Ferrus du ballon rond, préparez-vous : l’ascension d’un politique est souvent semblable à celle d’un footballeur. Semée d’embuches, féérique, et surmédiatisée. Emmanuel Macron, actuel président de la République française, est candidat à sa propre succession. Mais alors comment remodeler un pays duquel on est déjà à la tête ? Va-t-il suivre les pas de Nicolas Sarkozy, battu en 2012 dans le même contexte ? Ou alors plutôt ceux de Jacques Chirac en 2002, auréolé d’une réélection (in)attendue ? Le Poulpe vous aide à y voir plus clair grâce à ses trois traditionnelles questions.
Qui est-il ?
Né en 1977 à Amiens, Emmanuel Macron est l’actuel président de la République française depuis 2017. Fils de deux médecins, ce haut fonctionnaire est, lors de son entrée en fonction à 39 ans, le plus jeune président français de l’histoire. Son record de précocité ne s’arrête pas là : c’est également le plus jeune dirigeant du G20 et le plus jeune chef d’État élu démocratiquement, exception faite du micro-État de Saint-Marin.
Pourtant, le Mbappé de la politique n’a pas toujours fait carrière dans les hautes sphères étatiques. Sorti de l’École Nationale d’Administration (ENA) en 2004, il devient inspecteur des finances. En 2007, il est nommé rapporteur adjoint de la commission pour la libération de la croissance française (« commission Attali »). L’année suivante, il rejoint la banque d’affaires Rothschild & Cie, dont il devient associé-gérant en 2010.
Mais le transfert d’Emmanuel Macron, comme le numéro 7 du PSG, semblait inévitable. La même passion, mais pas le même maillot.
Son parcours politique ?
À la fin des années 1990, Emmanuel Macron rentre dans le monde de la politique par la petite porte. Tout juste sortie de son Centre de Formation, il part faire ses armes en prêt dans une équipe de seconde zone. Pendant près de deux ans, il milite ainsi au Mouvement des citoyens (MDC) de Jean-Pierre Chevènement, un parti définit comme une branche du socialisme. Puis, membre du Parti Socialiste de 2006 à 2009, il rencontre François Hollande, auprès duquel il s’engage à partir de 2010. Emmanuel Macron le soutient déjà lors de la primaire présidentielle socialiste. Un choix qui s’avère payant pour l’Amiénois puisqu’alors qu’Hollande remporte l’élection présidentielle en 2012, il devient secrétaire général adjoint de l’Élysée, en tandem avec Nicolas Revel.
Alors que le jeune homme divise, questionne et étonne par son tempérament « pas très à gauche », il choisit de s’accorder une pause en 2014 afin de cultiver ses projets personnels. Ligaments croisés, tu connais. Pourtant, deux mois plus tard, l’ambitieux Macron est de retour dans la sphère politique en étant nommé Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique sous le gouvernement Valls II. Virage social-libéral de l’exécutif ? Refonte politique ? Notoriété in(attendue) ? Toujours est-il qu’Emmanuel Macron exercera ses fonctions jusqu’en août 2016, date à laquelle il démissionne pour se consacrer totalement à son parti En Marche.
Accélération, frappe, virgule, petit pont : il est finalement élu président de la République le 7 mai 2017 avec 66,10% des suffrages externes contre 33,90% pour Marine Le Pen. Emmanuel Macron a su s’imposer dans un paysage politique à bout de souffle : dans son ouvrage Révolution publié en novembre 2016, il se présente à la fois comme un « homme de gauche » et un « libéral », « si par libéralisme on entend confiance en l’homme ». La suite, vous la connaissez : son mandat est un slalom périlleux entre crise des Gilets Jaunes, pandémie de Covid 19 et guerre russo-ukrainienne.
Quels projets pour la France ?
Maintenant au cœur des arrêts de jeu, le défi est de taille pour le président Macron : renouveler sa politique avec des idées neuves et défrichées. Ne pas s’enliser dans des polémiques qui pourraient nuire à sa réélection. Sortir de sa zone de confort tout en conservant les mesures qui ont fonctionné. Face au « retour du tragique », son projet repose sur « trois convictions philosophiques » : le « retour de la souveraineté populaire », la « confiance dans le progrès », à la fois technologique, scientifique et social, et enfin « l’humanisme ». Il s’agit de faire « des choix parfois historiques », à la fois pour la France et pour l’Union européenne.
- Concernant la souveraineté française et européenne, Emmanuel Macron souhaite réinvestir dans un « modèle complet d’armée », doubler le nombre de réservistes, mais aussi renforcer l’indépendance agricole en favorisant l’installation et l’accompagnement de jeunes agriculteurs, revoir la stratégie agricole européenne « de la ferme à la fourchette ». Face à la crise médiatique que traverse l’Hexagone, il souhaite invoquer des états généraux pour le droit à l’information, garantie d’un « modèle économique viable pour une information libre et indépendante ».
- Sur le volet fiscal, l’homme d’Etat espère établir un programme un programme chiffré à 50 milliards d’euros par an, et 15 milliards d’euros de baisse d’impôts, faire 15 milliards d’euros d’économies sur les coûts de fonctionnement des collectivités locales, et alléger le montant des droits de succession en ligne directe et indirecte (un neveu, par exemple).
- Coté travail et emploi, l’Amiénois aspire à repousser l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans, conditionner le RSA à une obligation de 15 à 20 heures d’activité par semaine en vue d’une insertion professionnelle, ou encore transformer Pôle Emploi en un « guichet unique » appelé France Travail.
- Enfin, d’un point de vue énergétique, Macron ambitionne de développer le nucléaire, l’éolien et le solaire. En plus de son projet de rénovation thermique de 700 000 logements, il souhaite également mettre en place des mesures incitatives, comme la mise en place d’un mécanisme de leasing de voitures électriques pour les ménages modestes.
À quelques semaines du premier tour, Emmanuel Macron apparaît dans les sondages comme le favori à sa propre succession. Le ballon est délicatement posé sur le point de pénalty, le stade retient son souffle. Reste à savoir s’il va réussir à dompter la pression avec une sublime panenka comme Zidane, ou alors succomber au poids de sa réélection avec un tir dévissé comme Mbappé…
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