Proche-Orient : pourquoi Israël bénéficie-t-il d’un tel soutien de la part des Etats-Unis ?

Proche-Orient : pourquoi Israël bénéficie-t-il d’un tel soutien de la part des Etats-Unis ?

Depuis le début du conflit le 7 octobre 2023, certains pays s’offusquent des méthodes israéliennes. À contrario, le pays de l’Oncle Sam, lui, offre un soutien tant diplomatique que logistique au gouvernement de Benyamin Netanyahou. Comment expliquer ce choix ?

Avec les attentats du 7 octobre 2023 organisés par le Hamas, les tensions entre Israël et la Palestine se sont embrasées. Depuis, le conflit est entré sur le devant de la scène médiatique internationale par la grande porte et chacun y va de son avis. Dans un débat de plus en plus polarisé, chaque opinion est sujette à controverses, mais cela n’est en rien une gêne pour les Etats-Unis. Alors que des pays des quatre coins du globe rompent leurs relations diplomatiques et/ou commerciales avec le pays hébreu, le gouvernement Biden mène une politique de soutien depuis plusieurs mois.

La première puissance mondiale a en effet offert un soutien financier considérable avec presque 18 milliards de dollars depuis le début de la guerre. À cela s’ajoutent les 4,9 milliards sous forme de renforts (porte-avions, systèmes de défense…) et une intensification de la présence américaine dans la région. À titre de comparaison, l’aide militaire habituellement accordée chaque année par les Etats-Unis à Israël s’élève à 3,8 milliards.

Mais l’appui américain ne s’arrête pas là. C’est en effet au Conseil de sécurité de l’ONU qu’Israël peut aussi compter sur le soutien de Robert Wood, représentant délégué des Etats-Unis. La main levée du diplomate le 8 décembre 2023, votant “contre” une résolution appelant au cessez-le-feu, avait fait grand bruit. D’où vient une telle amitié entre deux puissances si éloignées ?

Une amitié stratégique de longue date

Né en 1948, l’État d’Israël est immédiatement reconnu par le gouvernement américain. Mais c’est seulement en 1962 que les Etats-Unis, alors sous l’égide de John-Fitzgerald Kennedy, qualifient Israël d’alliés. Ce choix de mots n’est pas sans raison : en pleine guerre froide, la priorité est au blocage de l’expansion du communisme au Proche-Orient notamment. Au même moment, l’URSS tente en effet d’étendre son influence dans la région en échangeant avec l’Egypte et la Syrie, deux pays limitrophes d’Israël. Pour citer Brahim Oumansour, chercheur à l’Iris, au micro de Franceinfo en 2023, “Pour les Etats-Unis, soutenir Israël permettait d’endiguer le communisme au Proche-Orient, tout en empêchant une autre puissance régionale de se former”.

Cette alliance répond donc à la logique anti-communiste américaine de la Guerre Froide. Mais elle est aussi une conséquence de l’impérialisme américain – processus d’emprise d’une entité sur une population – puisqu’elle vise à garder un œil sur cette puissance émergente qu’est Israël. Si on comprend alors les raisons d’une telle alliance à l’époque, qu’en est-il aujourd’hui, 35 ans après la fin de la Guerre Froide ?

Amis pour la vie ou alliés de circonstance ?

La réponse se situe plus tôt, en 1979. L’Iran fait alors face à une crise politique inédite, et le gouvernement sent la révolte gronder. Il fait alors appel au soutien des Etats-Unis, demande qu’ils ne peuvent refuser : en aidant l’Iran, les Etats-Unis s’offrent une place de choix pour freiner l’avancée de l’influence soviétique au Moyen-Orient. Cependant le gouvernement Iranien est rapidement renversé, laissant place à une politique bien moins favorable à cette relation nouvelle. Les Etats-Unis se voient contraints de renforcer leurs relations avec Israël pour conserver leur position dans la région.

Des dizaines d’années plus tard, si Washington est toujours allié avec Israël, c’est pour trois raisons : la première est économique. Après plus d’un demi-siècle d’investissements dans cette relation, un changement de politique reviendrait à du gâchis pour les Etats-Unis. De plus, Israël risquerait alors de se tourner vers une autre puissance concurrente comme la Chine ou la Russie, un risque de préférence évitable alors qu’Israël est maintenant une puissance militaire non négligeable. Précisément, même si la menace soviétique n’est plus, d’autres pays se sont érigés et font de l’ombre aux Etats-Unis. Israël reste donc un support majeur au Proche-Orient pour le gouvernement américain.

Cependant, Washington tient à rappeler que le ton peut monter si les décisions d’Israël vont à l’encontre de ses intérêts. En octobre dernier par exemple, les discussions se sont faites âpres entre les deux pays, alors que les Etats-Unis tentaient de dissuader son allié d’attaquer les installations pétrolières iraniennes. Une telle décision n’aurait pas manqué de faire s’envoler les cours du pétrole brut. Joe Biden tente timidement depuis quelques semaines d’empêcher l’escalade des tensions dans la région jusqu’à un point de non-retour.

Ce léger changement de politique est à observer avec prudence à un mois des élections présidentielles américaines. Le traitement de la crise dans la bande de Gaza par le gouvernement Biden a fait perdre aux démocrates le soutien d’une partie de son électorat. Un vote précieux que la candidate Kamala Harris a à cœur de regagner alors que les sondages la montre au coude-à-coude avec le candidat républicain Donald Trump.

 

©Angenzianova

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