du stade Kanjuruhan

Indonésie : l’effroyable tragédie du stade Kanjuruhan

Ce samedi 1er octobre, au moins 131 personnes ont perdu la vie dans un mouvement de foule après le derby entre deux équipes rivales à Malang, situé dans l’Est de l’île de Java. L’envahissement du terrain par les supporters et l’intervention des forces de l’ordre serait la cause du drame. 

 

Une bousculade meurtrière

« C’est un jour sombre pour le monde du football ». C’est par ces mots que Gianni Infantino, le président de la FIFA a qualifié l’une des pires tragédies que le monde du football ait connues. Samedi soir, après la défaite de leur équipe, l’Arema FC contre l’équipe rivale, le Persebaya Surabaya, environ 3000 supporters ont envahi le terrain pour manifester leur colère. Un envahissement qualifié d’émeutes par la police indonésienne et qui a dû faire intervenir les forces de l’ordre, en partie responsables du drame. Selon des témoins, les policiers ont tiré du gaz lacrymogène en direction des tribunes pour persuader les fans de regagner les gradins, ce qui a provoqué un mouvement de panique. Des images capturées à l’intérieur du stade, montrent un attroupement des supporters au niveau des barrières, tandis que des survivants parlent de victimes piétinées et de blessés transportés par des supporters.

Une enquête ouverte au lendemain du drame 

Après cette tragédie, des supporters du club local ont déclaré déposer une plainte contre les policiers, qui selon eux, auraient réagi de manière disproportionnée. De son côté, le président indonésien a demandé à l’Association nationale de football de suspendre tous les matchs jusqu’à nouvel ordre et a ordonné « une évaluation complète des matchs de football et des procédures de sécurité ». Une enquête sur le drame a été ouverte pour comprendre les circonstances du mouvement de foule. 

Un spectacle désolant mais qui n’a rien d’inhabituel dans ce pays habitué aux violences entre rivaux où des affrontements mortels se sont déjà produits. Certaines équipes de haut niveau doivent parfois se déplacer sous haute surveillance tant les tensions entre les clubs rivaux sont intenses. Au lendemain de l’incident, la police faisait état de 13 véhicules brûlés, témoignant de la colère de la population à son égard. 

 

Des hommages qui affluent à travers le monde 

Au lendemain de la tragédie, des hommages aux victimes ont afflué à travers le monde du football. Dans un communiqué, le président de la FIFA a regretté « une tragédie au-delà de l’inimaginable ». L’UEFA a annoncé qu’une minute de silence sera respectée lors des compétitions européennes, hommage lui aussi suivi par la ligue de football espagnole. Les fédérations italiennes, anglaises et allemandes ont quant à elles adressé leurs condoléances aux proches des victimes. 

Source : compte Twitter @fifamedia

Au-delà des instances de football, des joueurs se sont eux aussi exprimés en publiant des messages sur leurs réseaux sociaux pour rendre hommage aux victimes, comme pour Sergio Ramos, le défenseur du Paris Saint-Germain, qui a publié un message sur son compte Twitter:  « Déchirant. Nos pensées vont aux victimes et à leurs familles », ou encore le buteur de Nice qui lui aussi a utilisé ses réseaux sociaux pour partager un message touchant : « Le cœur qui saigne. Le football est une fête, le football n’est pas une morgue. Mes pensées vont aux familles des victimes.»

Source : compte Twitter @AndyDelort9

Un drame qui ravive des mauvais souvenirs 

Cette bousculade meurtrière fait malheureusement partie d’une série d’autres incidents mortels, qui se sont déroulés dans des circonstances similaires : dans la plupart des cas, ils ont été provoqués par des mouvements de foule où les supporters finissent écrasés ou piétinés contre les grilles ou les portes du stade. Le drame le plus connu est celui du 15 avril 1989 au stade d’Hillsborough, en Angleterre, où 96 personnes ont vu la mort, la plupart asphyxiées à cause d’un mouvement de foule, lors de la rencontre entre Liverpool et Nottingham Forest. Comme en Indonésie, la police est elle aussi mise en cause, ayant ce jour-là ouvert une grille dédiée à la sortie qui a provoqué la ruée des supporters vers les tribunes. 

En France, c’est le tristement célèbre drame de Furiani du 5 mai 1992, où une tribune s’est effondrée, provoquant la mort de 19 personnes. 

Cet accident n’est pas le premier ni le plus meurtrier, mais la dangerosité des rencontres en Indonésie et l’utilisation des gaz lacrymogènes par les policiers (normalement interdite dans ces circonstances), peuvent expliquer la tragédie de samedi, en attendant que l’enquête rende son verdict.

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