La chambre d’à côté, un énième chef d’oeuvre « almodovarien » 

La chambre d’à côté, un énième chef d’oeuvre « almodovarien » 

Attention, cet article aborde des thèmes tels que le suicide et l’euthanasie qui peuvent heurter la sensibilité. 

Adapté du roman « What are you going through » de Sigrid Nunez, « Quel est ton tourment ? »  dans sa version francophone, Pedro Almodóvar débute l’année 2025 en nous livrant un nouveau long métrage. Pour son premier film en anglais, il réunit les actrices Tilda Swinton et Julianne Moore dans un drame d’environ 110 minutes.  

Après s’être perdues de vue pendant plusieurs années, Martha et Ingrid reprennent contact lorsque cette dernière apprend que son amie est atteinte d’un cancer du col de l’utérus en phase terminale. Ayant travaillé dans le même journal, les deux ex-collègues tentent aussi bien que possible de rattraper le temps perdu et de profiter de ces derniers moments. La thématique de la mort revient régulièrement dans les œuvres d’Almodóvar, mais dans La chambre d’à côté, le réalisateur nous offre une toute nouvelle approche.

Les deux amies s’opposent par leur vision de la mort. Alors que Martha semble l’approcher avec sérénité, reconnaissant son aspect inévitable, Ingrid de son côté en est terrifiée.

Dans nos sociétés actuelles où l’euthanasie est une question en débat, Pedro Almodóvar nous invite à nous asseoir et à observer la question sous divers angles. Elle se définit comme une pratique visant à provoquer le décès d’un individu atteint d’une maladie incurable. Bien qu’il nous soit rappelé au long du film que cette pratique est interdite aux États-Unis, le réalisateur  nous pousse à remettre en question nos idées préconçues.

Martha, malade, voit cela comme une manière de rester maîtresse de son destin et de ne pas laisser le cancer décider pour elle.

La frontière entre euthanasie et suicide apparait alors relativement fine. Puisque alors que le premier procédé est interdit, rien n’empêche réellement une personne d’employer la seconde méthode, qui s’opère rarement de façon douce. Toutefois, des questions morales et éthiques entrent en jeu, rendant la question compliquée.

Au-delà de la thématique, on retrouve son style atypique, que ça soit dans les compositions ou les couleurs. La maison de campagne où les deux amies se rendent l’illustre particulièrement.  Ses œuvres s’inspirent du travail d’Alfred Hitchcock, en passant par Luis Buñuel ou encore Andy Warhol. Son univers propre à lui même lui a valu l’invention de son propre adjectif. On parle désormais de style « Almodovarien« .

Parti à Madrid contre le gré de ses parents, c’est là-bas qu’il découvre ses inspirations majeures.  Autodidacte, il enchaîne les petits boulots et apprend dans l’idée de devenir un jour réalisateur.  Aujourd’hui devenu une grande figure du cinéma espagnol, on le connait grâce à ses nombreux films, parmi les plus célèbres « Volver », « Tout sur ma mère » et « La piel que habito ». Son travail est marqué par l’importance qu’il accorde aux femmes, notamment aux relations qu’elles entretiennent entre elles. Il s’inscrit également dans le cinéma queer, abordant l’homosexualité ou bien la transidentité.

Pedro Almodóvar, par ses thématiques et sa manière de réaliser, continue de surprendre aussi bien le monde du cinéma que la société en elle-même.

Crédits photo : affiche promotionnelle

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