Hubert Auriol : L’Africain au coeur de sable

Alors que le Dakar a pris fin hier soir, le monde du rallye vient de perdre une de ses légendes. Hubert Auriol, le triple vainqueur du rallye, s’est éteint le 10 janvier dernier à 68 ans laissant derrière lui, l’image d’un homme combatif toujours en quête de sensations.

 

L’Afrique et l’Africain

Né à Addis Abeba en Ethiopie le 7 janvier 1952, Hubert Auriol a l’Afrique dans le sang. Après un détour par l’industrie du textile en France, il fait la connaissance de celle qui deviendra presque la femme de sa vie et avec laquelle il vivra des hauts comme des bas : la moto et débute les compétitions en 1973. Au cours de sa vie, il ne fera que remercier ses origines en embrassant par 3 fois la victoire sur ses terres arides et désertiques qu’il apprécie tant. C’est sur le plus grand rallye raid du monde qu’Auriol fera ses preuves : le Paris-Dakar. Une course emblématique reliant historiquement la capitale française à celle du Sénégal, Dakar. Au fil des années, l’itinéraire évolue, se modifie, il passera parfois par l’Egypte ou, aura lieu dans sa totalité en Amérique du Sud. Cette année, c’est au Qatar que s’est déroulée la course mythique.

L’Africain, comme il se faisait appeler, la remportera lors de la 3 ème édition en 1981 au guidon de sa BMW après deux participations soldées d’un échec. L’année suivante, il abandonne sur casse mécanique et verra son grand rival et ami Cyril Neveu l’emporter. Auriol retrouvera rapidement la route de la victoire puisque l’année suivante, en 1983, il décrochera sa 2nd victoire sur le rallye.

 

Cyril Neveu, adversaire de toujours

Dès les premières années du Dakar, Cyril Neveu excelle et remporte les 2 premières éditions. Mais très vite, il se verra concurrencé par Hubert Auriol qui décroche son premier titre en 1981 quand Neveu, lui, rétrograde à la 25ème place. Lorsque l’un flanche, l’autre se voit récompensé du trophée. Ils sont comme de bons coéquipiers qui se donnent le relais, faisant presque oublier la compétition entre les deux hommes. Pendant les 5 premières années du Dakar, à eux seuls, ils dominent le classement de la catégorie moto avec, pour Neveu, 3 victoires (1979, 1980, 1982) et 2 pour Auriol (1881, 1983). 

 

 

L’accident 

Destiné à un avenir très prometteur, Hubert Auriol continu sur la même lancée. En 1984, il se classera 2ème du Dakar, mais il faudra attendre 1987 pour apercevoir l’aube d’une nouvelle victoire. Premier du classement provisoire à la veille de l’arrivée, c’est dans une lutte acharnée avec Cyril Neveu qu’Auriol prévoit le lendemain d’ajouter un 3ème titre à son palmarès. C’est sans compter sur la mécanique… Après avoir manqué une trajectoire, il décide de passer entre deux arbres. Mais à la vitesse hallucinante avec laquelle il évolue et un sol sablonneux, il manque de voir les souches d’arbres cachées dans le sable sur lesquelles ses pieds s’accrochent. Éjecté de sa moto, il perd un temps considérable.

Pendant 20 km et tant bien que mal, il finira l’étape, mais à l’arrivée, il prononcera en pleure et devant Neveu arrivé avant lui, sa phrase malheureusement devenue célèbre « J’ai les deux chevilles cassées ». Quelques minutes plus tard, allongé sur le sol, à l’agonie, devant les caméras, il capitulera et annoncera son arrêt de la moto, « C’était génial avec Cyril, on s’est battu, il est plus fort, j’arrête la moto ».

 

De deux roues à quatre

En véritable amoureux de l’Afrique, Hubert Auriol ne s’avouera pas vaincu. Remis de ses blessures Auriol fera son retour à la compétition 1 an plus tard en 1988, mais cette fois en catégorie auto. Au volant de son buggy, le désert s’avérera résistant à Auriol ne lui offrant qu’une 41ème place en 1989. Après deux éditions sans succès, l’arrivée de Philippe Monet comme co-pilote donne un nouveau souffle à Auriol lui permettant de monter dans le classement et de décrocher une 5ème place en 1991 puis le titre en 1992. Hubert Auriol devient alors le premier à remporter le Dakar dans deux catégories.

 

De l’autre côté du miroir 

Hubert Auriol se verra remercié par cette course dont il a fait sa vie puisqu’il en prendra la direction à partir de 1995 et ce pendant 9 ans. Sa carrière sera couronnée la même année par la Légion d’honneur et l’Ordre national du mérite. Après un court passage par la télévision en tant que présentateur de Koh-Lanta, Hubert Auriol finira sa vie en tant qu’organisateur de rallyes dont les itinéraires se devinent par le personnage puisqu’ils rallieront la France à l’Afrique. Cet Africain au cœur de sable sans cesse assoiffé de défis aura alors marqué son sport nous laissant en héritage son fair-play, sa pugnacité et sa persévérance.

 

 

 

 

Noa Darcel

 

Crédits photos : Bernard Papon – TF1 – DPPI / Panoramic

 

Share

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *