9 : c’est le nombre maximum d’airbags qui peuvent équiper les voitures actuelles. Ces coussins gonflables ont drastiquement permis de diminuer la mortalité sur les routes. Mais ce n’était pas sans compter sur la part de l’entreprise Takata…
Citroën dans le collimateur
Novembre 2023 : un conducteur meurt à cause de son airbag à bord de sa Citroën C3 à Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées. Après de multiples alertes de la part des autorités depuis 2020, le constructeur conçoit enfin l’ampleur du problème. 15 personnes ont perdu la vie dans des voitures équipées d’airbags Takata dont 14 dans des départements d’outre-mer depuis 2016. Citroën décide d’envoyer à tous les propriétaires de C3 et DS3 des lettres « stop-drive » en demandant à leurs clients de ne plus conduire leur véhicule. En faisant cela, la marque a pour l’heure déjà changé 400 000 airbags pour les propriétaires en Europe du Sud. Malgré cela, les propriétaires et les victimes se plaignent. Pour cause : la marque aux chevrons avait auparavant déjà alerté ses partenaires ultramarins sur les problèmes rencontrés avec ces airbags. Le problème n’est donc pas méconnu.
D’autres marques avaient déjà pris des précautions concernant les airbags Takata. Honda avait commencé le remplacement de ses airbags en 2013 tandis que Toyota suivait de près en commençant en 2015.
Une affaire déjà connue du grand public outre-Atlantique
L’affaire Takata n’est pas si récente que ça. En 2013 aux Etats-Unis, les autorités se penchent sur l’entreprise nippone après les différents accidents survenus à cause de leurs airbags. S’en suit une guerre judiciaire entre la justice américaine et l’équipementier. L’affaire se termine en 2016 : Takata est jugé pour avoir dissimulé la présence de nitrate d’ammonium dans une capsule métallique de mauvaise qualité à l’intérieur de ses airbags. Le gaz contenu est instable et peut à tout moment exploser, notamment lorsque le climat est chaud et humide. L’airbag gonfle violemment et fait voler des pièces métalliques à environ 300km/h dans l’habitacle. 11 personnes sont mortes dans des accidents impliquant des airbags Takata aux Etats-Unis. La justice américaine assigne à Takata une amende de 1 milliard de dollars. Ne pouvant payer, le verdict est sans appel : Takata fait faillite en 2017.
Mais quid de l’Europe ? De 2014 à 2017, Takata assure que les airbags produits dans ses usines en Europe ne comportent aucun défaut. Les constructeurs continuent à se fournir chez l’équipementier auto bien que de nouveaux cas d’explosion d’airbags font surface. Ces nouveaux cas surviennent dans les Antilles françaises (La Réunion, Guadeloupe et Martinique) notamment à cause du climat chaud et humide qui fait rouiller la capsule métallique contenant le nitrate d’ammonium.
Et maintenant en France ?
Pour le moment, aucune liste officielle des véhicules équipés d’airbags Takata n’a été dévoilée. Mais cela ne saurait tarder. Le 23 janvier, Envoyé Spécial diffusait un reportage sur l’affaire Takata et a établi une liste des modèles en circulation en France potentiellement dotés d’airbags de l’entreprise nippone. Interrogé, le SSMVM (Service de Surveillance du Marché des Véhicules Motorisés) a finalement exigé aux marques de recenser tous les modèles équipés de ces airbags avant le 15 février.
Esteban GARAT
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