Clap de fin pour Jean-Paul Gaultier

Retour sur 50 ans de carrière qui ont marqué l’histoire de la mode.

 

Une page se tourne pour la maison Gaultier qui a décidé d’offrir, mercredi 22 janvier dernier, son dernier show de prêt-à-porter. L’enfant terrible de la mode, surnommé ainsi dans le milieu, a profité de ses 50 ans de carrière pour inviter ses muses les plus iconiques. De Gigi Hadid à Dita Von Teese, en passant par Iris Mittenaere, son défilé était sûrement « THE PLACE TO BE » : l’occasion pour Jean-Paul Gaultier de faire ses adieux au catwalk parisien et pour nous de revenir sur les moments forts de sa carrière …

 

Dernier show (i)conique 

Véritable spectacle de sons et lumières, le moins que l’on puisse dire c’est que ce dernier défilé Haute Couture restera inscrit dans les annales. À l’affiche du show : corsets, plumes, porte-jarretelles, sans oublier l’incontournable marinière ; autant de détails qui ont fait le succès de la marque. Pour incarner la silhouette Gaultier, rien de tel que de faire appel à d’anciennes muses et mannequins qui avaient fait sensation auprès du public. C’est alors sans surprise que l’on a retrouvé Iris Mittenaere, ancienne Miss Univers 2016, Dita Von Teese, ancienne meneuse de revue, Kiddy Smile, chanteur, ainsi que des mannequins de profession comme Gigi Hadid ou encore Karlie Kloss et bien d’autres personnalités qui l’ont inspiré tout au long de sa carrière. Acclamé par la foule et entouré de rires et de sourires, Jean-Paul Gaultier a clôturé en beauté ses 50 années de carrière. Certes une page se ferme, mais ce n’est que le début d’une nouvelle histoire : celle d’une icône qui s’envole vers de nouvelles aventures. 

 

Rétrospective de 50 ans de carrière : Du petit garçon né à Bagneux, au styliste affirmé…

Initié dès son plus jeune âge à la couture par sa grand-mère, Jean-Paul Gaultier était animé par la seule envie de créer des vêtements atypiques, bien loin de tout cliché et snobisme parisien. D’abord refusé par la maison Yves Saint Laurent, il n’a pas pour autant mis de côté ses rêves et ambitions, puisqu’il a travaillé chez Jean Patou et Pierre Cardin. Mais rapidement, il s’est mis à entreprendre seul.

Bien qu’il qualifie son premier défilé de « raté », il n’en était pas moins avant-gardiste sur sa vision de la mode du XXIème siècle. Il reproposera ce même look en 2006, look auquel peu de personnes n’avaient voulu croire à l’époque.

 

 

Ce n’est pas pour rien que Jean-Paul Gaultier est qualifié d’icône de la mode dans les années 1980, puisqu’il a bousculé les codes vestimentaires, notamment en mélangeant les genres, les sexes, les époques et les catégories sociales. Il est et restera là où on ne l’attend pas. En 1983, Gaultier invente (ou plutôt remet au goût du jour après Coco Chanel), la fameuse marinière, une des premières pièces unisexes. En 1985, il va encore plus loin en créant l’homme en jupe lors de son défilé « une garde-robe pour deux ». Entre scandales et sensations, le couturier voulait casser les codes autour de la virilité, d’ailleurs il pense que « la virilité est une question de personnalité plus que de vêtements ». Dans la même foulée, il sort une gamme de maquillage masculine en 2003, parmi laquelle on retrouve un crayon khôl.

 

 

La carrière de Jean-Paul Gaultier a été marquée par des rencontres et pas n’importe lesquelles, puisqu’entre Madonna et le couturier, ce fut un véritable coup de foudre amical. Il l’habillera pour sa tournée Blond Ambition Tour, avec le fameux corset rose saumon satiné aux seins pointus. Cette pièce rimant tant avec féminité érotisée qu’exacerbée, a permis une certaine libération du corps des femmes.                     Madonna l’a également accompagné lors d’un défilé caritatif en 1992. L’anecdote raconte qu’elle a retiré sa marinière qu’elle portait sous sa salopette et que résultat, plus de 750 000 dollars ont été récoltés pour l’association. Quelle audace !

 

D’autres personnalités ont été invitées par le petit frenchie. Pour son défilé printemps-été 2011, il s’agit de la chanteuse Beth Dito. Qui de mieux pour incarner une collection déclinée du XXS au XXL que cette femme rock et sulfureuse ? Jean-Paul Gaultier ne s’arrête pas là. En 2013, il ose fouler le catwalk aux côtés de Nabilla, figure emblématique de télé-réalité, qui s’oppose en tous points à l’élégance de la Haute Couture. La même année défile Conchita Wurst, drag queen barbue, de quoi en faire parler plus d’un(e)s… Et alors ?

 

 

Jean-Paul Gaultier a toujours cherché des personnalités uniques pour incarner ses créations. Il a en quelque sorte révolutionné l’univers de la mode, en faisant défiler des femmes en surpoids, enceintes ou des candidates de télé-réalité. Dans les années 1980, il passe même une petite annonce dans le journal Libération : « Créateur non conforme cherche mannequins atypiques. Gueules cassées ne pas s’abstenir ».

 

La carrière de ce couturier a également été rythmée par de nouveaux challenges, comme celui d’être directeur artistique de la maison Hermès de 2004 à 2010. Énorme défi ? Certainement pas pour Jean-Paul Gaultier, qui a réussi à mixer classicisme et rock’n’roll attitude. 

 

 

Enfin, ce qui qualifie certainement le mieux Jean-Paul Gaultier, c’est son engagement dans les débats sociétaux. Et, c’est pour cela qu’en 2018, il renonce à la fourrure animale, un geste qualifié de « fort » par les associations de protection animale.

 

Depuis ses débuts, Jean-Paul Gaultier n’a cessé de nous surprendre par son imagination, ses mannequins atypiques, son mélange de genres et de sexes, preuve en est avec des pièces incontournables comme la marinière unisexe ou les jupes. Avec toujours un train d’avance, il s’est inscrit comme un couturier emblématique de la mode du XXème et XXIème siècle. Bien que ses shows vont nous manquer, une chose est sûre, il nous tarde de découvrir ses nouveaux projets. 

 

Pauline KUHNMUNCH

 

Crédits photos : LAURENT VU/SIPA / Imaxtree / Getty Images / Sean Kardon/AP/SIPA / Abaca / UKAJLO FREDERIC/SIPA / PIERRE VERDY/AFP/Getty Images.

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Pauline Kuhnmunch

Étudiante en double licence information-communication et LLCER anglais, je rêve de devenir rédactrice mode. Alors, entre deux partiels, j'écris et je lis la presse féminine...