Guerre en Ukraine : Quel soutien pour Volodymyr Zelensky ?

Guerre en Ukraine : Quel soutien pour Volodymyr Zelensky ?

Après 3 ans de conflit avec la Russie, L’Ukraine tient bon, mais à quel prix ? Un cinquième du territoire du pays est actuellement occupé. On dénombre des centaines de milliers de morts, militaires et civils compris. Kiev souhaite une compréhension mutuelle et une garantie de sécurité de la part de Donald Trump qui s’est récemment rapproché de son homologue russe. Le dirigeant de L’Ukraine a affirmé estimer que le monde doit choisir entre “être avec Poutine ou être avec la Paix”. En clair : Volodymyr Zelensky craint une rupture américano-ukrainienne. 

Mercredi 12 février, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont appelés dans le but de négocier sur l’arrêt du conflit ukrainien, sans l’Ukraine

Le Kremlin cessera les hostilités quand le pays aura obtenu ce qu’il veut des “négociations” sur la fin du conflit russe, que Trump veut lancer, a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lundi 24 février. Le leader Américain affirme qu’arrêter la guerre en Ukraine représente “sa mission”, en ajoutant même que la situation pourrait dériver en “troisième guerre mondiale”.

Des tensions notables entre l’Ukraine et les Etats-Unis

Le président américain avait qualifié son homologue ukrainien de “dictateur sans élections”, propos qui a eu le mérite de faire sourire les ukrainiens. “Dictateur sans élections, Zelensky ferait mieux d’agir vite, sinon il n’aura plus de pays”, avait-il annoncé. Volodymyr Zelensky est critiqué pour ne pas avoir organisé d’élections après la fin de son mandat, en mai 2024. En réalité, ce dernier est prolongé par la loi martiale, votée en raison de la guerre. Plus des trois quarts de la population était d’ailleurs contre l’organisation d’élections. Au vu des conditions critiques, une élection libre et juste ne pouvait pas s’opérer.

Suite à ces accusations et à la pression imposée par Donald Trump, Volodymyr Zelensky annonce le dimanche 23 février être prêt à quitter son poste en échange d’une adhésion à l’OTAN. Le dirigeant ukrainien est prêt à tout : “si vous avez vraiment besoin que je quitte mon poste, j’y suis prêt”. Donald Trump, sans parler de son homologue Russe, s’oppose clairement à une potentielle adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.

Rallier Donald Trump aux Européens ? 

Le 24 février 2025, jour du troisième anniversaire de l’invasion russe, Emmanuel Macron s’est rendu à Washington. Ce dernier souligne la “nécessité de compenser les ukrainiens”. Les Européens sont prêts à “envoyer des troupes en Ukraine pour vérifier que la paix soit bien respectée” a déclaré le président français. 

Jeudi 27 février, c’est au tour du premier ministre britannique, Keir Starmer, de se rendre à Washington. Dans la même optique qu’Emmanuel Macron, il tente de négocier avec ce dernier sur l’aide européenne, qui serait nécessaire à l’aboutissement de la paix en Ukraine. Le représentant français et le premier ministre britannique prévoient tous deux un voyage à Washington pour trouver un terrain d’entente avec Donald Trump.

À cette même date a eu lieu le vote au conseil de sécurité des Nations-Unies à New York. Un projet de résolution, soumis par les Etats-Unis, appelant à une fin rapide du “conflit Russie-Ukraine”, sans condamnation de l’agresseur, a été adopté avec les voix de la Russie et de la Chine, tandis que les Européens se sont abstenus. 

Un potentiel accord sur les minerais 

L’Ukraine et les Etats-Unis pourraient trouver un terrain d’entente en s’accordant sur les minerais. Les négociations ont été menées le vendredi 28 février. Après avoir pris soin d’adoucir ses propos concernant le dirigeant ukrainien, Donald Trump a accueilli ce dernier à Washington.

L’État ukrainien comprend 5% des ressources minières mondiales à elle seule : uranium, lithium.. des métaux rares utilisés notamment pour les batteries, dont les Etats-Unis seraient particulièrement friands. Kiev espère bien des garanties de sécurité de la part des Etats-Unis en échange de l’exploitation des richesses minières du pays.

Mais à qui profite cet accord ? 

Le montant final de l’accord n’est pas connu mais les revenus issus de l’exploitation des minerais pourraient être déposés dans un fond commun américano-ukrainien. Cependant pour Donald Trump, l’accord représente une compensation militaire de l’aide donnée à Kiev par son prédécesseur. Le président américain estime qu’il a déjà donné sa part avec les aides militaires passées. Dans l’histoire, l’Ukraine risque de voir les Etats-Unis profiter de ses minerais en échange d’une aide dont elle a déjà bénéficié… Donald Trump avait d’abord demandé une compensation d’un montant de 500 milliards de dollars. Une somme bien trop élevée pour le dirigeant ukrainien qui s’y est opposé.

Zelinsky souhaite des garanties de sécurité, mais avec le président américain, rien n’est sûr. Le mercredi 26 février, le dirigeant américain avait en effet affirmé qu’il s’agissait de la responsabilité des Européens et non des Etats-Unis de garantir la sécurité à l’Ukraine, dans le cadre d’un règlement de conflit avec la Russie : “Je ne vais pas fournir de garanties de sécurité au-delà de beaucoup”. Donald Trump veillerait seulement au  « bon déroulement » de l’aide apportée par l’Europe à l’Ukraine. Ce dernier laisse planer le doute, ses engagements restant incertains.

Le rôle central de l’Europe 

Les nations européennes ont peur qu’un accord ne soit mené au détriment de l’Ukraine, et d’elles-mêmes. Les alliés occidentaux, qui ont fait front commun jusqu’à lors, se voient bouleversés par le positionnement des États-Unis, qui se rangent à présent du côté de la Russie. L’Europe est accusée par le Kremlin de vouloir continuer la guerre. Les diplomates européens se sont dit furieux de ce retournement de situation.

Un tournant s’opère dans les relations géopolitiques. Face à l’hostilité de la Russie et aux relations de cette dernière avec Donald Trump, l’Europe se voit d’aider Kiev seule. Longtemps accusés de s’être reposés sur la puissance américaine, les Européens doivent à présent redoubler d’efforts. L’Union européenne soutient l’Ukraine depuis 3 ans maintenant pour assurer la sécurité du pays et ses propres intérêts : abandonner le pays leur coûterait plus cher que de le soutenir. En cas de capitulation de ce dernier face à la Russie, les frontières européennes se verraient menacées.

Lundi 17 février, lors de la réunion d’urgence des chefs du gouvernement européen à Paris, Mette Frederiksen avait annoncé “La Russie menace malheureusement toute l’Europe maintenant”. La guerre en Ukraine relève des “rêves impériaux de la Russie, de la construction d’une Russie plus forte et plus grande, et je ne pense pas qu’ils vont s’arrêter en Ukraine”, avait-elle confié aux journalistes. “C’est pourquoi je suis très inquiète à l’idée d’un cessez-le-feu rapide, car il peut donner au président Poutine et la Russie une meilleure possibilité […] de mobiliser à nouveau et d’attaquer l’Ukraine ou un autre pays en Europe”.

Les Européens ont alors tout intérêt à soutenir l’Ukraine. “Nos dépenses de défense sont passées d’à peine plus de 200 milliards d’euros avant la guerre à plus de 320 milliards d’euros [en 2024]. Il nous faut encore augmenter ce chiffre considérablement, déclarait Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, le 14 février 2025, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité. Une semaine auparavant, le service de renseignements danois a mis en garde contre la menace russe, prévenant que dans le cas où l’OTAN serait perçu comme faible, la Russie pourrait “mener une guerre à grande échelle”. Cependant, n’en déplaise à la Russie, l’OTAN a réussi à s’étendre au nord de l’Europe en alliant la Finlande en 2023 et la Suède en 2024.

 

Nina Claude-Coupiac

 

Crédit : REUTERS/Thomas Peter/Photo d’archives

Share