Alors que la France et l’Australie avaient conclu un accord conséquent, autant stratégique qu’économique, en 2016, le voilà rompu au profit d’AUKUS, un tout nouveau partenariat de défense Australie – États-Unis – Royaume-Uni.
Expansion chinoise, crise diplomatique, avenir des relations entre alliés historiques, la situation est complexe. Retour sur un mois de septembre sous tensions.
Enjeux majeurs pour la France
Retour en 2016. Les accords entre Paris et Canberra viennent d’être signés, c’est un succès autant économique que stratégique pour la France. L’Hexagone prévoit une livraison d’une douzaine de sous-marins, calqués sur le modèle du Barracuda français (Naval Group) à destination de son allié du Sud.
Avant tout, c’est un enjeu économique. L’accord, qualifié de « contrat du siècle » pour l’industrie de défense française, se chiffrait à 90 milliards de dollars australiens, soit environ 55 milliards d’euros.
Mais c’est aussi un enjeu diplomatique et géopolitique non négligeable. Emmanuel Macron voyait en cet accord un moyen de renforcer la présence française dans la zone indopacifique. Cette position était d’autant plus stratégique de par sa proximité avec la Chine.
Mais voilà que depuis quelques mois, les Australiens se montraient de plus en plus critiques à l’égard des accords de 2016. Le principal motif : leur coût.
Début juin, l’Australie avait déjà lancé un premier avertissement, arguant ainsi d’un plan B en cas d’échec des négociations. Cependant, la situation semblait s’être apaisée au cours de l’été : plusieurs assurances avaient été apportées afin de maintenir le contrat.
Pourtant, début septembre, la douche fut froide pour la France lorsque le contrat AUKUS a été signé.
Partenariat de sécurité trilatéral
Le 15 septembre dernier, AUKUS (Australia, United-Kingdom, United-States) fait son entrée sur la scène géopolitique internationale. Conclu entre 3 pays : l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, la France reste sur la touche.
L’objectif : « défendre la paix et la stabilité dans toute la région » ainsi que « doper la coopération dans divers domaines ». On promet à l’Australie des sous-marins à propulsion nucléaire, au détriment du français Naval Group.
Le coup est dur pour l’entreprise, mais pas mortel. En effet, le contrat Australien représentait 10% du chiffre d’affaires du groupe.
Commence alors une guerre diplomatique sans précédents. Alors que la France boude ses alliés de toujours et rappelle ses ambassadeurs des États-Unis et d’Australie, les 3 pays n’affichent aucun regret.
Conséquences pour les relations internationales
Si la France s’est sentie trahie au début de l’affaire, la tension est rapidement redescendue.
Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères et des Armées, qualifiait alors cette décision « d’unilatérale et brutale » similaire aux pratiques de Donald Trump.
Le gouvernement australien s’était défendu en mettant en avant l’intérêt national.
Il y aura certes des conséquences économiques pour le pays : la rupture du contrat entraînera indemnités. Mais ici, c’était bel et bien la stratégie qui primait, avec en fond, l’éventuelle menace de l’expansion chinoise dans la zone, tandis que l’Australie subissait déjà des sanctions commerciales de Pékin depuis 2018.
La Chine, restant un des moteurs de ces décisions, a déploré ce nouvel accord : « La coopération entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie en matière de sous-marins nucléaires sape gravement la paix et la stabilité régionales […] », a déclaré Zhao Lijian, porte-parole de la diplomatie chinoise.
A ce jour, le Royaume-Uni et les États-Unis entendent déjà se réconcilier avec la France. Après tout, il faut dire que l’UE reste un des plus grands partenaires commerciaux de l’Australie.
Boris Johnson a fait part de son intention de rétablir une coopération entre les deux pays.
Emmanuel Macron s’est entretenu avec son homologue américain par téléphone le 22 septembre dernier. Celui-ci reconnait la responsabilité de son pays dans la crise. Un premier pas vers un apaisement des tensions entre Washington et Paris.
Alors que cette rupture de confiance prouve qu’être allié avec les États-Unis ne fait pas tout, à Paris, certains rêvent d’une relance européenne en matière de stratégie, mais pourquoi pas aussi en matière de défense.
Crédits : YouTube Le Parisien
Étudiante en troisième année d’information & communication, passionnée d’actualité et de culture, intéressée par le monde & les gens, je souhaite rejoindre la grande famille des journalistes.