Plumes colorées, paillettes, samba, musique effrénée…. Voici la recette secrète du Carnaval de Rio dont la réputation n’est plus à faire. La renommée de cet événement de taille a fait le tour du globe et ce depuis déjà plusieurs années. A l’occasion de cette célébration, les touristes affluent en masse dans la métropole brésilienne pour cinq jours de festivité et de spectacles. Il est notamment considéré comme la fête la plus joyeuse et festive du monde. Le carnaval de Rio s’identifie pleinement dans la culture et la tradition brésilienne. Le défilé des écoles de Samba sur le Sambodrome au cœur de la ville a notamment participé à sa notoriété. Cet événement mondial unique est une expérience inoubliable pour laquelle bon nombre de personnes traversent le globe !
Le carnaval de Rio à ses débuts
Contrairement aux idées reçues, le Carnaval de Rio tire ses racines de la culture européenne. Ses origines remontent à la moitié du XVIII lorsque les colonies portugaises souhaitaient faire perdurer la tradition de l’« Entrudo » portugais. Importée au Brésil, cette fête « sauvage » était l’occasion pour la population de se lancer de la farine, de la peinture, de l’eau, des œufs… Il faut cependant attendre 1820 et l’influence française pour que le premier bal du carnaval de Rio ait lieu. Puis en 1917 est introduite une fameuse danse latine… En effet, aujourd’hui, Carnaval de Rio rime avec samba. Que serait l’un sans l’autre ? Au travers de cette danse, les brésiliens y voient une entité nationale et un sentiment d’identité propre au pays. On assiste alors à la naissance des ancêtres des écoles de Samba, les cordões (cordons) qui se multiplient à vitesse grand V dès le début du XIXème siècle. En 1906, le journal « Gazeta de Noticias » organise le premier concours opposant ces écoles qui fait aujourd’hui la renommée de cette fête. L’événement a également reçu l’influence africaine qui a inspiré les costumes conçus à partir de plumes, d’os, de couleurs… et apporté les tambours et la danse. Toutes ces caractéristiques ont traversé les époques pour faire du Carnaval ce qu’il est aujourd’hui, c’est-à-dire un spectacle festif s’étendant sur les cinq jours précédant le mercredi des cendres qui marque le début du carême.
Le programme de cet événement d’envergure
Les festivités commencent avec la cérémonie d’ouverture accompagnée de la remise de la clé symbolique de Rio de Janeiro par le maire de la ville au Roi Momo. « Je décrète la joie ! » Ce personnage récurrent lance le coup d’envoi du Carnaval durant lequel il va devoir trouver sa reine sur des critères de beauté et de talent en tant que danseuse de samba. Le plus grand spectacle à ciel ouvert au monde commence alors sous un soleil d’été ! Les jours suivants, des parades sont organisées dans les rues où le Carnaval bat son plein. Des bals publics sont organisés dans chaque quartier de la métropole qui revêt un costume tout en paillettes, couleurs et plumes.
Si déambuler dans la ville est déjà une expérience unique, attendez les troisième et quatrième jours durant lesquels les 12 meilleures écoles du Samba du pays vont défiler dans le Sambodrome. Sous l’œil aguerri de 40 juges, elles vont tenter de remporter le titre tant convoité de meilleure école de samba du Brésil. Chaque école choisit un thème qui lui tient à cœur et crée tous les costumes, les chars, la danse, la musique autour de celui-ci.
Le Sambodrome, aussi appelé la « Passerelle de Samba », long de 720 mètres, est le lieu phare du Carnaval de Rio de Janeiro. Il a été construit en 1984 par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer. Pour prendre place dans cette « arène » où s’affrontent danseurs, percussionnistes et chanteurs, les 72 500 spectateurs payent le prix fort. En effet, certaines places en tribune se vendent à plusieurs milliers d’euros. Le coût de cet événement pourrait faire perdre la tête à plus d’un ! La beauté des défilés à un prix : elle se chiffre à 4 millions d’euros ! Les parures sont confectionnées avec soin et précisions, les chorégraphies sont répétées durant des mois et les musiques jouées d’innombrables fois afin d’atteindre une certaine perfection. Parmi les costumes, certains peuvent peser jusqu’à 40 kilos ! Derrière leurs sourires, les danseurs réalisent un effort physique de taille.
La grande championne de l’édition 2019
La grande école gagnante de cette édition 2019 est l’école Mangueira, une des plus anciennes et traditionnelles écoles brésiliennes de samba, fondée en 1928. Elle servit d’exemple pour de nombreuses écoles qui commencèrent alors à attirer les plus grands talents dans leur troupe de danse et de musique. Le Carnaval de Rio de Janeiro 2019 s’est tenu du 1er au 5 mars, journées durant lesquelles les couleurs vert et rose, caractéristiques de l’école, ont été arborées sur le Sambodrome. Ce vingtième titre vient ainsi s’ajouter à leur impressionnant palmarès. Cette année, leur thème portait sur les héros oubliés et mis de côté de l’Histoire comme les grandes figures de la résistance noire et indienne. Ils ont également mis à l’honneur « la dictature assassine » du nouveau président brésilien, Jair Bolsonaro, en fonction depuis ce début d’année. Plusieurs écoles avaient décidé de faire passer des messages politiques comme Salgueiro qui a arboré des drapeaux arc-en-ciel, couleurs de la communauté LGBT pour finir leur défilé sur une mini-manifestation. En effet, le chef d’état brésilien est coutumier des déclarations racistes, machistes et homophobes.
Le Carnaval 2019 a été un carnaval contestataire. Qu’en sera-t-il de l’édition 2020 ?
Léandre BOUFFARD
Crédits photo : Yasuyoshi Chiba /Charlotte Gonthier / Le Monde/ Tomaz Silva
Etudiante en double licence Info com / LLCER Espagnol et spécialisée dans la rubrique International.