Salut les Moldus !
Nous voici de retour après la sortie tant attendue des Animaux Fantastique 2 (si vous n’avez pas lu notre article critique sur le sujet, je vous conseille vivement d’y remédier).
La dernière fois, les choses ont été laissées en suspens avec le 3ème film, Le Prisonnier d’Azkaban.
Passons désormais aux choses sérieuses. Alfonso Cuaron laisse sa place à Mike Newell pour l’adaptation d’Harry Potter et La coupe de Feu. Il faut souligner que tous les réalisateurs choisis sont des habitués d’adaptation de littérature anglaise sur grand écran. Et c’est bien la seule chose qu’ils ont en commun. Avec ce film, on entre dans la dans le plus volumineux des livres adaptés, et il a fallu faire des choix. Comme je l’ai expliqué dans l’article précédent, avoir fait l’impasse sur l’explication des animagus au moment où c’était opportun, à complètement foiré le potentiel de Rita Skeeter dans le film. Elle est réduite à quelques interviews qui ne servent pas à grand-chose à part énerver Hermione. En parlant d’Hermione, parlons des Elfes de maison ! Pensons a tout ce qui rentre en jeux dans la présentation de ce sous récit : le nombre d’elfes à modéliser, les innombrables séquences de trucages, les badges animés, les décors à créer, une semaine de tournage (à je ne sais combien de millions en plus), tout ça pour que les elfes demande à Hermione d’arrêter de les faire chier à la fin de l’histoire. Il ne faut donc pas être surpris que cela soit retiré du film.
Du coup pour rester logique, Dobby, qui devait offrir la plante permettant de rester sous l’eau à Harry, a été remplacé par Neville, car inclure l’elfe imposait de parler de son boulot à Poudlard. Il ne pouvait pas sortir de nulle part avec la plante, et s’il fallait l’introduire dans d’autres scènes, le temps de film et le budget augmenterait. Il faut bien comprendre que c’était la première fois qu’ils étaient confrontés à un tel besoin de condenser. Il a longtemps été question de séparer le film en deux, ce qui au final n’a pas été fait. Ils ont donc à la place supprimé tout ce qui n’était pas essentiel.
On peut constater également une progression vers un style plus adulte, finis les esprits qui font les débiles à chaque repas, maintenant il va y avoir des morts. Par ce que bon, la scène de fin c’est quand même un ados de 14 ans qui se fait enlever et mutiler par un groupe d’adultes ! Et le retour avec la scène de Cédric est absolument horrible.
L’une des choses géniales dans ce film, c’est la lumière. C’est assez rare quand cela marque, mais ici Newell et son chef opérateur arrivent à lui donner un aspect à la fois réaliste et magique. Surtout les nuits qui sont particulièrement biens éclairés, notamment toutes les scènes tournées dans le cimetière des Jédusor. Tout est parfaitement visible, avec comme lumière principale celle de la lune. Il y a un vrai travail de réalisation.
On peut dire que Mike Newell s’en sort très bien. Encore une fois le nouveau réalisateur tente de conserver dans son travail la mise en scène de ses prédécesseurs. Mais cela dit, il y a beaucoup de choses à faire rentrer et pour que cela passe il va falloir les faire visuellement. Comment simplifier, par exemple l’histoire des Croupton, sans avoir à tout expliquer oralement uniquement en rajoutant des scènes. Il va donc intégrer une synecdoque (un élément visuel ou sonore peut représenter un personnage). La magie et le cinéma font souvent bon ménage, et du fait de la transformation de Barty Croupton Junior en Maugrey Fol oeil, c’est le tic qu’il fait avec sa langue qui permet de le reconnaître.
De nouveaux personnages apparaissent dans ce film mais concentrons-nous sur Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, Lord Voldemort. Ralph Fiennes est absolument génial dans ce rôle malgré les réserves que certains avaient mis à l’époque sur sa performance dans son premier film, le jugeant trop énergétique à la limite de l’hystérie. Mais en même temps le gars a passé 11 ans hors de son corps dans une forêt en Albanie, 1 an à se prendre la tête avec Quirelle et 1 an à mettre en place son plan. En gros ça fait 13 ans que le mec a une vie de merde donc à sa place tout le monde serai hystérique en retrouvant sa forme physique. D’autant qu’à ce moment-là tout marche comme il le veut et son plan a parfaitement fonctionné. Bref, le film est intelligemment réalisé afin de mettre en avant les points importants.
La valse des metteurs en scène s’arrête ici : Mike Newell cède sa place à David Yates qui va s’occuper de toute la fin de la saga. Il parvient à donner une ambiance et une personnalité propre à chaque film alors qu’ils sont tous tournés sur la même atmosphère, certes plus sombres, mais surtout plus centrés sur les personnages. Le traitement d’Harry est forcément intéressant dans L’Ordre du Phoenix ou l’on découvre le lien qui le relie à Voldemort. Yates va le retranscrire avec un plan qui a probablement surpris tout le monde (dans la gare de Kings Cross), parce que c’est le premier plan purement symbolique et figuratif de l’histoire de la saga. Voldemort en costume noir intégral, observant Harry au milieu de la foule, l’illustration parfaite de l’ombre du mage noir qui plane au-dessus du monde de la magie.
Il est le premier à revenir sur les quatre films précédents à travers des montages, en particulier dans le passage où Voldemort essaie de prendre le contrôle d’Harry, en projetant des images du mal qui entoure le jeune homme, revenant ainsi sur la mort de Cédric. Harry se défend en se remémorant des passages heureux de chacun des films antérieurs. Une autre utilisation plus poussée est vue lors des cours d’Oclumentie, que donne Rogue à Harry, à partir de la moitié du film. Rogue s’incruste en effet dans les souvenirs d’Harry pour le pousser à réagir et à se protéger. Il y a un plan assez marquant : celui où Rogue apparaît dans le miroir du Riséd. Ces plans viennent du premier film (ils ont dû galérer ne serai ce que pour retrouver l’angle d’origine). De plus Yates réutilise astucieusement le mouvement des yeux d’Harry pour donner l’impression qu’il le regarde, alors que ces plans ont été tournés dans un tout autre but il y a plus de cinq ans. Une très belle démonstration de l’adoption de l’héritage de ses prédécesseurs. Malgré tout, même si cela reste très discret, il fera bien changer la saga Harry Potter. Les combats à la baguette sont désormais chorégraphiés, apportant ainsi plus de sens aux sorts et plus d’impact visuel. On notera aussi par exemple, l’utilisation d’une technique complètement banale aujourd’hui mais qui restait un événement à l’époque : le premier décor entièrement virtuel de la saga, la salle des prophéties. Dolores Ombrage fait partie des additions notable au casting puisqu’elle est presque l’antagoniste principale de cette histoire, la plus agaçante possible.
En suivant, Harry Potter et le Prince de Sang mêlé est souvent considéré comme le plus mauvais de la saga en particulier pour ce qui est de l’adaptation, généralement pour le ton du film qui ferait un peu trop comédie, un peu trop romantique et un peu trop teenager. Il faut être passé à côté de tellement de chose pour dire ça. La scène qui représente parfaitement l’esprit de ce film est la soirée de noël organisée par Slughorn. Les trois quart consistent en des dialogues basés sur la relation Ron/Hermione, du comique de situation, du développement de l’histoire et soudain Rusard débarque en tenant Malefoy et ruinant la fête. Ce brusque passage de la légèreté au sérieux résume le climat qui règne en temps de conflit. C’est la première fois que le film se déroule dans un monde de sorciers conscient d’être en guerre et qu’une épée de Damoclès plane au-dessus d’eux. L’idée est de nous faire sentir, en voyant leur quotidien, que tout peut s’arrêter à n’importe quel moment d’une attaque de Voldemort. On peut malgré tout regretter qu’on ne fasse pas un peu plus état du Prince de Sang mêlée, et que Rogue vienne juste sortir cela en fin de film sans expliquer quoi que ce soit.
Et puis enfin sont arrivées Les Reliques de la Mort, avec deux films indépendants qui prennent leur temps sans être surchargés. Ces deux derniers films sont consacrés à la guerre, la première partie étant vouée à la quête d’une stratégie, d’une arme ultime, alors que la deuxième est dédiée à la bataille finale. Les liens des personnages y sont forts et Yates fait tout ce qu’il peut pour les transcrire à travers la mise en scène. Les deux parties ont donc été pensées différemment : la première est un road moovie ou les personnages mettent à l’épreuve les liens qui les unissent, la deuxième est quand a elle clairement un film d’action.
Le premier film est beaucoup plus pausé, les plans sont assez longs et certaines scènes ne sont que l’ambiance et le développement des personnages comme la danse d’Harry et Hermione pour oublier le départ de Ron. C’est un changement de ton drastique, ils sont seuls dans le monde réel. Et pour la première fois il est intégré au film une séquence non filmée, mais animée en 3D, pour présenter l’histoire des Reliques de la Mort. Les effets visuels y sont assez surprenants.
La deuxième partie est beaucoup plus rapide et rythmée. David Yates voulait que l’on entre directement dans le film comme si nous avions juste eut un entracte entre les deux parties, d’où le choix de démarrer par le résumée du film précédant avant même l’apparition du logo Warner Bros et d’enchaîner immédiatement avec la suite de l’histoire. Quand l’action commence le récit devient une énorme bataille interrompu jusqu’au retrait de Voldemort.
La seule grosse erreur de David Yates reste le miroir de Sirius Black qu’il sort de nul part et intègre au récit seulement maintenant alors qu’il aurait du l’être depuis l’Ordre du Phoenix. Il est impossible de comprendre comment le truc fonctionne, parce que personne n’en parle et qu’il montre un truc différent à chaque fois. Apres, on peut dire qu’il a quand même bien merdé sur l’une des morts les plus importantes, celle de Lord Voldemort. On ne peut pas tuer le plus grand mage noir du monde juste en le désarmant ! Ce n’est juste pas possible ! Il faudrait au moins un flash ou un truc qui indique que la mort a eu lieu. Après le principal y est : les méchants ont perdu et les gentils vivent heureux !
On pourrait dire que la saga cinématographique qui a marqué notre époque, le Star Wars de notre génération, est celle d’Harry Potter en ce qui concerne l’impact sur le public. Tout simplement parce que l’événement a été incroyable, 8 films qui ont réussi à maintenir, voir à faire grandir, l’intérêt du public sur 10 ans. Même le Seigneur des Anneaux n’a pas eu un tel impact : le titre a beau être connu, beaucoup ignoraient le contenu des livres parmi le grand public, et ils sont sortis à la chaîne sur une durée de 3 ans seulement. Alors qu’au bout de 4 ans d’Harry Potter il y avait encore 6 ans à suivre dans cet univers. Les livres continuaient de sortir en même temps, on a vécu Harry Potter sur une très grande échelle, pendant très longtemps, et c’est probablement ce qui marque le plus les esprits.
Justine Dehaese