Le 7 janvier 2025 a marqué un tournant au sein du Rassemblement National : Jean Marie Le Pen s’est éteint à l’âge de 96 ans. Fondateur du parti anciennement appelé Front National, le personnage aura laissé une trace indélébile dans la politique de la cinquième République. Tiraillés entre le respect, le mérite de la dignité humaine et l’immondice des propos et gestes de Jean Marie Le Pen, les politiques ont dû accomplir la délicate tâche de s’exprimer sur sa mort.
Comment s’exprimer publiquement sur la mort d’une personnalité jugée problématique, ouvertement raciste, islamophobe, homophobe, sexiste et antisémite. C’est la dure tâche qu’ont dû affronter les politiques il y a deux semaines. Les personnalités politiques se sont essentiellement exprimées sur le réseau social X, anciennement Twitter. Le président Emmanuel Macron ne s’est pas exprimé mais son premier ministre François Bayrou oui, en annonçant dans un post “Au-delà des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond, JM Le Pen aura été une figure de la vie politique française. On savait, en le combattant, quel combattant il était.” Un commentaire controversé essayant de rester objectif.
Le contraste des messages
Au-delà du devoir d’objectivité de son poste, d’autres figures telle que celle du président du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Philippe Poutou, n’hésitent pas à exprimer leur joie. Philippe Poutou dit dans un post Instagram : “C’est dingue, les vœux ça marche ! L’année 2025 ne commence pas trop mal avec cette bonne nouvelle de la mort de Le Pen […].”.
D’autres personnalités ont essayé de rester polies tout en gardant à l’esprit la controverse du personnage. François Ruffin énumère “Le FN fondé avec des Waffen SS, les ‘Durafour crématoire’ et les points de détails de l’histoire […] Un fasciste d’un autre temps s’en est allé. Mais laisse derrière lui des héritiers, très actuels.”.
Ces propos contrastent avec ceux qui étaient partisans des idées du père de Marine Le Pen. Le Président actuel du parti créé par Jean Marie Le Pen, Jordan Bardella s’est exprimé sur X en énonçant : “ Il a toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté”. Eric Zemmour, Président du parti d’extrême droite Reconquête a lui dit sur X “Il restera la vision d’un homme, et son courage, à une époque où les hommes courageux n’étaient pas si nombreux”. Et enfin, Marion Maréchal Le Pen, figure politique d’extrême droite et petite fille du défunt s’est exprimée sur X “Ceux que tu as côtoyé savent l’homme hors du commun que tu étais […] tu as passé 60 ans à les éveiller, à les alerter, à maintenir coûte que coûte la petite flamme espérance allumée […]”.
Des réactions controversées
La mort de Jean Marie Le Pen suscite un engouement médiatique et social colossal. Les médias s’arrachent la moindre information, et c’est Télérama qui a eu le meilleur scoop, “La photo”. Dessus, Marine Le Pen en pleurs dans l’avion juste après l’annonce sur décès de son père.
Toutes ces réactions renvoient la question de l’opinion publique et ce qu’il est acceptable ou non de dire.
Les médias et les journaux ont eux aussi dû réagir, avec des Unes spéciales. Libération a titré son numéro du lendemain “Maréchal, le voilà.”, en référence au chant des collaborateurs Vichystes. Le Parisien a lui titré, plus sobrement “C’était Le Pen…”. Le traitement de l’information selon la ligne éditoriale se fait ressentir.
Le soir même de l’annonce, beaucoup de rassemblements ont été recensés dans les villes de France. Des feux d’artifices ont été lancés, des pancartes étaient levées avec comme mots “Ce sale raciste est mort” ; “J’emmerde l’extrême droite et les Le Pen” ; “Quelle belle journée” ; “ENFIN”. Des chants se sont fait entendre “Il est mort ! Il est mort !”. Et des bouteilles de champagne ont explosé. Une question éthique s’est posée, car le 7 janvier commémore aussi les 10 ans des attentats de Charlie Hebdo.
Il est important de rappeler que Jean Marie Le Pen a eu des propos condamnés et condamnables, par exemple lorsqu’il a comparé les personnes malades du V.I.H. de “lépreux”, il a aussi dit “je pense que les chambres à gaz sont un point de détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale”. Il y a aussi de nombreux témoignages indiquant qu’il avait été tortionnaire lors de la guerre d’Indochine et d’Algérie, un poignard à son nom y a été trouvé. Marine Le Pen, sa fille, avait d’ailleurs pris la décision de l’exclure du Front National en 2015.
Cette figure politique qui a connu une montée au pouvoir lors des élections présidentielles de 2002 a toujours eu une image instable. Les réactions des français, des médias et des politiques reflètent le malaise général que représentait Jean Marie Le Pen.
Étudiante en L3 en information communication / allemand à Bordeaux Montaigne, je suis passionnée de cinéma, de musique, mais mon péché mignon c’est des documentaires Arte. J’espère vous faire découvrir de nombreux univers au travers de mes articles. Contact : cla.neuffer@gmail.com