Liz Truss ou comment le Royaume-Uni s’enfonce dans la crise

Liz Truss ou comment le Royaume-Uni s’enfonce dans la crise

Le 25 octobre dernier, Rishi Sunak devient le nouveau Premier ministre britannique… Le troisième en seulement 10 mois. Il succède au mandat éclair de Liz Truss. Retour sur plusieurs semaines désastreuses qui ont enfoncé le Royaume-Uni dans une crise majeure. 

L’après Liz Truss, un bilan désastreux

La dernière Première ministre britannique quitte le gouvernement avec un triste lauréat : celui du mandat le plus court, 44 jours. Le précédent record remonte à 1827, il était détenu par George Canning, resté 118 jours au pouvoir. Et encore, son mandat fut interrompu par sa mort soudaine, c’est dire.

Arrivée au pouvoir le 6 septembre, elle succédait à Boris Johnson. Le parti conservateur se remettait à peine du départ humiliant de l’ancien Premier ministre et du scandale du « party gate ». Pourtant, son arrivée est déjà entachée par les critiques : son propre parti, peu enchanté, aurait préféré son rival. Débutent alors 6 semaines politiquement compliquées pour le pays.

Les britanniques sont sceptiques sur le discours de leur nouvelle Première ministre, alors que l’inflation avoisine les 10% au Royaume-Uni et s’enfonce de plus en plus dans une crise énergétique sans précédent. « Elle partait avec un capital sympathie beaucoup plus bas que Boris Johnson. D’une certaine façon, elle était en période d’essai », déclare Clémence Fourton, maîtresse de conférence en études anglophones à Sciences-Po Lille.

 

L’économie britannique mise à mal

L’ancienne ministre des Affaires étrangères a du mal à faire sa place. Entravée par le décès de la reine Elisabeth II, le 9 septembre, elle présente, une quinzaine de jours plus tard, un « mini budget », sorte de plan de relance de la croissance. Son objectif ? Baisser les impôts des plus riches et des entreprises et mettre en place des mesures de soutien pour les ménages britanniques, fortement impactés par l’explosion des prix de l’énergie. Un plan politiquement périlleux alors que le coût de la vie ne cesse de croître, d’autant plus que ce mini budget serait au seul bénéfice des plus aisés et que les dépenses publiques se verraient forcément augmenter. Le financement reste imprécis : elle prévoyait de le faire grâce à la croissance et des emprunts.

La panique gagne l’économie britannique. Le pays plonge dans la crise économique : le cours de la livre chute magistralement, à l’inverse, les taux d’emprunts de la dette s’envolent.

 

La crise de trop ?

Tant le parti conservateur que les marchés financiers s’inquiètent. La pression monte et le plan de relance est finalement abandonné. La tempête continue et trois semaines après, pour calmer les critiques, elle fait un dommage collatéral : le ministre des Finances de Liz Truss, Kwasi Kwarteng, qui finit limogé. Ce virage inattendu précipite alors la Première ministre vers sa chute.

La dirigeante plonge dans ses derniers retranchements. Déterminée à rester au pouvoir, elle enchaîne les apparitions médiatiques et notamment des interviews jugées désastreuses par la presse. Les critiques sont partout et viennent même du Fond Monétaire Internationale ou encore de dirigeants, comme Joe Biden. Un fait extrêmement rare pour des pays amis du Royaume-Uni.

Son mini budget finit par être abandonné. L’effet ne tarde pas du tout à se faire sentir : la livre repart instantanément à la hausse, les marchés financiers sont rassurés mais les tensions persistent. Était-ce une erreur politique, et notamment une absence de prise en compte du contexte économique ou alors une incompétence ? Difficile à répondre mais elle finit poussée vers la sortie par son propre parti. Les conservateurs n’en ressortent pas indemnes et ont perdu toute leur crédibilité en matière de gestion de l’économie.

Après 44 jours de fonction, elle quitte le 10, Downing Street le 20 octobre. Un passage éclair pour Liz Truss alors qu’il était difficile d’imaginer qu’il était possible de faire pire que Boris Johnson.

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