Parmi les plus grandes légendes du rap américain, certains noms reviennent toujours en tête : Tupac Shakur, Jay-Z, Kanye West ou encore Kendrick Lamar. Mais pour les plus jeunes générations, d’autres noms émergent. Actuellement sous-évaluée, leur influence sur la scène musicale se fera sentir dans les années à venir. Parmi ces figures, un nom semble avoir marqué profondément la nouvelle génération : celui d’un rappeur qui chantait son amour et sa souffrance, ses addictions et ses espoirs : Juice Wrld. Retour sur un artiste qui, en quelques années, a durablement influencé le monde du rap et laissé un héritage considérable.
Né le 2 décembre 1998, Juice Wrld, de son vrai nom Jarad Anthony Higgins, grandit dans la banlieue sud de Chicago. Après le départ de son père, sa mère assume seule l’éducation de Jarad et de son frère. Très jeune, il développe une forte attirance pour la musique. Sa mère l’inscrit à des cours de piano, de guitare et de batterie. Mais ce qui fascine encore plus Jarad, c’est le rap, qu’il découvre à l’âge de 9 ans grâce à son cousin. Très vite, il devient le « freestyleur » de son école. Une histoire d’amour va cependant bouleverser sa vision musicale. Attiré par une fille fan de rock, il se plonge dans ce genre musical à travers des groupes comme Fall Out Boy ou Senses Fail. Cette découverte contribuera à forger le style musical singulier de Juice Wrld. Cependant, à l’âge de 12 ans, Jarad sombre dans une addiction aux drogues, notamment aux opiacés comme le Xanax et la Lean.
Encouragé par ses amis, Jarad commence à écrire ses propres morceaux et les publie sur SoundCloud. Il choisit le pseudonyme Juice Wrld, inspiré du personnage joué par Tupac Shakur dans le film Juice. En février 2015, il sort son premier morceau, Forever. On y trouve déjà les ingrédients caractéristiques de son style : une production emo-rap, parfois lo-fi, des textes explorant l’amour, la tristesse et l’addiction. Pendant un an, Juice continue de poster des morceaux sur SoundCloud, perfectionnant son style. En 2016, il rencontre Nick Mira, un jeune producteur qui deviendra plus tard un acteur majeur de la scène musicale, notamment avec des succès comme Ransom de Lil Tecca ou Lemonade de Internet Money.
Les années 2017 et 2018 marquent un tournant pour Juice. Après une rupture amoureuse qui le touche profondément, il se consacre entièrement à la musique. Durant l’été 2017, il sort une mixtape intitulée JuiceWorld 999, toujours en collaboration avec Nick Mira. Le chiffre « 999 » devient sa marque de fabrique, symbolisant l’inverse du « 666 » et reflétant l’idée que les choses négatives peuvent être transformées en positives. Bien que la mixtape suscite un certain intérêt, c’est un titre, Lucid Dreams, qui commence à se démarquer timidement.
Après avoir obtenu l’équivalent du baccalauréat aux États-Unis, Jarad décide de se consacrer entièrement à la musique. En novembre 2017, il sort un nouvel EP, Nothings Different <3, qui contient le titre All Girls Are The Same. Ce morceau retient l’attention de Cole Bennett, réalisateur de clips et figure incontournable de la chaîne YouTube Lyrical Lemonade, dédiée à la promotion de jeunes talents. Le clip d’All Girls Are The Same fait sensation, propulsant Juice sur le devant de la scène. Dans la foulée, Bennett réalise également le clip de Lucid Dreams, qui devient un immense succès avec plus d’un milliard de vues sur YouTube et 2,6 milliards de streams sur Spotify. En quelques mois, Juice Wrld passe de parfait inconnu à star internationale.
En mai 2018, il sort son premier album, Goodbye & Good Riddance, qui atteint la 15e place du Billboard 200. L’album explore des thèmes comme les ruptures amoureuses et l’addiction, notamment avec des morceaux tels que Lean With Me ou I’ll Be Fine. Ce succès commercial confirme son ascension fulgurante.
En 2019, Juice Wrld s’impose comme une figure incontournable. En réponse à des critiques sur son niveau de rap, il multiplie les freestyles impressionnants, notamment sur des radios comme Mouv’, où il performe sur l’instrumental de Reine de Dadju. Cette année-là, il prend également sous son aile un jeune rappeur australien, The Kid LAROI, qui deviendra plus tard une star mondiale. En mars 2019, Juice sort son deuxième album, Death Race for Love. Plus mature, cet album célèbre l’amour plutôt que les ruptures, avec des titres comme Robbery, dédié à sa petite amie Ally Lotti. L’album débute à la première place du Billboard 200, avec 165 000 ventes en première semaine.
Cependant, 2019 est aussi une année sombre pour Juice Wrld. En pleine tournée, il perd son père, un événement qu’il affronte courageusement sur scène. Mais son addiction aux drogues, notamment à la Lean, continue de l’affecter. Face à la pression grandissante et aux moqueries sur son physique, il envisage une cure de désintoxication. Le 8 décembre 2019, alors qu’il voyage avec ses proches et The Kid LAROI, son jet privé est intercepté à l’aéroport de Chicago pour une fouille. Pris de panique, Juice ingère plusieurs pilules. Il fait une crise convulsive sur place et décède quelques heures plus tard à l’hôpital des suites d’une overdose.
La mort de Juice Wrld secoue le monde du rap. De nombreux artistes comme Travis Scott, Drake et DJ Snake lui rendent hommage. En juillet 2020, son album posthume Legends Never Die sort et devient un immense succès, atteignant plus de 500 000 ventes en une semaine. Les morceaux, comme Stay High et Wishing Well, évoquent avec une sincérité poignante ses luttes contre l’addiction et l’anxiété, renforçant son impact sur la santé mentale des jeunes.
L’héritage de Juice Wrld est colossal. Pionnier de l’emo-rap et figure emblématique de la génération SoundCloud, son style unique a influencé des artistes comme The Kid LAROI, Iann Dior ou Trippie Redd. Par sa musique introspective, il a ouvert la voie à une discussion plus ouverte sur la santé mentale, résonnant profondément avec les jeunes générations. Juice Wrld reste une légende, une étoile filante dont la lumière continue de briller.
Crédits photos : Andy Jones via Flickr
Je m’appelle Poisbelaud Victor et je suis étudiant en deuxième année de
licence de Science de l’information et de la communication à l’université
Bordeaux Montaigne.
Étant une personne passionnée par divers sujets et aimant la rédaction,
j’aspire plus tard à devenir journaliste et à voyager autour du globe afin
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