« L’Amour Ouf », une mélodie douce-amère de Gilles Lellouche  

« L’Amour Ouf », une mélodie douce-amère de Gilles Lellouche  

Le 16 octobre 2024, Gilles Lellouche signait la sortie en salle de son troisième long métrage en tant que réalisateur. L’Amour Ouf offre aux quelque 86 000 spectateurs venus à l’occasion, une histoire folle, digne de Roméo et Juliette, sur un fond de The Cure.  

Depuis plus de 17 ans, l’acteur et réalisateur faisait germer dans un coin de sa tête l’adaptation au cinéma du roman de Neville Thompson, publié en 1997 : Jackie loves  Johnser OK ?

L’intrigue est commune : deux jeunes que presque tout oppose se rencontrent et tombent fou l’un de l’autre. Jackie (Mallory Wanecque), pantalon écossais et mocassins vernis, est studieuse mais rebelle, couvée par un père aimant. Clotaire (Malik Frikah), crâne rasé et veste en cuir, est déscolarisé et ne vit que pour faire les 400 coups avec ses potes.

Dans un décor du nord de la France des années 80, leur idylle grandit, mais Clotaire s’enfonce dans le crime jusqu’à se faire accuser d’un meurtre, se retrouvant condamné à  12 ans de prison.  

C’est à l’âge adulte que le film se poursuit : le couple est incarné par Adèle Exarchopoulos et François Civil, et l’innocence du premier amour s’éclipse, laissant place à un thriller de gangsters.

Héritage et influence du Cinéma  

Les premières scènes du film montrent le rôle, presque vital, qu’occupe la bande son chez Gilles Lellouche. Influencé par le cinéma de Scorsese, par Outsiders de Francis Ford Coppola, ou encore West Side Story de Leonard Bernstein : les scènes sont toutes empreintes d’amour, de violence, parfois d’humour, mais par-dessus tout, de musique.

Le réalisateur met au cœur de L’Amour Ouf, une BO qui s’étale des années 80 aux années 2000, à l’image de l’histoire des protagonistes.

Une bande son éclectique  

Rock’n’roll, Hip-Hop, New Wave, électro et RnB, il est difficile de ne pas bouger une oreille ou de se mettre à chantonner discrètement lorsque Nothing Compares 2 U de Prince, That’s my People de NTM, ou encore Eyes Without A Face de Billy Idol se met à être joué.

Les musiques originales, sous l’égide du célèbre compositeur américain Jon Brion  (Magnolia, Lady Bird, Eternal Sunshine of the Spotless Mind…), sont composées de  nombreux tubes de cette époque.

Pour s’accorder leurs droits, il a fallu débourser pas mal d’efforts : le budget musical est d’à peu près 750 000 €, selon les producteurs Alain Attal et Hugo Sélignac (BFMTV).  Mais il faut aussi convaincre leurs détenteurs, parfois très difficiles à amadouer : pour Nothing Compares 2 U, qui revient à trois reprises dans le film, Lellouche a dégoté sa plus belle plume en écrivant une note d’intention.

Si les droits ne sont pas accordés, il y a un plan B ou C pour presque chaque morceau choisi, mais il y a certains sons qu’il était inimaginable de ne pas intégrer au long métrage…

L’univers du groupe de rock The Cure est présent tout au long du film, la chanson A Forest, était, depuis plus de 17 ans, indispensable pour Lellouche, ne pouvant faire  l’impasse dessus. Pour lui, The Cure symbolise à merveille le tourbillon de tendresse et de mélancolie qui imprègne l’adolescence, lieu idéal pour accueillir et construire l’histoire d’un premier amour.  

La musique au cœur du romantisme  

La passion entre Clotaire et Jackie est montrée sous un prisme musical, pas seulement grâce à la bande son mais aussi par des scènes utilisant cet art : une offrande d’un album des Cure, Seventeen Seconds, une danse en duo sur un morceau ou encore avec une cassette enregistrée à leurs initiales.

Et quoi de mieux que de se voir offrir une chanson d’amour pour avouer ses sentiments :  « On ne regarde pas trois cents fois le même film, on ne lit pas trois cents fois le même roman alors qu’on peut écouter dix mille fois le même morceau dans sa vie. Et il n’y a pas de plus belle déclaration d’amour que d’offrir des chansons » selon le réalisateur.

L’Amour Ouf offre aux spectateurs deux heures et demie de film mélodieusement dédié à… L’Amour avec un grand A, accompagné de « vieux » tubes, rendant nostalgique d’une époque que certains n’ont même pas connue, autant que ceux l’ayant vécue.

Et aller voir le dernier film français en vogue pourrait, pourquoi pas, donner à quelques-uns l’idée, pour déclarer leur flamme, d’écrire et de dédier 457 mots à leur partenaire, comme Clotaire à Jackie…

 

Crédits photo : Allociné ; Affiche promotionnelle

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