L’industrie musicale et l’écologie sont-elles incompatibles ?

L’industrie musicale et l’écologie sont-elles incompatibles ?

Les concerts ou encore les festivals sont des activités très polluantes entre  le matériel de son, les éclairages… Cela représente un coût environnemental énorme. Selon les informations de la BBC, environ 405 000 tonnes de CO2  sont générés chaque année par les concerts au Royaume-Uni. Est-il donc  possible de relier l’écologie à l’activité musicale live ? 

Le nouveau défi des artistes

En novembre 2019, le groupe Coldplay annonce l’annulation de leur tournée pour des raisons écologiques. Ils se sont fait une promesse : trouver des solutions écologiques afin de revenir avec une tournée plus éco-responsable. Durant leur dernière tournée, le groupe britannique avait émis environ 3 000 tonnes de CO2 avec la mobilisation de 32 semis remorques, 109 techniciens, 122 concerts dans 4 continents. Cette tournée avait regroupé près de 5,4 millions de spectateurs, qui ont également émis énormément de CO2 avec, par exemple, les déplacements des personnes pour les concerts.  

Pour leur tournée Music of the Spheres, le groupe s’est engagé à réduire de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre avec de nombreux actes pour l’environnement. Pour cela, ils soutiennent de nombreux projets basés sur la reforestation, la conservation, … Leur tournée actuelle est également alimentée par des énergies renouvelables grâce à une batterie de spectacle rechargeable, un sol  cinétique, des vélos électriques qui servent à alimenter une partie du show. Le groupe a également promis de planter un arbre à chaque billet vendu. Mais Greenpeace alerte sur le fait qu’en contribuant à des projets compensatoires, cela met plusieurs années à se mettre en place. Les ambitions du quatuor ne sont qu’illusions d’après de nombreuses ONG. 

Du côté français, le groupe Shaka Ponk est actuellement en train de réaliser sa dernière tournée intitulée « The Final F*cked Up Tour ». Ils dissolvent le groupe afin de rester en cohérence avec leurs convictions écologiques. Il était devenu difficile de relier l’écologie et les grosses tournées dues à leur succès. Shaka Ponk mettent en avant des causes environnementales et écologiques, ils sont à l’initiative du collectif The Freaks, c’est un ensemble d’artistes engagés pour adopter de nouveaux comportements pour lutter contre la pollution et le réchauffement climatique dans leurs pratiques. Leur but à la fin du groupe est de se réinventer et de faire tout leur possible pour être les plus éco-responsables possible avec leur activité. Le groupe de rock veut continuer la musique, mais autrement. Ils vont faire un autre groupe en consultant au préalable des professionnels de l’écologie comme l’a annoncé Frah, un des leaders du groupe. Il considère qu’il faut penser une nouvelle façon de faire des concerts, des tournées.  

 

Les conséquences de l’industrie musicale actuelle

Les festivals ou même les concerts entraînent de nombreux dégâts pour l’environnement. Le transport des personnes et du matériel représente environ 75%  des émissions de gaz à effet de serre, surtout ceux faits par les spectateurs qui représentent 66% des émissions.  

En dehors des déplacements, les salles de spectacles polluent également. Elles émettraient entre 1200 tonnes (située en centre-ville) et 1500 tonnes (située en périphérie) de CO2 chaque année. Mais les émissions à effet de serre ne sont pas les seuls impacts sur l’environnement, les déchets que ces spectacles procurent, ont des conséquences sur la biodiversité. Il y a également la pollution numérique due aux données mise en ligne pour communiquer autour des spectacles, en diffusant des vidéos en 4K et en HD. Les mises en scène de certains shows entraînent également beaucoup de pollutions. Comme par exemple avec le groupe de métal allemand, Rammstein. Les installations pyrotechniques de Rammstein permettent un gigantesque spectacle enflammé. Mais à quel prix ? Pour ces shows pyrotechniques, cela nécessite environ 1000 litres de carburant par représentation. C’est une quantité énorme, d’autant plus qu’on ne sait pas s’ils se déplacent avec le carburant dans les camions de tournée ou non. De nombreux artistes utilisent la pyrotechnie pour pimenter leurs concerts et ces utilisations ne sont pas forcément prises en compte dans les émissions de CO2.

 

Un déclic écologique

Malgré tout, les artistes commencent à s’engager pour l’environnement. Le groupe britannique Massive Attack, a commandé une étude auprès du Tyndall Center for Climate Change sur le bilan carbone des tournées de concerts. L’étude propose un plan d’actions de réduction de bilan carbone à l’horizon de 2050. Cette étude comprend des mesures spécifiques aux différents acteurs de l’industrie comme les lieux de spectacles, gouvernements, fournisseurs, équipes techniques et artistiques.  Le groupe s’est donc engagé à appliquer les mesures à leurs propres tournées. Les artistes se mobilisent de plus en plus autour des enjeux écologiques avec la création  de collectifs par exemple. Music Declares Emergency est l’un des collectifs les plus connus. Un de leurs principaux objectifs est d’impulser la transition énergétique de l’industrie musicale. Il y a plus de 3 000 artistes et 1400 organisations signataires comme Tom Odell, Massive Attack, mais également des labels et boîtes de production tels que Warner Music UK par exemple.  

De nombreux dispositifs sont mis en place avec la création de scènes, salle de spectacle éco-responsables, l’installation d’éco-villages dans les festivals, l’utilisation de l’énergie photovoltaïque, le tri des déchets, la collecte de batteries usagées pendant les tournées comme par exemple dans la tournée « Love on Tour » de Harry Styles, l’utilisation de matériaux durables, la création de merchandising éco responsable, etc …  

L’écologie et la musique ne sont donc pas incompatibles, il est possible de relier les deux ! Mais pour cela, les artistes doivent changer leur manière de performer, de se déplacer et les spectateurs doivent changer leur manière de consommer. D’ici quelques années, il sera possible de faire des tournées totalement éco-responsables. Des artistes tels que Coldplay ou Massive Attack ont littéralement lancé une nouvelle norme pour l’ensemble de l’industrie musicale. Grâce à la tournée actuelle de Coldplay, plus de 7 millions d’arbres ont été plantés suite à leur promesse. Leur défi de diminuer de 50% l’émission de CO2 pour cette tournée est réussi, car après deux ans de celle-ci, les émissions directes de CO2 sont 59% inférieures à celles de leur précédente tournée. 

 

©Freepics

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