Le 19 février 2023, la 76e édition des British Academy of Film and Television Arts (BAFTA) déroule son tapis rouge. L’événement réunit à Londres des étoiles du cinéma britannique et international pour une remise de prix prestigieuse, mais souvent controversée. Les résultats confirment-ils la fissuration de l’industrie cinématographique ?
Un vent de printemps…
À l’instar des Golden Globes, les BAFTA récompensent des œuvres et des professionnels dans le domaine du cinéma et de la télévision. Les stars du grand et du petit écran revêtent leur plus belle tenue en arrivant sur le tapis rouge. Une fois mitraillées de photos et de questions, les célébrités pénètrent dans le bâtiment de l’Académie situé à quelques pas de Piccadilly Circus. Les festivités commencent et les résultats arrivent tous un par un pour mettre fin à l’attente des nominés qui trépignent d’impatience. Un ensemble de vingt-deux catégories est présenté. Certaines d’entre elles touchent, depuis peu, le domaine des jeux vidéo. Les grands vainqueurs de cette édition 2023 partagent un même point commun. Ils incarnent d’une façon ou d’une autre, un esprit de renouveau, de fraîcheur dans le paysage cinématographique. C’est le cas de « À l’Ouest, rien de nouveau » qui remporte, entre autres, le prix du Meilleur film et du Meilleur scénario adapté. Le long-métrage allemand du réalisateur Edward Berger n’a rien à envier au talent du monde anglo-saxon. Il ouvre le champ des possibles et met en lumière une nouvelle génération. Ici, la remise des prix célèbre et félicite une relève assurée. Notamment à travers les victoires attribuées à « Aftersun », Austin Butler (Elvis), Barry Keoghan (The Banshees of Inisherin) et Emma Mackey (Sex Education). Grâce à ces mises en valeur, il est simple de se montrer enthousiaste face à l’avenir du 7e art. Ces jeunes acteurs et réalisateurs apportent dans leurs œuvres des bribes de la société moderne dans laquelle ils évoluent. Pourtant, ça ne suffit pas totalement à changer la donne…
À nos actes manqués
En 2020, les BAFTA sont critiqués de toutes parts pour leur manque de diversité. Cette année, uniquement des personnalités blanches sont présentes parmi la liste complète des gagnants. Des mesures ont-elles été prises ? Oui, plusieurs règles sont désormais établies pour garantir une représentation optimale des minorités qu’elles soient ethniques ou d’une autre nature :
« Afin d’assurer un équilibre et pour que la composition démographique du jury soit la plus large possible, chaque jury doit contenir :
- Une bonne représentation de la diversité des genres et des ethnies sous-représentées
- Une représentation d’une gamme d’indicateurs de diversité et de ceux des groupes sous-représentés — y compris, mais sans s’y limiter, l’âge, la communauté LGBTQI+, les D/sourds et handicapés, le milieu socio-économique et le lieu »
Dans la liste des artistes nominés, il est possible de retrouver des artistes issus d’une minorité. Park Chan-Wook, Viola Davis, Michelle Yeoh, Angela Bassett et Naomi Ackie illustrent ce propos. De jure, tout semble être rentré dans l’ordre. De facto, la volonté, l’objectif de diversification des participants et des gagnants n’est pas atteint. Cela relance un débat plus profond qui s’élargit à toutes les cérémonies de remise de prix dans le secteur cinématographique. Une mise en place de quota apparaît comme une solution pour certains, tandis que d’autres craignent une discrimination positive. Un système qui risquerait de vider les cérémonies de leur substance.
Le cinéma est une industrie qui, paradoxalement, avance à reculons. Il est le parfait reflet d’un idéal du progressisme tout en restant le visage d’une institution archaïque qui peine à s’adapter.
Crédit photo : Media Molecule via Flickr
Étudiante en Information communication / Anglais sensible aux arts, aux langues et à la géopolitique. Séduite par le journalisme, j’écris pour que chaque jour le monde nous révèle un peu plus ses secrets…