“Monstres : L’affaire des frères Menendez”, un scénario romantisé

“Monstres : L’affaire des frères Menendez”, un scénario romantisé

Après le succès de la première saison de “Monstres : l’histoire de Jeffrey Dahmer”, Ryan Murphy et Ian Brennan se sont attaqués à l’histoire des frères Menendez : une affaire qui a fait le tour du monde dans les années 80. Le deuxième volet sorti le 19 septembre 2024 sur Netflix retrace le meurtre de Jose et Kitty Menendez par leurs deux fils. La critique blâme la romantisation des personnages et leur dédiabolisation. 

Une histoire glaçante

Le 20 août 1989 à Beverly Hills, Lyle et Erik Menendez, munis de fusils de chasse, assassinent de sang-froid et de plusieurs balles leurs parents endormis. La mafia est d’abord soupçonnée de les avoir tués en raison du pouvoir social et économique du père de famille, Jose Menendez.

Ce n’est qu’après quelques mois, aux suites de confessions enregistrées par le psychiatre d’Erik, que les frères sont arrêtés. L’affaire prend un engouement sans nom de par la violence du crime et de par le portrait des deux tueurs. Erik et Lyle, âgés de 18 et 23 ans au moment des faits, se profilent comme deux jeunes garçons issus de la classe sociale supérieure. Leur apparence, jugée belle et attirante par l’opinion publique, trompe et dédiabolise leurs actes.

Lors des procès, ce sont des dizaines de groupies qui manifestent devant le tribunal avec des affiches et des slogans tels que “too hot to be criminals”.

Les frères font ressentir de la compassion en raison de leur défense. Ils plaident la légitime défense en raison d’abus sexuels du père qui perduraient depuis de nombreuses années. Le verdict du premier procès est annulé en non-lieu en raison d’une mésentente du jury. C’est lors du deuxième procès en 1996 que les frères sont reconnus coupable de meurtre avec préméditation, avec une peine à perpétuité sans conditionnelle. 

En 2022, l’affaire reprend l’intérêt de public sur les réseaux sociaux avec plusieurs vidéos, que l’on appelle des “edits”, qui sont des montages vidéos qui glorifient, sexualisent et rendent attirants les deux frères. On relate des hashtags tels que #justiceforthemenendezbrothers ; #erikmenendezedit ; #hot ; #myhusband, ou des commentaires comme “I’m in love he is so handsome” ou ”my man”.

Des personnages érotisés

Le choix des acteurs Nicholas Chavez et Cooper Koch n’est pas anodin. Ces acteurs, inconnus du grand public, encouragent déjà les spectateurs vers un avis positif avec leur jeunesse et leur plastique. Leurs physiques entrent pile dans les canons de beauté.

Les acteurs, à plusieurs reprises torses nus, séduisent le public et dédiabolisent instinctivement le cliché de meurtriers sans remords.

La série prend le parti de glorifier le physique des protagonistes, ce qui incite les spectateurs à un a priori positif.

De nombreuses critiques 

Dans un communiqué, Tammi, la femme d’Erik Menendez, a pris la parole au nom de la tante des deux frères, Joan VanderMolen, et du reste de leur famille pour dénoncer le portrait “grossier, anachronique et truffé de mensonge” d’Erik et Lyle mis en avant dans la série. Erik déclare également dans un journal : “Je pensais que nous avions dépassé les mensonges et les portraits désastreux de Lyle”. Le portrait de ce dernier dans la série est moins gratifiant que celui d’Erik. Lyle serait le plus responsable de leurs actes, en raison des nombreuses balles tirées dans la tête de ses parents, ce qui dresse un portrait proche de celui d’un sociopathe. Tandis qu’Erik est vu comme un garçon timide et mal dans sa peau.

Pour rappel, la raison prétendue de leurs actes serait l’inceste dont ils ont été victimes toute leur vie et la peur constante de leurs parents. Ce ne serait donc pas un homicide volontaire, mais un acte d’auto-défense. C’est cet axe qu’ont pris les scénaristes tout au long de la série. Mais un autre motif est cependant retenu par les jurés lors du deuxième procès, un motif financier pour récupérer au plus vite leur colossal héritage .

L’ampleur de la série 

Le succès de cette série inonde les réseaux sociaux de nouveaux édits et ce n’est pas la première fois. À la sortie du premier volet sur Jeffrey Dahmer, ce sont des édits de l’acteur Evan Peters, qui incarne le serial killer, qui envahissent la toile. TikTok, Instagram ou bien Twitter instrumentalisent le physique des acteurs et les victimisent, de par leurs physiques et leurs mobiles.

Kim Kardashian et Cooper Koch, l’interprète d’Erik, ont rendu visite aux frères, toujours emprisonnés. Suite à cette entrevue, Kim a pris la défense des accusés dans une tribune sur NBC News, le 3 octobre dernier. “Nous sommes tous le produit de nos expériences. Elles façonnent ce que nous étions, ce que nous sommes et ce que nous serons. Physiologiquement et psychologiquement, le temps nous change, et je doute que quiconque prétende être la même personne qu’à 18 ans.”

Une nouvelle audience

La décision prise par les juges en 1996 est sur le point d’être réétudiée. Une nouvelle audience a été fixée le 29 novembre 2024, soit 28 ans après leur condamnation. La raison de la réouverture du dossier : une photocopie d’une lettre qui aurait été envoyée par l’un des deux frères à un autre membre de la famille évoquant des abus sexuels.

L’engouement de cette affaire au travers de la série relate plusieurs choses. Premièrement, la romantisation et la sexualisation des personnages. Les séries, les films et les réseaux sociaux tendent vers une empathie malsaine des criminels. L’affaire Wade Wilson, Menendez, Dahmer et autre romantise les meurtriers. Des séries fictives en font aussi profit, notamment avec You, American Horror Story, American Psycho ou tant d’autres. Le physique prendrait le dessus et refléterait un côté malsain de l’opinion publique de la société actuelle.

 

Crédits photo : Netflix

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