À 27 ans, Antoine Dupont n’en finit plus d’épater le monde entier. Après la désillusion subie en quart de finale de la dernière Coupe du Monde face à l’Afrique du Sud, le Français décide de se lancer dans le rugby à VII dans l’objectif de disputer les Jeux Olympiques cet été à Paris, dans son pays. Le 3 mars dernier, il permet à l’équipe de France de remporter le tournoi de Los Angeles, une première depuis 2005. Retour sur son intégration express dans le circuit mondial du rugby à VII.
Après un accord trouvé avec son club, avec qui il a tout gagné (3 titres de champions de France et 1 de coupe d’Europe), le demi de mêlée du Stade Toulousain décide de donner un nouvel élan à sa carrière internationale, le temps d’une compétition particulière à ses yeux. Il veut disputer les Jeux Olympiques, son rêve de toujours : « Pour tous les fans de sports, les JO, c’est mythique […] pouvoir recevoir cet événement sportif en France, ça va être une fête incroyable. Pouvoir en faire partie et prétendre à une médaille olympique, c’est un challenge hyper motivant. », rapporte-t-il dans un entretien accordé au Parisien.
Le 23 février dernier, Antoine Dupont participe à son premier tournoi de rugby à VII à Vancouver (Canada). Le neo-septiste est décisif lors du troisième match contre l’Australie (31-5), en inscrivant son tout premier essai. Il contribue de près à la qualification des tricolores avec un essai remarquable, qui permet à la France de décrocher son billet pour le dernier carré. En demi-finale, les Bleus s’inclinent sur le fil face à la Nouvelle-Zélande (28-26). Suite à ce revers, ils parviennent à relever la tête et décrochent la médaille de bronze contre les Etats-Unis sur un score écrasant (12-42). Un premier tournoi encourageant pour les débuts tant attendus de l’international français. A noter qu’à l’issue du tournoi, Antoine Dupont est le seul joueur français à faire partie de l’équipe type de la compétition. De bon augure pour la suite.
Une adaptation éclair
L’arrivée d’Antoine Dupont sur la planète du rugby à VII a suscité de nombreuses réactions. Le demi de mêlée a troqué son fameux numéro 9 pour le numéro 25, mois de naissance de sa mère et de son frère nés en février (2) et en hommage à son père, décédé en janvier dernier, qui était né en mai (5). Il est remplaçant, lui qui n’a pas l’habitude de l’être souvent, mais voit son temps de jeu progresser au fil des matchs. Très vite, il répond aux attentes placées en lui et aux exigences du rugby à VII. Pour cause, il a déjà inscrit 6 essais en 12 matchs. Remarquable pour un joueur qui découvre la discipline, compte tenu des différences majeures entre les 2 sports¹, avec des espaces plus nombreux, l’enchaînement des matchs (plusieurs dans la même journée) et un timing énergivore (deux mi-temps de 7 minutes).
Aussi bien sur les pelouses de Top 14 qu’à l’autre bout du monde, Dupont reste égal à lui-même. Des percées dans les défenses adverses, cadrages débordements², crochets, raffuts³, essais de tous les côtés, une défense acharnée… le Français n’a pas changé. Il dévore toujours autant les espaces et présente un physique particulièrement affûté, qui met à mal ses adversaires. Antoine possède le profil parfait pour briller à VII. Son coéquipier en équipe de France à XV et ancien joueur de l’équipe de France à VII, Gabin Villière témoigne lors d’une interview pour Rugbyrama : « C’est difficile d’être inquiet pour lui, soyons honnêtes. Déjà, il est demi de mêlée à quinze donc il possède une endurance plus élevée que la moyenne. C’est un très gros défenseur, alors sur les un contre un, il tiendra la baraque. »
Un premier succès probant
Dans le cadre de la préparation aux JO de Paris, Dupont dispute un second tournoi international à Los Angeles, du 1er au 3 mars 2024. Il est observateur et fait preuve de pudeur auprès de ses coéquipiers : « Pour le moment, je ne me sens pas trop légitime d’avoir une ovation […] moi c’est mon premier donc je vais rester humble pour le moment et apprendre […] je suis le groupe, il y a des mecs expérimentés, le staff est expérimenté aussi donc je leur fais confiance pour me mettre dans les meilleures conditions. ».
« L’effet Dupont » est en action. Pour son deuxième tournoi, le Toulousain réalise des performances majuscules et exprime son talent, notamment lors de la demi-finale face à l’Irlande (26-24), où il inscrit l’essai de la victoire sur une percée de 60 mètres, effaçant ses adversaires un par un. Au terme du tournoi, Dupont inscrit 3 essais, dont 2 en phases finales. Le demi de mêlée est satisfait et décroche ainsi sa première médaille sur le circuit mondial : « Quand je me suis engagé dans ce projet olympique, c’était pour aller chercher une médaille, évidemment de cette couleur ». Un succès prometteur à 4 mois des Jeux Olympiques.
« On veut faire quelque chose de grand »
Ce sont les mots de « Toto »⁴ après le succès des Bleus à Los Angeles. Le 4 Français est remonté à bloc après une confiance retrouvée au côté de ses nouveaux coéquipiers. À présent, il souhaite emmener sa nouvelle équipe vers le sacre ultime, celui des Jeux Olympiques.
Grâce à son arrivée dans le monde du rugby à VII, Antoine Dupont a mis une lumière considérable sur un sport jusqu’alors méconnu du grand public. Son impact est déjà visible. Les audiences grimpent en flèche, pour voir les exploits de la nouvelle coqueluche du rugby à VII.
Avec son expérience des grands matchs, nul doute que le « Ministre de l’intérieur »⁵ fera preuve de fulgurances sur les pelouses olympiques, avec les Français et les fans du monde entier qui pousseront derrière lui et les siens pour tenter d’aller décrocher la médaille d’or, ce qui constituerait une première dans l’histoire du sport français.
Enzo Neveu
¹ Rugby à VII et rugby à XV
² Lorsque le joueur en possession du ballon prend à contre-pied son adversaire pour ensuite le déborder en accélérant
³ Technique où le porteur du ballon va repousser avec sa main libre son vis-à-vis
⁴ Surnom donné au Français par ses coéquipiers (diminutif de son prénom)
⁵ Autre surnom donné par les experts du rugby, du fait de son placement parfait à l’intérieur du porteur de balle
Crédits photo : Rugbynfo