Ye West, anciennement nommé Kanye West, n’a pas manqué de faire parler de lui ces dernières semaines. Entre polémiques, projets démesurés et propos antisémites, son influence sur le monde n’est plus à prouver. Une question demeure : faut-il séparer l’homme de l’artiste ?
Une ascension au pouvoir
Kanye West commence sa carrière en tant que producteur. Il rencontre un succès instantané et se distingue dans l’industrie, avec l’album The Blueprint de Jay-Z et des travaux avec des artistes de renommée tels qu’Alicia Keys et Janet Jackson. Adepte du “chopping”, il se démarque par son utilisation fréquente de samples, qu’il découpe et réintègre dans ses projets.
En 2004, il sort son premier album The College Dropout qui rencontre un succès critique et commercial. Plus rien n’arrête la star. Il enchaîne les disques en traitant différents sujets qui lui tiennent à cœur : la liberté, la religion, l’école, la famille. Il s’inscrit aux côtés des plus grands artistes avec plus de 32 millions de ventes et 100 millions de téléchargements dans le monde.
Collaborations après collaborations, la discographie de Kanye West est remplie de fantasy. Alicia Keys, Nicki Minaj, Jay-Z, John Legend ou encore les Daft Punk, tout le monde veut une part du gâteau. Les années confirment un succès époustouflant : avec 24 Grammy Awards, il devient le rappeur le plus primé de tous les temps.
Au cours de sa carrière, il choisit d’élargir son image. Il crée son propre label G.O.O.D MUSIC et DONDA une entreprise spécialisée en réalisation artistique. Il continue avec une ligne de vêtements, des chaussures Nike “Air Yeezy” ou encore des collaborations avec GAP, Adidas, et Louis Vuitton. Les bad buzz qu’il sème derrière lui deviennent de plus en plus nombreux et détiennent une influence médiatique démesurée.
Une maladie destructrice
Tout au long de sa vie, Kanye West enchaîne les polémiques. Son personnage est celui d’un individu impulsif qui exprime haut et fort ses opinions. En 2009, il monte sur la scène des MTV VMA pour déclarer que l’album de Beyoncé était meilleur que celui de Taylor Swift. En 2020, il se présente aux élections présidentielles américaines avec le “Birthday Party”. Plus récemment, il remet en question la mort de George Floyd qu’il justifie par une overdose de Fentanyl. Quelques jours plus tard, il tient des propos antisémites devant les médias. Les procès s’enchaînent, mais le rappeur tient bon, il s’autoproclame mis sur terre par Dieu pour protéger notre liberté de penser et d’expression.
Beaucoup interprètent ce comportement comme symptôme d’une maladie mentale. Déclaré bipolaire en 2016, le sujet devient sensible lors d’échanges avec l’artiste. En 2020, lors d’une intervention publique complètement déjantée, il avoue ne plus suivre son traitement. Les connaisseurs perçoivent, dans ses publications agressives et lunaires sur les réseaux sociaux, des indices d’alternance entre phases maniaques et dépressives. Ce trouble semble aussi engendrer de la paranoïa chez la star qui accuse le monde de vouloir le censurer. Dans ses prises de paroles, il soutient des idées complotistes et tient des discours mégalomanes.
Kanye aborde sa maladie dans son album YE. La couverture nous ancre dans le thème, avec une phrase qui renvoie à la réalité de la bipolarité : “I hate being Bi-Polar, it’s awesome” (Je déteste être bipolaire, c’est génial). Dans une introspection surprenante, Ye West choisit une production plus discrète pour mettre en avant ses paroles et méditer sur sa folie. Une réalisation épatante qui met en lumière une minorité négligée.
Il s’inscrit comme une des rares personnalités publiques de son statut à ouvertement partager ses pensées obscures et ses opinions brutes. Il souhaite promouvoir et protéger ces droits d’expression. Kanye West a été banni d’Instagram à plusieurs reprises à cause de ses propos, et a alors acheté le média Parler en octobre 2022. Il désirait s’assurer que les opinions conservatrices puissent être manifestées sans contraintes.
Ses interventions antisémites ont obtenu le soutien de groupes extrémistes. Les manifestations et agressions contre la communauté juive se sont alors multipliées aux Etats-Unis. Les marques Adidas et Balenciaga, ont décidé de mettre fin à leur partenariat avec l’artiste et de condamner son racisme.
C’est une véritable guerre médiatique qui se joue. Plus qu’une arme politique, Kanye West se transforme en symbole d’une révolution extrémiste. Les entreprises le rendent coupable, tout comme de nombreuses célébrités.
Mais qu’en sera-t-il de son public et quel impact sur sa carrière cela va-t-il avoir ?
De son côté, Ye se tourne vers son dernier projet en date : construire un écosystème de mini-villes sous le nom de YECOSYSTEM.
Crédit photo : Peter Hutchins – flickr
Étudiante en information & communication anglais. Toulousaine dans l’âme, accompagnée d’un bel accent chantant. Ce que j’aime par dessus tout, c’est découvrir les personnes qui m’entourent ! Pour moi la vie « c’est d’abord des rencontres »
Contact : marie.conche (instagram)