Kim Ju-ae, future guide suprême de la Corée du Nord ?

Kim Ju-ae, future guide suprême de la Corée du Nord ?

Kim Ju-ae, fille chérie du leader nord-coréen Kim Jong-un, est une nouvelle fois apparue en public au mois de mars 2024. Cette mystérieuse jeune fille, dont l’existence n’est reconnue que depuis 2022, a été pour la première fois qualifiée de “grande personne de conseil”, ou de guide, un terme réservé aux hauts dirigeants. La possibilité que Kim Ju-ae succède à son père se confirme de jour en jour. 

En mars 2024, l’adolescente a pour la première fois été qualifiée de «grande personne de conseil», un terme réservé aux hauts dirigeants. L’agence de presse KCNA, média d’État nord-coréen, a utilisé cette expression pour décrire Kim Ju-ae dans un récent reportage, associant ainsi pour la première fois la fille du dirigeant à un tel titre. “D’habitude, le terme hyangdo (qui signifie “guide”) est utilisé uniquement pour décrire les officiels de plus haut rang”, a confirmé Koo Byoung-sam, porte-parole du ministère de l’Unification de Séoul, soulignant ainsi le caractère exceptionnel de cette désignation.

“Ce niveau d’adoration personnelle pour Kim Ju-ae laisse fortement penser qu’elle succédera à Kim Jong-un en tant que prochain dirigeant de la Corée du Nord ”, analyse Yang Moo-jin, président de l’université des études nord-coréennes à Séoul.

Les médias d’Etat la qualifient régulièrement d’”étoile du matin de Corée” et d’”enfant bien-aimée”. 

La dynastie Kim

La nouvelle apparition publique de la fille de Kim Jong-un confirme une fois de plus, selon les experts, la vision dynastique que le dirigeant nord-coréen entretient pour son pays. Depuis sa fondation, la Corée du Nord a été dirigée par trois générations de la famille Kim. La famille est considérée comme étant issue d’une lignée sacrée, ce qui signifie qu’eux seuls peuvent diriger le pays. Kim Jong-Un voudra s’assurer de transmettre le flambeau à la quatrième génération.

Le directeur du Service national du renseignement (NIS) sud-coréen, Cho Tae-yong, avait confirmé, le 4 janvier 2024, dans une évaluation, les prédictions des analystes en déclarant estimer Kim Ju-ae comme le “successeur le plus probable” de son père. Selon les renseignements sud-coréens, Kim Jong-un, petit-fils du père fondateur de la Corée du Nord, Kim Il Sung, a épousé Ri Sol Ju en 2009. Elle a donné naissance à leur premier enfant l’année suivante, le deuxième et le troisième sont nés en 2013 et en 2017.

En 2013, la star de la NBA Dennis Rodman avait accidentellement confirmé l’existence d’enfants du dirigeant nord-coréen à son retour de Corée du Nord. Il avait affirmé avoir, lors de cette entrevue, rencontré une fille de Kim : Ju-ae. Il avait même déclaré que Kim Jong-un était “un bon père”.

Pour Cheong Seong-chang, spécialiste de la Corée du Nord à l’institut sud-coréen Sejong, Ju-ae, dont le prénom n’a jamais été confirmé, pourrait être le deuxième enfant de Kim. Selon toute vraisemblance, elle serait ainsi née en 2013 et aurait donc 11 ans. L’agence officielle d’Etat KCNA n’avait jamais, avant 2022, mentionné les enfants, ni même confirmé l’existence d’une famille au sein du clan dirigeant. 

Kim Jong-un a choisi de présenter sa fille pour la première fois après une série record de tirs d’essai de ses missiles balistiques en 2022. Depuis la révélation de son existence, elle a participé à de nombreux événements officiels, notamment à des exercices militaires, à la visite d’une usine d’armement, d’un élevage de poulets et à un défilé militaire. Lors d’une parade militaire marquant le 75e anniversaire de la fondation du pays le 8 février, le maréchal Pak Jong Chon, l’un des officiers militaires les plus puissants du Nord, a été aperçu agenouillé devant Ju-ae. Un signe d’allégeance qui ne trompe pas, selon des analystes. 

“Pak représente l’armée nord-coréenne et il a publiquement prêté allégeance à Ju-ae”, analyse Ahn Chan-il, un ancien militaire nord-coréen devenu chercheur en Corée du Sud où il dirige l’Institut mondial d’études sur la Corée du Nord.

Dictateur au féminin

Mais pourquoi Kim Jong-un tient-il tant à présenter sa fille comme son héritière ? Kim Jong-un lui-même aurait été désigné comme le successeur de son père Kim Jong-Il à seulement huit ans, mais uniquement dans le cercle fermé des chefs militaires. Son rôle d’héritier n’a été révélé publiquement qu’un an avant la mort de son père. 

Kim Jong-un, 40 ans, craint-il pour sa santé ? Souhaite-t-il un début à la tête du pays plus facile à sa fille, que ce qu’il a connu ? Ou bien veut-il surmonter les préjugés d’une société profondément patriarcale ? La Corée du Nord n’a jamais été dirigée par une femme, bien qu’elle compte quelques femmes à des postes élevés, la sœur de Kim, Kim Yo-Jong, en est l’exemple le plus frappant.

Pour James Fretwell, analyste pour la plateforme de surveillance nord-coréenne NK News, “Si la Corée du Nord est une société dominée par les hommes, c’est aussi une société dominée par les Kim“. Cependant, installer une femme au sommet demandera du travail pour qu’elle soit véritablement acceptée par le peuple, l’armée et l’élite.

Le président de l’Université des études nord-coréennes à Séoul, soulignait l’année dernière qu’il était encore très probable que “Ju-ae soit juste utilisée (à des fins de propagande) (…) et que le fils aîné de Kim soit en train de se préparer à la succession à huis clos”. Cependant, son fils n’a encore jamais été vu en public et serait élevé dans le plus grand des secrets, à l’abri des regards.

Le mystère est une valeur chère au gouvernement nord-coréen. Aucune information sur la vie privée de Kim Jong-un n’a été confirmée officiellement par Pyongyang, qu’il s’agisse de son mariage ou de ses enfants. Séoul semble être la source la plus fiable pour briser le palais de glace de la famille Kim. 

 

Lily REY 

Crédits photo : @thoeva/Unsplash

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