ChatGPT : une révolution technologique qui inquiète

ChatGPT : une révolution technologique qui inquiète

Ces dernières années, le domaine de l’intelligence artificielle (IA) est en plein essor. Utilisée dans les secteurs industriels, publicitaires et bancaires, elle s’insère maintenant un peu plus dans notre quotidien avec le lancement de ChatGPT en novembre 2022.

 

L’agent conversationnel est l’œuvre de l’entreprise OpenAI, fondée en partie par Elon Musk et maintenant dirigée par Sam Altman. Son PDG assure qu’il s’agit d’une révolution technologique sans précédent, allant même jusqu’à la comparer à l’invention des ordinateurs. Les possibilités offertes par le logiciel sont en effet extrêmement vastes, il suffit de s’y aventurer pour s’en rendre compte. Communiqués de presse, dissertations ou même contes pour enfants, il suffit simplement d’une demande bien formulée pour que l’IA s’exécute.

Mais ces promesses infinies éveillent peu à peu un sentiment de méfiance chez certains. Les premiers lanceurs d’alerte se font entendre, motivés par la crainte de voir notre vie se transformer en un film de science-fiction qui tournerait à la catastrophe. Alors quelles inquiétudes se font ressentir aujourd’hui ? Qui sont les sceptiques, les accusateurs ?

 

L’avis des utilisateurs

Bien évidemment, les premiers concernés par l’arrivée de ChatGPT sont les utilisateurs. Au vu des statistiques, l’IA semble déjà avoir conquis un large public. En février 2023, ce sont plus de 100 millions d’internautes qui se sont déjà connectés à la plateforme. Le potentiel de création et l’efficacité de ChatGPT ont charmé un nombre considérable de visiteurs. Selon les chiffres de SimilarWeb, 62% des visiteurs du site de OpenAI, qui permet d’accéder à ChatGPT, sont âgés de 18 à 34 ans. L’utilisation que chacun en fait varie en fonction du profil de l’internaute et de ses intentions. Des simples lycéens curieux aux chercheurs diplômés, ChatGPT s’est construit une réputation à une vitesse record

En examinant les retours et commentaires des utilisateurs, on s’aperçoit que ce qui plaît, c’est en partie le mode de fonctionnement du logiciel. L’aspect conversationnel de la plateforme, qui se présente comme une boîte de dialogue entre humain et intelligence artificielle, a réussi à produire chez certains une forme d’attachement à la machine qui leur répond. C’est ce qui fait de ChatGPT un outil dépassant la barre de recherche. Ses réponses s’apparentent au langage humain et recréent le contact d’une relation amicale. 

Cependant, beaucoup s’inquiètent de l’utilisation des données personnelles par l’entreprise OpenAI. L’utilisation du logiciel est gratuite, mais nécessite de renseigner une adresse mail, un nom complet et un numéro de téléphone. 

OpenAI ne s’en cache pas, le fonctionnement de ChatGPT repose sur l’utilisation des données recueillies lors des échanges avec l’intelligence artificielle. Ces données sont ensuite utilisées pour améliorer l’IA et proposer des recommandations personnalisées. Dès la première utilisation, un message de mise en garde s’affiche : « Les conversations peuvent être examinées par nos formateurs d’IA afin d’améliorer nos systèmes. Veuillez ne pas partager d’informations sensibles dans vos conversations. »

C’est alors que se pose la question du biais : comment l’information peut-elle être objective si elle s’adapte aux profils des utilisateurs ? 

 

L’intelligence artificielle, amie ou ennemie de la science ?

ChatGPT étant une IA de type « générale », elle touche à tous les sujets, y compris les domaines poussés de la médecine ou de l’informatique. Si la demande est bien renseignée, le logiciel est donc capable de produire un article scientifique, une thèse de doctorat ou encore un protocole expérimental. Du moins ce qui s’y apparente. C’est là qu’interviennent les professionnels, rappelant les limites de ChatGPT.

Sur le papier, le logiciel peut être capable de répondre correctement à des questions d’examens en médecine, comme cela a été le cas lors d’expérimentations aux Etats-Unis. Mais le problème le plus évident reste celui des sources : ChatGPT ne précise jamais la provenance de ses informations. Sans la source ni l’esprit critique, on peut arriver à la production de réponses incomplètes, voire biaisées. Malgré tout, certains pensent aussi que bien régulée, l’IA pourrait être de grand utilité notamment dans la médecine pour suivre des patients atteints de maladies cognitives.

Il semble cependant nécessaire d’avoir la capacité de contrôler une telle révolution technologique. La question juridique se pose alors. La Commission Européenne est en train de travailler en ce moment sur un projet de loi visant à réguler l’intelligence artificielle

Dans le domaine universitaire, ChatGPT inquiète par les possibilités de triche qu’il offre aux étudiants. L’université de Stanford en Californie a réagi rapidement en lançant en janvier son outil DetectGPT. Ce logiciel serait capable de différencier un texte produit par un humain d’un texte produit par un langage artificiel. Il a été prouvé efficace à 95% mais doit s’adapter aux fréquentes mises à jour de ChatGPT. En France, Science Po quant à lui menace d’exclure les étudiants qui auraient recours au logiciel d’IA.

 

Des métiers en voie de disparition ?

Inévitablement, l’apparition d’une nouvelle technologie risque de menacer certaines professions. Tout comme l’invention de l’imprimerie qui avait mis fin à la longue tradition des moines copistes, ChatGPT peut signifier le bouleversement de certains secteurs d’activités. Le service client, par exemple, pourrait désormais être pris en charge par ce genre de technologies capables de fournir des solutions claires et rapides à des soucis techniques.

Mais l’IA ne va pas nécessairement remplacer ces professions en totalité, elle peut simplement en supprimer les tâches pénibles. L’exécution de certaines fonctions humaines par ChatGPT n’est donc pas forcément une mauvaise chose ; le débat reste ouvert.

D’un autre point de vue, la publication de plus de 200 livres rédigés par ChatGPT inquiète la communauté des auteurs. C’est en effet un phénomène qui prend de l’ampleur via la boutique de livres en ligne d’Amazon, Kindle. Plusieurs romans de toutes catégories ont déjà été vendus, et les réactions sont vives. Est-ce la fin des écrivains ? 

En réalité, ChatGPT le rappelle lui-même, L’IA ne possède pas les capacités nécessaires pour remplacer complètement le métier. Elle a beau être capable de générer des textes cohérents et engageants, elle ne possède par la créativité et l’imagination d’un vrai auteur. Elle se repose uniquement sur des données et des modèles préexistants qui ne permettent pas de générer de la littérature réellement originale et impactante. 

Plus inquiétant cependant, les métiers de la traduction pourraient être impactés par l’essor de l’intelligence artificielle. En effet, ChatGPT propose des traductions exactes dans près de 100 langues différentes qui dépassent largement le niveau de qualité offert par d’autres traducteurs en ligne.  

La création de ChatGPT a donc irréversiblement lancé l’ère des IA du quotidien. La concurrence commence déjà à se manifester avec le lancement prochain de Google Bard, technologie dérivée du même modèle de langage que ChatGPT.

 

Crédits photo : Tara Winstead via Pexels

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