Scarface, un incontournable de la culture hip-hop  

Scarface, un incontournable de la culture hip-hop  

Aujourd’hui connu de tous, le film Scarface sorti en 1983 avait été mal accueilli en raison de ses scènes violentes, son langage grossier et de la place importante accordée aux stupéfiants. 40ans plus tard, le long-métrage continue de laisser son empreinte, en particulier dans le domaine de la musique. 

L’intrigue s’inscrit dans un contexte géopolitique précis. En 1980, alors que Jimmy Carter est président des États-Unis, Fidel Castro ouvre les frontières de Cuba. Il expulse ceux suspectés d’être opposés au régime.  Au total, 125 000 cubains quittent le pays pour rejoindre les États-Unis dont environ 25 000 prisonniers.

Mais la version de Bryan De Palma n’est pas la première ! Scarface sort pour la première fois en 1932, réalisé par Howard Hawks. Il emprunte son titre à Al Capone, surnommé ainsi après s’être fait couper la joue lors d’une bagarre en boîte de nuit. Le réalisateur retrace la vie de Tony Camonte, un Italo-Américain qui pendant les années de prohibition tente de gagner en influence et en pouvoir.

Dans le remake, nous suivons Antonio Montana, Tony pour les intimes, poursuivre sa vision du rêve américain. Réfugié cubain opposé au régime communiste comme il le démontre dès la scène d’ouverture lors de son interrogatoire, il aspire à une vie meilleure. Tony et son acolyte Manny Ribera obtiennent leur carte verte et débarquent à Miami où ils travaillent un temps dans un foodtruck. Ce premier job ne dure guère, Tony a d’autres projets. Incarné par Al Pacino, il ne tarde pas à se faire des contacts et commence peu à peu à bâtir son empire dans le monde de la drogue et de la mafia.

Le personnage de Tony est poussé psychologiquement. Le personnage principal est loin de l’archétype traditionnel du héros et apparaît agressif, égocentrique et mégalomane. Il parvient toutefois à nous fasciner tout le long du film.

C’est dans la musique que le film de gangster a laissé son plus gros impact.

D’abord aux États-Unis, le rappeur Aksen débute une carrière solo sous le nom de Scarface. Titres d’albums et de morceaux, reprise des répliques de Tony, sa discographie est parsemée de références au film.

Plus récemment, dans son dernier album, For All the Dogs paru en 2023, Drake débute le titre Daylight par un extrait où Tony, défoncé crée un scandale au milieu d’un restaurant.

“You’re all a bunch of fucking assholes 

You know why? 

You don’t have the guts to be what you wanna be 

You need people like me 

You need people like me, so you can point your fucking fingers 

And say that’s the bad guy” 

Les artistes ne se contentent pas de reprendre les répliques cultes. Rick Ross, Mobb Deep et même Dinos et Dosseh, deux rappeurs francophones s’amusent à remixer ou sampler les bandes sons pour leurs titres. Ils donnent naissance aux morceaux Push It, G.O.D.;Pt.III. ou Ghost Riders. 

En France, les rappeurs préfèrent la reprise directe de répliques cultes. 

Dans Oyé Sapapaya, Stomy Bugsy et Doc Ginéco s’approprient un dialogue comique entre Tony et  Manny qui tentent maladroitement de draguer de jeunes femmes.

J’ai les mains faîtes pour l’or et elles sont dans la merde”, reprend Maes dans Tmax 530, citant une fois de plus Tony Montana.

C’est probablement le duo PNL qui a été le plus marqué par l’univers du film. Un album intitulé “Le monde chico”, des titres reprenant les prénoms des personnages comme Plus Tony que Sosa, Rebenga, on ne compte plus les références à Scarface dans leur discographie.

Lorsque l’on voit l’engouement dont le film est victime, on pourrait croire que certains n’en ont pas vu la fin. Car si Bryan De Palma nous montre l’ascension vertigineuse de Tony Montana, il n’omet pas sa chute fulgurante. En effet, c’est sa soif d’argent et de pouvoir qui finit par le tuer.

C’est ce qu’Akhenaton dans Métèque et mat dénonce.  

« Scarface, le film, est sorti, puis il a vrillé l’esprit 

De beaucoup de monde et moi y compris 

Tu venais voir chez moi, on te disait “Entra, entra, Pana 

Bienvenue chez Tony Montana” 

On nous a fait croire que l’on était des merdes et à force on l’a cru 

Le stéréotype a pris le dessus 

Aucun héros à notre image, que des truands »  

Le rappeur critique que Tony soit devenu un « modèle » pour sa génération et déplore le manque de véritable héros qui puisse être source d’inspiration. Il n’est pas le seul à le constater. Dans un titre commun avec Lunatic, Oxmo Puccino insiste sur la fin peu glorieuse de Tony. Ce dernier s‘enfonce dans son addiction pour la coke et sombre dans la paranoïa. 

Malgré son accueil difficile, Scarface a su s’imposer au fil des décennies. Le monde du hiphop a fini par se l’approprier et a permis sa hausse de popularité. Il est aujourd’hui considéré comme un classique et un incontournable.

 

Crédits photo : Allociné

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