Ça y est, les vaccins contre la COVID-19 sont là ! Enfin presque là… À l’heure actuelle, un grand nombre de vaccins a été distribué dans les différents états du monde entier. Encore très peu de personnes sont actuellement vaccinées. Cette situation était pourtant à prévoir… Après les anti–masques, revoilà venir, les anti–vaccins. Bien qu’existants avant la crise sanitaire, ils sont désormais pris en compte dans l’administration de ces vaccins qui sont aujourd’hui le moyen le plus efficace d’exterminer cette maladie nous pourrissant la vie depuis bientôt un an. Et même si la question peut paraître stupide, visiblement, il reste nécessaire de la poser : un vaccin qu’est-ce que c’est ?
Une inoculation protectrice depuis le Xè siècle
Les vaccins sont nés pour contrer au tout départ la variole (maladie causant l’apparition de pustules sur tout le corps). Cette maladie extrêmement contagieuse se transmettait très facilement chez les jeunes enfants via les particules en suspension dans l’air ou par le matériel contaminé (poignée de porte…). En Chine et en Angleterre, on remarque que les fermiers ayant contracté la vaccine, une variante de la variole affectant les vaches, mais bénigne pour l’Homme, sont protégés de la variole.
Au Xè siècle, les Chinois mettent en œuvre une méthode d’ « insufflation nasale » administrée en soufflant du matériel de variole en poudre, généralement des croûtes, dans les narines (charmant n’est-ce pas ?).
En 1796, une idée vient alors au médecin Edward Jenner : inoculer chez un enfant du pus prélevé sur une fermière infectée par la vaccine. Cette idée sera alors l’une des plus grandes victoires de la médecine. L’enfant résiste désormais à la variole et est officiellement le premier vacciné de l’histoire.
Vous l’aurez compris le vaccin repose sur une idée simple : inoculer une variante inoffensive d’une maladie afin que notre corps apprenne à se défendre tout seul contre la variante agressive.
Comme vous le savez peut-être aujourd’hui et grâce aux travaux du docteur Jenner, la variole n’existe plus. Elle a été exterminée. Cette réussite, nous la devons aussi aux différents états qui ont rendu la vaccination contre la variole obligatoire. Au Royaume-Uni, le vaccin contre la variole devient obligatoire pour les enfants dès 1853. Mais ne croyez pas que même si la maladie causait d’affreuses pustules sur le corps les gens s’étaient rués sur les vaccins… Cette première obligation vaccinale a suscité une opposition virulente.
Une opposition qui aurait pu être justifiée. Des vrais dangers à l’époque, il y en avait… L’utilisation de lymphes vaccinales inefficaces ou contaminées, provenant de pustules, exposait à de nombreux risques de variole ou de transmission d’autres maladies (les phases de tests n’étaient pas aussi efficaces qu’aujourd’hui).
Mais cela n’a jamais tant été de ça que les adversaires avaient peur… La variole serait, selon eux, un destin divin auquel on ne peut échapper. Aux fanatiques religieux s’est ajoutée une partie du corps médical (notamment les inoculateurs de la variole qui voient leur profession menacée) qui s’est montrée réticente à inoculer une humeur animale considérée comme un poison (les ancêtres du professeur Raoult). Enfin, certains anti–vaccins ont brandi la hantise de la minotaurisation (transformation en minotaure, monstre mi-homme, mi-taureau) de la race humaine.
Quand bien même l’argumentaire adverse fut rempli d’inepties, les Britanniques ont compris que lutter était peine perdue. C’est pourquoi en 1898, une « clause de conscience » est introduite dans la loi britannique pour permettre aux récalcitrants de se soustraire à l’obligation vaccinale.
En France, le vaccin antivariolique est devenu obligatoire en 1902. Le retard des vaccins ne date pas de la crise sanitaire.
Les vaccins des prestiges
Si le premier vaccin contre la variole fut réellement découvert en 1796, c’est aux alentours des années 1880 que les vaccins vont prendre de l’ampleur avec les travaux d’un des plus grands scientifiques français, Louis Pasteur.
Photographie de Louis Pasteur par Nadar
Pasteur introduit la seconde génération de vaccins avec les vaccins contre le choléra et l’anthrax du poulet. En 1885, il découvre le vaccin contre la rage, une maladie causant encore 59 000 décès chaque année dans le monde, dû au fait que les animaux peuvent aussi l’attraper. Il fonde ensuite trois ans plus tard l’institut Pasteur. En 1897, l’institut Pasteur découvre le premier vaccin contre la peste (une des maladies les plus meurtrières de l’histoire).
Grâce à toutes ces découvertes, les vaccins se mettent à être considérés comme une question de prestige national et de plus en plus de lois sur la vaccination obligatoire sont adoptées. Durant le XXè siècle, 21 vaccins ont été découverts dont ceux contre la tuberculose ou encore le tétanos. C’est aussi à partir de cette période qu’on commence à utiliser des sels d’aluminium pour stimuler la réaction immunitaire et accroître l’efficacité des vaccins. Cette utilisation fera aussi l’objet de controverses quand bien même leur sûreté est prouvée depuis 1926… Il faudra attendre 2005 pour que le consensus scientifique confirme que les vaccins contenant de l’aluminium ne constituent pas une menace de santé. La variole connaîtra son dernier cas connu en 1977 prouvant l’efficacité des vaccins dans le monde entier.
Mais c’est en 1998 qu’une étude va créer des craintes encore présentes aujourd’hui. Cette étude, publiée dans la prestigieuse revue médicale The Lancet, suggère un lien entre la vaccination ROR (protégeant contre la rougeole, la rubéole et les oreillons) et la survenue de l’autisme chez les enfants en bas âge. L’étude s’avère évidemment être un « trucage » de son auteur Andrew Wakefield. Mais le démenti officiel de la revue et les multiples travaux postérieurs démontrant l’absence de lien entre vaccin et autisme ne parviendront pas à faire taire les craintes. La fausse étude est encore aujourd’hui régulièrement citée par des opposants aux vaccins. Les scientifiques, appuyés notamment par une méta-analyse de 2014 sur un million et demi de dossiers médicaux, ont conclu à l’absence de preuve d’un rôle quelconque de la vaccination dans l’autisme et ce dans tous les cas incriminés.
Ces craintes ont amené à un problème de santé publique en raison d’une baisse du nombre de vaccinés et d’un retour d’épidémies de rougeole dans des pays occidentaux.
Les différentes controverses posent de plus en plus de problèmes quant à la présence des épidémies dans le monde. La crise sanitaire en fait aussi les frais.
Le vaccin contre la COVID-19
C’est le 13 janvier 2020 que le laboratoire américain Moderna finalise la séquence de son vaccin contre la Covid-19, l’ARNm-1273. Deux jours plus tôt, le 11 janvier, les autorités chinoises avaient diffusé la séquence génétique des protéines du coronavirus. Le vaccin contre le virus a bien été trouvé avant que la maladie n’arrive en France.
Une telle prouesse fut possible grâce aux ARN messagers qui permettent de coder la protéine qui est semblable à celle de l’agent pathogène que l’on cherche à éviter. Ainsi le corps peut apprendre de manière plus saine à produire les anticorps nécessaires afin de lutter contre l’agent pathogène concerné. En effet, ce vaccin est différent, car il ne nécessite pas d’adjuvants (comme les fameux sels d’aluminium) et ne laisse aucune trace dans les jours qui suivent dans le corps, à part un peu de sel, de sucre et de matières grasses.
Le vaccin fut conçu en seulement deux jours, mais bien évidemment les phases de test ont eu lieu pendant plusieurs mois. Le développement d’un vaccin est strict et se fait en trois phases avec des essais sur quelques patients puis à plus grande échelle. Un laboratoire doit ensuite obtenir l’accord des autorités de santé – l’Agence européenne du médicament en Europe – pour pouvoir mettre le vaccin en vente et pouvoir commencer à vacciner les patients. L’accord de l’agence européenne fut donné le 21 décembre 2020 et les campagnes de vaccination ont commencé un peu partout en Europe à la fin décembre.
Mais voilà, les campagnes de vaccination ont commencé et l’écart se creuse déjà entre les différents pays plus ou moins préparés. Si en France, la stratégie est ici de respecter le plus l’avis des concitoyens souhaitant ou non se faire vacciner, on peut y voir ici une méfiance de la science ainsi que sur les travaux de milliers de personnes compétentes. Une méfiance qui devient pour certains de la haine, avec l’envoi de menaces de mort aux médecins généralistes.
Méfiance amplifiée par le refus des membres du gouvernement de se faire vacciner. L’avis des experts est relégué au rang d’opinion. Pendant ce temps, le nombre de cas et de décès continue d‘augmenter.
Le vaccin est aujourd’hui le meilleur moyen pour nous de protéger nos proches et nos concitoyens. C’est la clé qui permettra un retour à une vie plus simple pour tout le monde.
Raphaël Penault
Crédits photo : Pixabay/MarianVejcik
Étudiant en Information et Communication. Grand passionné d’animation, cinéma, mais surtout de jeu vidéo, je rêve de devenir journaliste dans la presse vidéoludique.