Monday Cycling : Le graal pour Valverde

Connaissez-vous Innsbruck ? Soyons francs, cette ville autrichienne était encore inconnue aux yeux des amateurs de cyclisme il y a quelques mois. Pourtant, la semaine dernière, la capitale du Tyrol a concentré toute l’attention de la planète vélo. Pour cause, l’organisation des championnats du Monde de cyclisme sur route, l’événement de la fin de saison. Chez les hommes comme chez les femmes, chez les jeunes et chez les professionnels, les courses se sont ainsi enchainées 7 jours durant. Comme il est de coutume, c’est dimanche (hier), que s’est déroulée l’épreuve reine de ces championnats : la course en ligne élites ! L’enjeu est énorme, au terme des 265 kilomètres de course, le vainqueur se verra remettre le mythique maillot arc-en-ciel de champion du Monde jusqu’au mois de septembre prochain !

Au cyclisme comme dans toutes les disciplines, le mondial est une course à part. Au départ, 202 coureurs répartis en 42 sélections nationales. Le temps d’une journée, il faudra courir pour son pays, et parfois même contre des coéquipiers (et amis) de tout les jours. Qui pour succéder à Peter Sagan, porte drapeau du cyclisme depuis 3 ans déjà ? Au départ hier matin en Autriche, ils étaient beaucoup à avoir des ambitions arc-en-ciel. Cependant, le copieux menu du jour ne permettra pas à tout le monde de jouer la gagne. Un peu moins de 5000 mètres de dénivelé positif au programme, le tout étalé sur une distance de 265 bornes, cela représente « juste » une grosse étape de montagne du Tour de France… avec 100 kilomètres de plus… sympa.

Une force collective française…

Et si 2018 était tout simplement la bonne année ? 21 ans que la France n’a plus porté le maillot de champion du Monde. Pire encore, depuis 1997 et le sacre de Laurent Brochard, les tricolores ne comptent que deux podiums sur les mondiaux, le dernier remontant à 2005 avec Anthony Geslin. Oui, oui… mais seulement, hier à Innsbruck, c’est bien l’équipe de France qui faisait figure d’épouvantail ! Sur la start-list, trois grands noms du Cyclisme mondial : Julian Alaphilippe, qui nous a fait rêver sur le Tour, Thibaut Pinot, ressuscité sur les routes de la Vuelta… et Romain Bardet, revanchard après un mois de Juillet décevant.

Emmenés par des équipiers aussi fidèles que talentueux, les 3 hommes ont basculé avec les meilleurs dans l’avant dernière difficulté du jour pour se jouer la gagne dans l’infâme mur de Gramart. Comme prévu, à 15 kilomètres du terme, la France était la nation là mieux positionnée pour s’adjuger le titre mondial. Comme prévu par Cyrille Guimard (sélectionneur national), c’est Thibaut Pinot qui a fait le travail au pied de la dernière difficulté. Mais ce que n’avait pas prévu le Didier Deschamps du vélo, c’est que Julian Alaphilippe n’avait tout simplement pas les jambes pour suivre Romain Bardet lorsque celui-ci s’est dressé sur les pédales…

Source : Ouest France

 

La maîtrise de Valverde 

C’est à ce moment précis que l’on a tous compris que le titre allait échapper aux français. La raison ? Un vieux fantôme qui hante depuis longtemps fans d’Alaphilippe. Un champion hors-normes qui semble s’embellir d’années en années, et ce malgré son âge avancé. Un espagnol à qui il ne manquait simplement qu’un titre mondial pour entrer à jamais dans la légende du cyclisme. Son nom ? Alejandro Valverde. Pour les amateurs de vélo nés à la fin des années 90, le murcien est presque comme un deuxième père. 16 ans chez les professionnels et plus de 120 victoires… du jamais vu depuis au moins 30 ans pour un « non-sprinteur ». Déjà 6 fois sur le podium des mondiaux depuis 2003, Valverde le savait, c’était sa dernière chance de porter un jour le maillot arc-en-ciel. En basculant dans la dernière descente avec Romain Bardet et Michael Woods, l’espagnol avait déjà course gagnée, et le retour de Tom Dumoulin à 3 kilomètres de la fin n’y changera rien ! Au sprint, le doyen espagnol a fait parler sa pointe de vitesse et s’est naturellement imposé devant le français, le canadien et le hollandais.

Voilà donc enfin le successeur d’Oscar Freire, dernier vainqueur espagnol de l’épreuve en 2004. A 38 ans, Alejandro Valverde devient le deuxième champion du Monde le plus âgé de l’histoire du cyclisme après Joop Zoetemelk (1985). Il l’avouera sur le podium, ce succès est certainement « la plus beau de sa carrière ». Une victoire aux allures d’exploit lorsque l’on se remémore sa terrible chute le 1er Juillet 2017 sur le Tour de France. Sa fracture de la rotule nous a laissé penser qu’il était fini pour le vélo… il a finalement réalisé une saison formidable (14e victoire hier). La 7e apparition sur le podium des mondiaux aura donc été la bonne pour Valverde qui succède au triple champion, Peter Sagan. Le slovaque a d’ailleurs eu la classe de remettre la médaille d’or à l’espagnol, signe d’une passation de pouvoir entre deux coureurs qui se respectent énormément !

Source : ABC

 

 

Les mots de Valverde à l’arrivée (Eurosport) « J’ai tellement cru ne jamais être champion du monde… Je me suis battu pendant des années. J’ai été près du but beaucoup de fois mais je n’ai jamais gagné l’or. J’ai failli m’avouer vaincu mais j’ai finalement tout donné. »

Elliott Bureau

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