Ce 9 février se déroulait la 92ème cérémonie des Oscars au théâtre Dolby, salle désormais mythique ayant été érigé spécialement pour l’occasion à l’hiver 2001, clôturant avec elle la belle et longue saison des remises de prix cinématographiques à travers le monde.
AND THE OSCAR GOES TO…
Il semblerait bon de rappeler avant tout le palmarès des vainqueurs des différentes catégories.
Meilleur film : Parasite par la société de production Neon
Meilleure actrice : Renée Zellweger avec Judy
Meilleur acteur : Joaquin Phoenix avec Joker
Meilleure actrice dans un second rôle : Laura Dern avec Marriage Story
Meilleur acteur dans un second rôle : Brad Pitt avec Once Upon a Time in Hollywood
Meilleur réalisateur : Bong Joon Ho pour Parasite
Meilleur scénario adapté : Jojo Rabbit de Taika Waititi
Meilleur scénario : Parasite de Bong Joon-ho
Meilleur film international : Parasite, Corée du Sud
Décor : Once Upon a Time in Hollywood
Montage : Ford v Ferrari par Andrew Buckland et Michael McCusker
Photographie : 1917 par Roger Deakins
Effets spéciaux : 1917
Costume : Little Women
Meilleur son : Ford v Ferrari
Montage sonore : 1917
Meilleure musique : Joker composé par Hildur Guðnadóttir
Meilleur documentaire : American Factory par le géant Netflix
Court métrage documentaire : Learning to Skateboard in a Warzone (If You’re a Girl)
Maquillages et coiffures : Bombshell
Meilleur film d’animation : Toy Story 4 par la société Pixar
Meilleur court métrage d’animation : Hair Love
Meilleur court métrage : The Neighbors’ Window
Meilleure chanson originale : « (I’m Gonna) Love Me Again » dans Rocketman, par Elton John et Bernie Taupin
L’ACADÉMIE PARASITÉ
Si la cérémonie est considérée comme étant la plus prestigieuse du 7e art, l’Académie, en charge de ces précieuses statuettes en or 24 carats, constituée du « haut du panier » du milieu n’a pas fait l’unanimité au fil des décennies. S’axant à l’origine de sa création sur les productions Hollywoodiennes, elle a trop longtemps manqué de diversité, peinant lourdement à récompenser les films étrangers, les films produits par des femmes ou encore ceux produits par des personnes non-blanches. En bref, les minorités au sens sociologique du terme prennent à l’évidence plein grade dans ce milieu génétiquement élitiste qu’est le cinéma. Mais à l’ère des réseaux où le progressisme trouve un tremplin, les quelques centaines de décideurs en charge de la cérémonie ne furent pas épargnés, créant un changement à l’aube de cette nouvelle décennie : la catégorie « Meilleur film en langue étrangère », existant depuis 1948, fut renommé en un plus modeste « Meilleur film international ». Synonyme potentiel de changement, la cérémonie ne sera effectivement pas oubliée de si tôt. C’est en effet à la surprise générale que, pour la première fois de l’histoire des Academy Awards, la récompense la plus prisée, à savoir l’Oscar du meilleur film, fut décerné à un film non-anglosaxon. Si le réalisateur sud-coréen Bong Joon-Ho pensait en avoir finit avec Hollywood à l’instant où il reçut le fameux sucre donné depuis tant d’années aux films étrangers (voir l’Oscar cité plus haut), la joie fut entière lorsqu’il dû ensuite remonter sur l’estrade pour accepter ses 3 autres récompenses à savoir celles du meilleur film, du meilleur scénario et du meilleur réalisateur. « A huge thank you » lança-t-il au public, avant de continuer son discours dans sa langue maternelle, pour parfaire l’esprit de la soirée. Cet instant historique fut de plus enjambée par d’autres jolies surprises. Effectivement, cette victoire pour les communautés étrangères aux États-Unis, ici donc la Corée du Sud qui produit pourtant depuis de nombreuses années des films incontournables, fut aussi cristallisé par l’Oscar remporté par le réalisateur, scénariste et acteur néo-zélandais Taika Waititi, en faisant le premier homme indigène a remporter un Oscar, pour le meilleur scénario adapté pour son dernier film, Jojo Rabbit.
PAS DE LIGNE D’ARRIVÉE POUR LE PROGRÈS
Et bien, oui. Si la victoire inattendu de Joon-Ho et Waititi fait sourire, elle ne doit pas symboliser la fin d’un empire sur ce domaine, car ce n’est pas encore le cas. Joaquin Phoenix en a d’ailleurs fait son cheval de guerre pour tous ses discours aux différentes remises de prix : de nombreux réalisateurs et aussi réalisatrices ont été oubliés dans cette compétition qui, ne l’oublions pas, demande beaucoup d’argent (car demande une excellente opération marketing avant tout) et aussi un excellent carnet d’adresse. Malheureusement, malgré la magie qu’il apporte, l’art n’efface pas les corrosions de la société. Nathalie Portman s’est d’ailleurs faite, une fois de plus, remarquée pour son message hier soir. Si l’actrice avait fait couler l’encre en 2018 lors des Golden Globes en présentant « tous les hommes nominés » (à comprendre, aucune femme nominée), elle s’est vêtue hier d’une cape Dior dont les reliures furent brodées des noms des femmes qui ne furent pas retenues pour la catégorie du meilleur réalisateur. Pour rappel, en 92 ans, seulement 5 femmes furent nominées pour ce titre. Parmi elles, une seule, Kathryn Bigelow, l’obtenu pour son film Démineurs en 2008. Si le geste de l’actrice de Léon peut être discuté, l’absence criante des femmes dans ce genre de compétition lui, ne l’est définitivement pas.
Jade Seneca
Étudiante en information communication et amoureuse du 7ème art. J’écris parfois, j’observe souvent. Jamais sans café et passion.
Contact : jadeseneca@gmail.com