Une vague d’émotion a traversé l’Iran et plus globalement le monde, le 8 septembre dernier après l’immolation par le feu de Sahar Khodayari. Surnommée la « blue girl » en raison de sa passion pour le football club d’Esteghlal de Téhéran arborant un blason bleu, la jeune supportrice risquait une condamnation de 6 mois de prison pour avoir essayé d’assister à un match.
Elle voulait simplement réaliser son plus grand rêve, celui de regarder son équipe favorite depuis un stade, dans un pays encore en mutation où les femmes n’ont la plupart du temps pas accès au stade ni à quelconque évènement sportif. Pour atteindre son objectif, la jeune femme âgée de 29 ans s’était munie d’une chemise et d’un pantalon pour se déguiser en homme. Finalement repérée rapidement par la police, elle est arrêtée avant même d’avoir pu rentrer dans le stade de la capitale. Une situation qui pourrait paraître banale pour un pays où les Iraniennes sont habituées à développer des stratagèmes pour contourner la législation du pouvoir, mais cette fois la fin est tragique. Après avoir passé plusieurs jours dans la prison de Qarchak, réputée pour être l’une des plus dures d’Iran, elle est libérée sous caution avant d’être convoquée le 3 septembre 2019 au tribunal pour récupérer son téléphone. La supportrice apprend alors qu’elle encourt 6 mois de prison.
Par peur de devoir retourner en cellule, Sahar Khodayari s’immole par le feu 6 jours plus tard à l’entrée de ce même tribunal. Brulée à 90 %, elle succombe de ses graves blessures à l’hôpital de Téhéran.
Son décès provoque alors un tollé dans le monde notamment dans le milieu du football et érige la jeune fille en symbole de la lutte pour le droit des femmes.
De nombreux soutiens de poids viennent en effet s’ajouter à la cause à l’image de l’international Allemand Jérôme Boateng qui tweet « une chose pareille ne devrait plus arriver ». Plus encore, le club d’Esteghlalobserve une minute de silence et certains footballeurs du pays appellent plus largement à un boycott des matchs jusqu’à un changement de législation (établit depuis la révolution de 1979 sous la gouvernance de l’ayatollah Khomeiny).
La FIFA s’en mêle
Enfin, le décès de la fille bleue a suscité aberration et indignation jusqu’aux instances de la FIFA, qui encore une fois ont fait pression sur la gouvernance iranienne en publiant un communiqué par l’intermédiaire de leur président Gianni Infantino. La FIFA a fait un rappel de la charte en vigueur et a réitéré sa demande de laisser les femmes assister aux rencontres de football et notamment à celle de la coupe du monde 2022 qui aura lieu au Qatar.
En parallèle, une délégation s’est rendue à Téhéran afin de juger de la situation pour les matchs de qualification du mondial. Une action qui a porté « ses fruits » puisque les Iraniennes devraient être autorisées à assister au match contre le Cambodge le 10 octobre prochain comme l’a confirmé la fédération. C’est quasiment un évènement depuis 40 ans. Reste à voir maintenant si la mort de Sahar Khodayari pour le droit des femmes n’aura pas été vaine.
Kylian Prevost
Crédits photo : ©Amnesty International
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