Tempête sur le Rocher

Jeudi dernier, un terrible sentiment de stupéfaction s’est abattu sur l’AS Monaco. Seulement 3 mois après sa nomination au poste d’entraîneur, Thierry Henry, véritable star du club, a été démis de ses fonctions. Pour le remplacer, Vadim Vasilyev a pris la surprenante décision de faire appel à celui qu’il a remercié en octobre dernier, Leonardo Jardim. Un scénario ridicule qui a valu grand nombre de moqueries à la direction de l’ASM, notamment sur les réseaux sociaux. L’entraîneur portugais revient donc sur le Rocher avec l’objectif de stopper une terrible hémorragie.

Thierry n’en a pas ri…

Le 13 octobre dernier, après seulement 9 journées de championnat, Thierry Henry est nommé à la tête de son club formateur en lieu et place de Leonardo Jardim. Une décision déjà surprenante à l’époque, lorsque l’on se rappelle des excellents résultats du club monégasque sous les ordres du portugais. Avec un titre de Champion de France, trois apparitions sur le podium de Ligue 1 et une demi-finale européenne, Jardim a largement contribué à redorer le blason de l’ASM. Mais avec seulement une victoire acquise en neuf matchs, à la Beaujoire lors de la première journée contre Nantes, les dirigeants russes n’ont pas joué de patience en prenant la décision de se séparer de leur coach.

C’est donc dans un contexte délétère et à la tête du 19e du championnat que Thierry Henry effectue son come-back en Ligue 1. Avec le retour de l’enfant prodige à la maison, les supporters de l’ASM espéraient renaître de leurs cendres et remonter au classement. Sur le papier, Henry dispose de l’un des meilleurs effectifs du championnat. Mais avec l’équivalent d’un onze titulaire à l’infirmerie, la tâche s’est vite révélée être très compliquée…certainement trop compliquée. Une défaite inaugurale à Strasbourg suivie de deux grosses désillusions contre Dijon et à Reims avant une véritable claque face au PSG (4-0 à Louis II)…des résultats qui ont vite douché les dernières ambitions des supporters monégasques. Un an et demi après le titre de Champion, l’ASM devra jouer sa survie en Ligue 1, et avec un entraîneur inexpérimenté à sa tête…

Après 3 mois au club, Thierry Henry n’a jamais réussi à relever la barre. Avec un bilan largement négatif (4 victoires, 5 nuls et 11 défaites toutes compétitions confondues), il laisse le club à la même 19e place qu’à son arrivée, à 3 points du premier non-relégable. Malgré deux qualifications en coupe suivis des matchs nuls en championnat contre Nice et Marseille, la correction subie à domicile contre Strasbourg (1-5) aura été fatale à l’entraîneur français. L’élimination honteuse mais prévisible contre Metz en Coupe de France n’aura que confirmé la décision des dirigeants. Henry n’était pas l’homme de la situation. Après 20 matchs sur le banc, le Champion du Monde 98 part sur une grosse désillusion pour son premier poste d’entraîneur, et avec le sentiment de ne pas avoir eu le temps de mettre ses idées en place. Etait-il judicieux de faire appel à un novice pour une opération sauvetage comme celle-ci ? La question a le mérite d’être posée, mais en attendant, espérons que cette expérience ne sera pas trop préjudiciable pour la suite de la carrière de Titi.

Le chantier de Jardim

Pour la deuxième fois de la saison, c’est donc Leonardo Jardim qui endosse le rôle d’entraîneur de l’ASM. Le portugais arrive en terrain connu, à la tête d’un effectif qu’il n’a quitté que quelques mois plus tôt. Au sein de ce dernier, Thierry Henry aura eu le mérite de faire venir de grands noms (Cesc Fabregas, Naldo, William Vainqueur) et quelques jeunes talents (Ballo Touré et Gelson Martins) qui devraient apporter une vraie plus-value à l’effectif. Avec les retours de Lopes, Golovin, Subasic ou encore Sidibé, l’ASM semble largement avoir les moyens de se maintenir. Oui, mais seulement voilà, le club est plongé dans une spirale négative infernale. Outre les changements de coach et les résultats en championnat, Monaco a réalisé une campagne européenne catastrophique (5 défaites en 6 matchs). Ajoutez à cela une nouvelle désillusion, cette fois-ci en Coupe de la Ligue avec l’élimination contre Guingamp, lanterne rouge de Ligue 1.

Appelé en pompier de service, Leonardo Jardim parviendra-t-il à faire renaître l’octuple champion de France ? Le chantier s’annonce immense sur le Rocher, mais le portugais semble être en mesure de réussir la mission. Pour cela, il faudra revenir aux bases, c’est-à-dire prendre des points, ce que l’ASM n’a pas assez fait depuis Août dernier. Ce sans quoi Monaco se verrait obligé de repasser par la case Ligue 2, une véritable catastrophe pour le club, et plus largement pour le football français.

Elliott Bureau

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