Asphyxiés par le terrorisme et un gouvernement instable, les habitants du Burkina Faso ont assisté pour la deuxième fois en huit mois à un putsch mené par une junte militaire. Un tour de force effectué sous fond d’une forte hostilité de la population face à la présence française dans la région. Les Burkinabés prônent désormais un rapprochement avec la Russie, d’ores et déjà implantée militairement dans le pays.
Un pays terrorisé
Si le Burkina Faso ( « La patrie des hommes intègres » en français.) de Thomas Sankara était une nation portée vers la démocratie et le progrès, son assassinat il y a 35 ans a plongé le pays dans une longue période d’instabilité politique. La succession de gouvernements éphémères a permis aux groupes terroristes de la région de diffuser leurs idées sur les cendres d’un pays consumé par l’insécurité et la corruption. Ainsi, depuis 20 ans, le terrorisme gangrène le nord du pays, véritable zone refuge pour les groupes armés du Sahel. Le pays est depuis touché par de nombreux attentats, faisant grandir une immense colère au sein de la population. Ainsi en janvier 2022 une mutinerie militaire place Paul-Henri Sandaogo Damiba à la tête du pays, promettant d’offrir aux Burkinabés une plus grande sécurité.
Huit mois après son accession au pouvoir, le président Damiba se trouve dans l’obligation de devoir gérer de nombreuses crises, dont le massacre de Seytenga, une ville proche des régions sous influence terroriste, dans laquelle au moins 86 personnes ont été assassinées par l’État islamique. Cet événement va énormément choquer les Burkinabés, et se traduire par un nouveau coup d’État, mené par les hommes de Damiba, le jugeant inapte au poste de la présidence. Ainsi, le 30 septembre dernier, Ibrahim Traoré, meneur des putschistes, accède au rôle de président du Burkina Faso, le temps d’une période de transition.
Le coq émissaire
Attisés par une haine contre le gouvernement de Paris soutenue par les différents putschistes, les habitants de la capitale burkinabée s’en sont pris à l’ambassade de France de Ouagadougou. Arborant pour certains des drapeaux russes, ils appellent au départ des soldats français du territoire, au profit des troupes Wagner, les mercenaires de Moscou. En effet, suite à un appel à l’aide du Mali, le gouvernement Hollande avait déployé des troupes françaises dans la région afin de lutter contre l’expansion des groupes terroristes dans le Sahel. Seulement, suite aux accusations du nouveau gouvernement malien contre la France, d’armées de groupes djihadistes dans la région, de la prolifération de théories du complot et de fake news dans le pays et d’un comportement jugé colonialiste et néfaste, la population burkinabée voit la France comme la cause principale des problèmes sur son territoire. Ainsi, de nombreuses tensions éclatent et le retrait des soldats français est vécu comme un soulagement pour une grande partie de la population. Voyant cela comme une grande opportunité, la Russie, déjà implantée au Mali et en Centrafrique, se rapproche de plus en plus de ces juntes militaires au pouvoir et semble être parvenue à se substituer à l’influence française, autrefois enracinée dans le pays. Paris acculé, accuse Moscou d’attiser une haine anti-française dans le pays et dans la région du Sahel.
Futur reporter.