Si les médias se concentrent davantage sur les conflits en Ukraine ou encore dans la bande de Gaza, une part des sujets restent obscurs et oubliés du grand public. La parole est alors délaissée au profit d’autres conflits qui persistent dans le monde comme au Congo ou au Soudan.
Depuis le 7 octobre 2023, le conflit qui dure depuis des années entre la Palestine et Israël est le centre de toutes les attentions. La guerre, désormais menée par le groupe terroriste du Hamas et l’Etat hébreux a provoqué de lourdes pertes humaines ainsi que la destruction de nombreux foyers, notamment dans la Bande de Gaza. Un niveau de destructions «sans précédent dans l’histoire récente», selon l’ONU, et le déplacement de la quasi-totalité de ses 2,4 millions d’habitants. A l’image de la guerre en Ukraine, le conflit a longtemps pris le premier rôle dans l’actualité, laissant d’autres conflits s’épuiser et tomber dans l’oubli de la scène internationale.
Le Congo victime de sa propre destruction
Au Congo, la situation du pays se dégrade, les tensions ne cessent de bouleverser la population. La confrontation oppose deux belligérants : le groupe rebelle M23 et l’armée congolaise. Une région est relativement prisée par les rebelles, le Nord-Kivu située au Nord-Est du pays africain. Cette région, connue notamment pour ses nombreuses richesses en or, en diamant et ces minerais essentiels pour la conception des téléphones, est une véritable mine d’or. La situation humanitaire est critique, plus de 13 millions de personnes vivent sous les conséquences de la guerre locale et de la famine qui s’est instaurée dans le pays. Les médias relatent les faits sous un autre prisme en priorisant l’épidémie Ebola, ne touchant qu’une centaine de personnes alors même que la situation humanitaire que vit le pays reste plus que jamais critique. Selon International Rescue Comittee, les pertes humaines sont estimées à 5,4 millions de morts entre 1998 et 2003. Une violence inouïe éclate chaque jour dans le pays, l’ONU affirme que ce conflit est un « génocide incontestable ». Le Rwanda, pays voisin de la RDC est qualifié de « soutien au génocide » de par son attachement au groupe M23. Les mots manquent pour qualifier l’horreur qui frappe la République Démocratique du Congo, selon l’ONU dans un rapport le M23 recruterait des mineurs pour servir. L’ONG Médecins Sans Frontières a aidé en 2023, 25 166 victimes de violences sexuelles. Le viol connaît son apogée dans cette guerre foudroyante.
Entre armée et force rebelle, le Soudan est le lieu de toutes les misères
Depuis le 15 avril 2023, le pays fait face à des violences sans précédent. Le conflit oppose l’armée fidèle au général Fattah Al-Burah face aux Forces de Soutien Rapide soutenu par Hemedti. Les deux hommes ont d’abord collaboré pour renverser le premier ministre précédent qui sont désormais rivaux. Des puissances étrangères soutiennent les deux camps : d’un côté le camp d’Hemedti est soutenu par les Emirats Arabes Unis et de l’autre, L’Egypte soutient l’armée soudanaise. Le pays se retrouve donc dans une situation où près de 8 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays avec un chiffre qui frôle les 3,1 de fuyants. Selon l’ONU, plus de 30 millions de personnes, majoritairement des enfants, vivent dans des conditions de précarité inouïes. La situation sanitaire est critique, 80 % des hôpitaux ne fonctionnent pas, et le pays est en proie à une famine qui ne cesse de croître. La longueur du conflit est l’une des raisons de sa non médiatisation. Ce conflit dont le bilan est colossal aura provoqué jusqu’à aujourd’hui la mort de plus de 150 000 civils du fait des bombardements et des massacres, de la famine et des épidémies qui s’ensuivent.
Pakistan : persécution d’une ethnie minoritaire
Le conflit Baloutchistanais, au Pakistan, est un exemple frappant de conflit silencieux qui reste largement méconnu malgré ses implications importantes. Elle est la plus grande province du Pakistan en termes de superficie, mais la moins peuplée. Elle est située au sud-ouest du pays, bordant l’Iran et l’Afghanistan. Les Baloutches, une ethnie distincte, constituent la majorité dans cette région. Ils ont une identité culturelle et linguistique forte, souvent perçue comme marginalisée par le gouvernement central pakistanais.
Le conflit découle de tensions historiques entre les Baloutches et le gouvernement central. Les principales revendications des groupes baloutches incluent : l’accusation envers le gouvernement central d’exercer un contrôle excessif sur leur territoire. Le Baloutchistan est riche en ressources naturelles (gaz, charbon, cuivre, or), mais la population locale perçoit que ces ressources sont exploitées au profit du reste du pays, laissant peu de bénéfices locaux. Il existe deux groupes de séparatistes Balochistan Liberation Army (BLA) : Le groupe le plus connu et actif, prônant l’indépendance du Baloutchistan. Baloch Republican Army (BRA) et autres factions similaires. Des accusations fréquentes de violations des droits humains, y compris des disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires et des opérations militaires brutales. En 2022 et 2023, des attaques contre des forces de sécurité, des travailleurs chinois et des infrastructures ont intensifié le conflit. Les opérations militaires ont poussé de nombreuses personnes à fuir leurs foyers. Malgré ses ressources, le Baloutchistan est la région la plus pauvre du Pakistan, avec un accès limité à l’éducation et aux soins de santé. Les habitants vivent dans un état constant d’insécurité, pris entre les violences des groupes séparatistes et la répression de l’État. La censure de ce conflit provient de plusieurs raisons. Les journalistes pakistanais font face à des restrictions sévères pour couvrir le conflit. Le sujet est masqué par des cas plus présentables comme les relations avec l’Inde, le terrorisme islamiste ou l’instabilité politique nationale. Il faut aussi comprendre que les luttes internes entre factions baloutches rendent la situation difficile à comprendre et à présenter clairement.
Les sujets dits « oubliés » sont tout le contraire d’une parole que l’on doit se passer d’en parler. La fatigue médiatique révèle une lassitude dans l’intérêt de parler d’une région dans le monde dans lequel le lecteur ne porte pas grand intérêt. La raison est là, le sujet qui va parler au lecteur va porter plus d’audience et d’importance, alors que cela porte sur la perte et la souffrance de vies humaines.
Crédits photo(s) : Wendyfleury
Étudiant en Info-com, je suis passionné de sport, d’histoire, de politique et surtout d’actualité. Originaire de la cambrousse lot-et-garonnaise, j’aimerais devenir journaliste pour écrire et découvrir ce qu’il se passe dans le monde.