A l’approche de la 29ème conférence qui aura lieu à Bakou en Azerbaïdjan, le choix de l’hôte renvoie la communauté internationale face à ses propres contradictions. Retour sur le contexte historique du pays et les enjeux pour le climat.
La nécessité de protéger et de restaurer les écosystèmes naturels devient la priorité des gouvernements. Cette conférence internationale très attendue réunira les pays signataires de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) du 11 au 22 novembre. La société civile, les ONG et les dirigeants politiques de 198 pays vont se réunir pour réfléchir à des solutions innovatrices dans la lutte contre le changement climatique, en se concentrant particulièrement sur l’abandon des énergies fossiles.
L’Azerbaïdjan comme hôte de la COP29 : incohérences et paradoxes
Comment la communauté internationale peut-elle justifier la tenue d’un événement crucial qui devrait être la priorité de nos gouvernements, dans un État qui dépend massivement des hydrocarbures ? Pire encore, ce même état qui a fondé son économie dans l’exploitation et l’exportation de pétrole, alors qu’il tente une maigre transition énergétique vers le gaz et la pétrochimie ?
C’est à la fin du XIXème siècle que la Russie découvre les richesses en pétrole du pays. Bakou devient alors le premier producteur de pétrole dans le monde. L’économie de l’Azerbaïdjan est encore aujourd’hui fortement dépendante de l’exploitation du pétrole en mer Caspienne, qui représente 70% de ses exportations et plus de la moitié du budget de l’État en 2024 selon la Banque Mondiale. Depuis qu’il est devenu indépendant de l’URSS en 1991, l’Azerbaïdjan a produit plus de 1 milliard de tonnes de pétrole. D’après Kamalia Moustafaeva, experte en question énergétique, les hydrocarbures « ont façonné l’histoire, la culture, la politique et l’économie » de l’Azerbaïdjan. Ces dernières années, le pays tente de se tourner vers d’autres productions et exportations d’énergies telles que le gaz. Sa production annuelle de gaz naturel devrait passer de 37 milliards de m³ en 2024 à 49 milliards au cours de la prochaine décennie.
Ce n’est pas la première fois que ce schéma controversé apparaît dans la lutte contre le changement climatique à échelle internationale. La nomination du président de la COP28 ayant eu lieu à Dubaï en novembre 2023, le sultan al Jaber, directeur général d’une compagnie pétrolière, a fait l’objet de nombreuses critiques d’organisations luttant contre le dérèglement climatique. Sans compter l’omniprésence de nombreux lobbyistes des secteurs pétrolier et gazier. L’accord de Dubaï fixe pourtant pour objectif « d’effectuer une transition hors » des énergies fossiles. Il n’est pas question d’une suppression progressive comme le souhaitent les ONG. En mars 2024, la présidence azerbaïdjanaise pour la COP 29 a envoyé une lettre qui se présente comme une « feuille de route pour la mission 1,5°C ». Elle entend lancer des initiatives, telles que « des corridors et des zones d’énergie verte » ou encore l’hydrogène propre.
Ce qui fait l’objet des critiques les plus radicales, c’est le choix de la présidence de cette COP29. L’actuel ministre de l’Environnement azerbaïdjanais, Mukhtar Babayev, succède au sultan Al-Jaber tout en restant à la tête de la compagnie pétrolière nationale. Face à la présence pesante des lobbys d’énergies non renouvelables, le chef de la délégation de Greenpeace International à la COP29, Jasper Inventor, s’alarme sur les conséquences dévastatrices de notre activité sur le climat : « les vagues de chaleur, les inondations, les sécheresses et les ouragans incessants montrent clairement que notre climat est en détresse ». C’est aussi le cas de l’ensemble de la communauté scientifique qui collecte des statistiques et des données catastrophiques.
Pollués, diminués, les écosystèmes souffrent de l’activité humaine intensive
La pollution, la déforestation, l’urbanisation galopante et le changement climatique agissent comme des catalyseurs de dégradation, conduisant à la perte irréversible de la biodiversité et la destruction des habitats. Cette dégradation entraîne des conséquences irrémédiables tant pour la biodiversité que pour les sociétés humaines qui dépendent de ces écosystèmes pour leur survie, notamment la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau potable et la santé publique. L’Homo sapiens a une fâcheuse tendance à oublier qu’il est une espèce animale comme les autres, vulnérable et menacée par une lente extinction.
En 2022 déjà, Le rapport Planète Vivante de l’ONG Fonds mondial pour la nature (WWF), calculé avec la Société zoologique de Londres (ZSL), a révélé une baisse dévastatrice de 69% des populations d’animaux sauvages vertébrés en moins de cinquante ans. D’après ce dernier, « les populations de vertébrés étudiés sur plusieurs décennies (poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles) ont chuté entre 1970 et 2018 ». Cette analyse scientifique est réalisée tous les deux ans afin d’établir un bilan de la santé de la planète bleue et l’impact de l’activité humaine. À l’évidence, ce dernier s’avère cataclysmique.
L’ombre des énergies fossiles n’a pas fini de planer sur la lutte contre le dérèglement climatique, car c’est le Brésil, autrement dit l’un des dix premiers producteurs mondiaux de pétrole, qui hébergera au cœur d’une Amazonie agonisante la COP30, en 2025. Le compte à rebours est lancé depuis des décennies, pourtant l’espèce humaine continue de foncer droit dans un mur, titanesque et menaçant. Aujourd’hui, il est désormais impossible de fermer les yeux sur l’état alarmant des écosystèmes dans le monde. La planète brûle, et nous avec.
Solen Ramirez
Crédits photo : COP29
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