Girl – drame – octobre 2018 – 1h45
Le 10 octobre prochain sort Girl, premier film du réalisateur belge Lukas Dhont, élu au Festival de Cannes 2018. Sortie en avant-première le 17 septembre nous avons pu le voir et allons vous en parler.
Lukas Dhont s’inspire de l’histoire vraie d’une jeune fille, Lara, 15 ans, qui veut réaliser son rêve de devenir danseuse classique. Née malheureusement garçon, on suit alors sa transformation physique et son combat pour accomplir son rêve.Le film est aussi pertinent lorsqu’il raconte la difficulté de s’intégrer dans la société en tant que transgenre et qu’il montre le rude combat pour se faire une place dans le monde de la danse classique. Ce film, fort et touchant, réussit à nous plonger dans la vie d’une fille courageuse.
Il commence avec le déménagement de la famille de Lara dans une nouvelle ville pour qu’elle puisse intégrer une école spéciale de danse classique. Lara est accompagnée de son père et de son petit frère, la mère est absente. Depuis le début, il est évident que Lara prend la place de ce manque de model féminin, elle s’occupe de son petit frère, elle l’amène à l’école et lui fait à manger. Nous suivons aussi Lara pour son premier cours de danse classique dans sa nouvelle école et nous commençons à voir la frustration qu’elle a d’être une fille dans le corps d’un garçon, surtout en tant qu’adolescente. Elle utilise certaines méthodes violentes pour cacher son organe masculin et fait tout pour ressembler au maximum à une fille. Mal dans son corps, le rêve de Lara d’être danseuse ne l’aide pas. Ce sport est très exigent avec le corps humain, en effet, les danseuses réussissent dans ce milieu principalement grâce à leurs caractéristiques physiques (cambrure du pied, souplesse, finesse, ouverture des hanches). Pour Lara, c’est un enjeu encore plus difficile car elle est née dans le corps d’un garçon. Ce film rentre parfaitement dans les problématiques de la société actuelle: nous sommes libres de devenir ce que nous désirons mais nous restons contraints à rentrer dans un cadre.
De plus, durant tout le film, Lara fait preuve d’un silence pesant qui touche les spectateurs. Nous voyons son anxiété dans ses yeux, elle est pressée de devenir une femme. Il y a quelques passages dans le film qui montrent la difficulté pour Lara de s’intégrer à l’école. Par exemple, une des scènes marquantes est quand Lara est invitée à dormir chez une amie de classe et que la mère la fait dormir dans une chambre à part des autres filles, la considérant comme un garçon. Ceci représente la mentalité chez certaines personnes sur ce sujet. Être transgenre est accepté par tout le monde sur le papier, mais la réalité montre souvent le contraire.
Finalement, ce film ne parle pas seulement de transgénérisme mais surtout de l’identité de soi et le fait d’être rejeté par la société. A travers cette jeune fille transgenre nous vivons vraiment le rejet qu’elle ressent mais aussi son intégration qui est tout aussi touchante. Christine Angot, romancière française, l’affirme: « ce film est vraiment soi et les autres, l’identité et l’intégration ».
Le film a eu la récompense de la Caméra d’or. L’acteur qui interprète Lara, Victor Polster, a gagné le prix d’interprétation, un Certain Regard.
ACDF
Crédits photo: CultureBox / AFP