Arrivé en tête dans les urnes, le parti conservateur social et démocrate prend la tête du pays ce dimanche 23 février. Avec près de 29% des voix, le parti de Friedrich Merz domine. En parallèle, l’industrie automobile allemande va mal. Quelles solutions le nouveau chancelier va-t-il proposer à ses plus gros employeurs ?
Ce dimanche 23 février, le verdict est tombé. L’Union conservatrice-socio démocrate CDU/CSU est arrivée en tête. Friedrich Marz, président de l’Union, est sur la bonne voie pour devenir le 10ème chancelier allemand et semble bien parti pour succéder à Olaf Scholz même si pour l’heure rien n’est sûr à 100%. Dans le même temps, l’industrie automobile allemande peine depuis plusieurs années à remonter la pente. Elle est la première industrie mondiale en production automobile et sort de ses lignes chaque année près de 6 millions de véhicules. En 2023, elle employait 770 000 personnes.
L’industrie automobile contribuait en 2021 à plus de 11% du PIB allemand. Depuis le Covid, le secteur traverse une crise. Néanmoins, il reste le moteur central de l’économie allemande. Septembre 2024 : Volkswagen annonce fermer deux usines et supprimer des milliers d’emplois. C’est la douche froide. Depuis le Covid et maintenant l’arrivée de nouveaux acteurs chinois, l’industrie automobile n’a pas réussi à se relever.
Un appel à l’aide
Avec l’arrivée de ce nouveau gouvernement, le secteur automobile attend beaucoup. L’ensemble du secteur automobile allemand va très mal. C’est l’industrie la plus en difficulté dans le pays. Le groupe Volkswagen, premier employeur du pays, est dans une situation critique. Le groupe de Wolfsburg aimerait faire 10 millions d’euros d’économies. Pour cela, sa marque mère avait annoncé licencier 35 000 employés et fermer deux usines : une première historique pour le constructeur dans le pays ! IG Metall, un des syndicats les plus puissants, a convaincu la marque de revenir sur ses annonces. Il a été convenu de réduire la cadence de production de ses usines et de ne pas procéder à des licenciements immédiats. Toutefois, les 35 000 postes disparaîtront bien. Ces départs seront étalés jusqu’en 2030.
Ce n’est pas aussi tout rose chez Audi. Le constructeur premium a prévu 4 500 postes en moins dans son département « développement » à cause de la simplification des chaînes de production des voitures électriques. Et Porsche n’est pas en reste : 4,5% de son effectif va lui aussi partir progressivement jusqu’en 2030. Toutes ces économies du groupe de Wolfsburg témoignent de la crise économique du secteur automobile dans le pays.
Les groupes BMW et Mercedes sont dans la même tourmente. Les deux marques ont perdu une grande partie de leur chiffre d’affaires dû à l’arrivée de nouveaux concurrents sur le marché de la voiture électrique, notamment des acteurs chinois. Que ce soit en Europe ou en Chine, les deux constructeurs ont perdu près de 20% de chiffres d’affaires (15% environ pour BMW et 5% pour Mercedes).
Le groupe bavarois a aussi dû financer une campagne de rappel pour remplacer des systèmes de freinage IBS défectueux développés par Continental : 1,5 million de véhicules rappelés. Le coût est estimé à plusieurs centaines de millions d’euros. Quant à la marque à l’étoile, elle a annoncé quelques jours avant les élections réduire sa cadence de production en Allemagne… pour l’augmenter en Hongrie. Pour faire simple, Mercedes cherche à faire des économies au vu de ses résultats moins bons en 2024. La firme assure cependant garder toutes ses équipes déjà en place.
Enfin, Ford supprime des postes sur ses sites en Allemagne : près de 2 900 emplois sont menacés. La marque américaine accuse le gouvernement allemand de faire baisser les ventes après le retrait du bonus écologique en Allemagne. Les équipementiers auto sont aussi dans le rouge. Bosch, Continental et ZF Friedrichshafen ont tous annoncé la suppression de milliers de postes. En tout, près de 30 000 emplois sont déjà ou vont être supprimés.
La faute à qui ?
Ces dernières années, l’arrivée de constructeurs chinois en Europe ont véritablement accru la concurrence. Les véhicules électriques venus de tout horizon sont tous sur le même piédestal. Un comble pour les marques allemandes qui voient leur image d’auto de qualité se faire piétiner. En octobre 2024, l’Union européenne décide d’adopter un nouveau règlement qui permet de taxer jusqu’à 35% les modèles électriques chinois importés chez nous, contre 10 auparavant.
Cette mesure protectionniste, vue par la Chine comme de la concurrence déloyale, pourrait mettre à mal les relations des constructeurs allemands avec le marché chinois. Les ventes du groupe Volkswagen, de BMW et Mercedes qui ont déjà perdu en vitesse sur ce marché, pourraient encore chuter alors que le Céleste Empire constitue une grande source de revenus. Volkswagen a notamment dénoncé « une mauvaise approche » de l’UE.
La Chine n’est pas le seul souci. La demande de véhicules neufs s’est amoindrie au niveau mondial. Les usines ne produisent plus autant qu’avant. Certaines usines ont vu leur cadence ralentie. Volkswagen, qui devait fermer deux usines cette année, s’est mis d’accord avec ses syndicats pour plutôt ralentir d’un quart le rythme de production dans ses usines.
Malgré des investissements colossaux dans la voiture électrique, les ventes ne décollent toujours pas assez. Certains pays européens ont retiré les bonus écologiques. L’Espagne, la Suède ou encore l’Allemagne ont décidé de les retirer pour concentrer ses investissements autre part. Les véhicules électriques allemands perdent alors en côte auprès des consommateurs.
Après la pluie vient le beau temps ?
C’est ce qu’espèrent les acteurs du secteur. L’Union CDU/CSU supporte l’industrie automobile et d’après leurs dires, il est urgent de sauver le secteur. L’Allemagne tout entière est menacée.
L’économiste du parti CDU Jens Spahn a interpellé l’Europe en septembre sur ses mesures discriminantes concernant le calcul des taux d’émissions de CO2 des véhicules. Il critique le fait que les voitures électriques reçoivent un taux positif alors qu’elles sont la plupart du temps rechargées par des moyens polluants. Il faudrait réévaluer les normes d’émission de CO2 de tous les modèles, thermiques et électriques, afin de pouvoir réellement se rendre compte de la pollution générée indirectement par la recharge.
Le parti politique souhaite aussi revenir sur la décision de l’UE de ne plus vendre de véhicules thermiques dès 2035. L’Allemagne compte beaucoup sur son industrie automobile diesel et essence reconnue pour sa qualité depuis des années dans le monde entier. L’Union souhaite également que l’Europe laisse plus de temps à l’Allemagne pour que ses entreprises se convertissent à l’électrique. Par la même occasion, le parti demande la suspension de l’amende prévue pour les constructeurs allemands par l’Europe en 2025.
Le parti n’est pas contre les voitures électriques. Elle en encourage même l’utilisation seulement si ces voitures sont fabriquées en Allemagne. Markus Söder, président du CSU, annonçait en septembre être favorable à l’instauration d’un bonus écologique s’il n’est que sur les véhicules assemblées dans son pays. En faisant cela, il souhaite stimuler la demande de véhicules électriques et faire tourner de nouveau à plein régime ses usines.
Enfin, le nouveau parti souhaite réduire les charges sur les entreprises. En réduisant le taux d’impôts sur les sociétés de 30 à 25%, le parti politique espère stimuler l’innovation et les investissements dans le secteur automobile.
Un espoir pour l’industrie automobile… qui n’est pas pour tout de suite
Si cette élection se révèle être un espoir pour l’industrie automobile, les mesures ne verront pas le jour de sitôt. Le parti de Friedrich Merz doit former une coalition au Bundestag (l’Assemblée allemande) afin de pouvoir gouverner. L’hypothèse d’une coalition avec l’extrême-droite, l’AfD, a été écartée par le chef de parti.
Le scénario le plus probable serait une coalition avec le SPD, le parti d’Olaf Scholz, qui constituerait une majorité absolue. Reste à voir si les mesures proposées par le parti conservateur seront remises en cause ou non par le parti sortant.
En attendant de son côté, Friedrich Merz, presque sûr d’être nommé chancelier d’Allemagne pour ce 10ème mandat, a annoncé à la télévision allemande vouloir former son gouvernement avant Pâques. Affaire à suivre.
Esteban Garat
Crédit : Esteban Garat

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