Handball: un mondial mitigé pour l’équipe de France

Du 13 au 31 janvier, l’Égypte a accueilli la 27e édition du Championnat du monde masculin de handball. Six fois sacrée dans cette compétition, l’équipe de France ne faisait pas partie des favoris désignés cette année, la faute à un dernier Euro désastreux. C’est donc en quête de rédemption qu’elle a abordé ce tournoi. Le contrat est en partie rempli avec une 4e place démontrant que cette équipe est sur le bon chemin. La déception est pourtant de mise car il y avait peut-être la place pour faire mieux. Retour sur un mondial particulièrement contrasté pour les Bleus.

 

Un sans-faute pour commencer

L’équipe de France masculine avait pour obligation de rattraper l’énorme bévue du Championnat d’Europe de l’an passé. Les Bleus furent éliminés dès le tour préliminaire, ce qui ne leur était plus arrivé à ce stade de la compétition depuis 1978. Cet échec cuisant a coûté la place du sélectionneur Didier Dinart et a plongé le handball français, habitué au haut de l’affiche depuis si longtemps, dans une importante crise. C’est Guillaume Gille, adjoint de Dinart, qui a pris sa succession. Pas de révolution donc mais un changement qui s’inscrit à l’inverse dans la continuité. Les joueurs sélectionnés pour ce Mondial 2021 furent également de la débâcle de 2020 pour la grande majorité. On prend les mêmes et on recommence pourrait-on dire.

Les craintes d’un nouvel échec dans une compétition internationale fleurissent rapidement. Les deux matchs de préparation au Mondial face à la Serbie, défaite chez les serbes puis match nul à domicile, ont montré à quel point l’équipe de France était toujours fragile. Un constat d’impuissance et une absence de fond de jeu qui rendent les observateurs extrêmement sceptique sur le sort de cette équipe, privée en plus de sa star Nikola Karabatic, blessé au genou. Les doutes vont finalement rapidement s’estomper.

C’est une équipe métamorphosée que l’on retrouve sur les terrains égyptiens. Le premier match du tour préliminaire face à la Norvège, finaliste des deux derniers championnats du monde, était un test d’une importance capitale. Il s’agissait véritablement du match qui allait conditionner la suite du tournoi des français. Les Bleus ne se sont pas manqués et ont triomphé 28-24, à l’issue d’un match incroyable où deux hommes se sont particulièrement illustrés. Kentin Mahé a porté les siens en phase offensive avec 9 buts inscrits. Quant au gardien Wesley Pardin, il a écœuré les attaquants norvégiens en réalisant 18 arrêts. Une performance magistrale qu’il ne pourra malheureusement pas rééditer. Le martiniquais se blessera au genou lors du troisième match contre la Suisse. Cette blessure le privera de la suite de la compétition et handicapera sérieusement les français.

Galvanisés par leur succès inaugural, les hommes de Guillaume Gille enchaînent les succès. Des victoires contre l’Autriche et la Suisse leur ouvrent les portes du tour principal. Trois autres suivront face à l’Algérie, l’Islande et le Portugal. Les Bleus n’ont pas toujours tout maîtrisé lors de ces rencontres, s’imposant parfois sur le fil. Ils ont néanmoins fait preuve d’un énorme caractère et d’une belle force collective pour atteindre les quarts de finale en étant invaincus

 

Un quart de finale haletant

Avec ce qu’ont montré les Bleus depuis le début du tournoi, la perspective d’un septième titre de champion du monde semble désormais sérieusement envisageable. La route vers le sacre est tout de même semée d’embûches. Le premier obstacle se nomme la Hongrie, une équipe très physique avec des joueurs aux gabarits impressionnants. Le combat est féroce dès les premières minutes, à la grande surprise des français qui ont eu beaucoup de mal à y entrer. Une entame catastrophique qui permet aux hongrois de prendre le large, avec six buts d’avance au bout du premier quart d’heure. 

 

D’abord crispés, sans solutions et obligés de forcer leur jeu, les coéquipiers de Michaël Guigou vont finalement se libérer, dans le sillage de leur expérimenté capitaine. Guigou va inscrire 6 buts, ce qui fait de lui le meilleur buteur français dans ce match complètement fou. Menée de deux points à la pause (14-16), l’équipe deux fois championne olympique va se révolter et passer la vitesse supérieure durant le deuxième acte. A 20 minutes de la fin, les Bleus prennent l’avantage, et ce pour la première fois du match.

 

Les hongrois s’accrochent mais semblent piocher, alors que les joueurs de Guillaume Gille embrayent et semblent s’envoler vers la demi-finale grâce à leurs trois buts d’avance à quatre minutes du terme de la rencontre. Malheureusement, cette équipe aime se faire peur et se fait rejoindre au score juste avant la sirène, après avoir manqué à plusieurs reprises la balle de match. 30-30 et deux fois cinq minutes de prolongations pour départager les deux nations. Le suspense est à son comble et la fin de match totalement irrespirable. Au final, la France va se sortir du piège hongrois et triompher 35-32. Encore une fois le mental de cette équipe a fait la différence plus que sa supériorité dans le jeu. On se dit alors que rien ne peut l’arrêter dans cette compétition.

 

L’échec de la demi-finale

Notre enthousiasme et les espoirs de titre vont finalement être douchés lors de la demi-finale face à la Suède. Logiquement, les français ont la faveur des pronostics compte tenu de leur parcours et d’un adversaire réputé moins fort puisque n’ayant pas atteint la finale d’un championnat du monde depuis 2001. Les suédois ont du de surcroît remodeler leur équipe suite à l’absence de plusieurs joueurs majeurs. Neuf joueurs de l’effectif participent à leur premier tournoi international. C’est pourtant une équipe pleine d’automatismes qui s’est présentée aux français à l’occasion de cette demi-finale.

Jamais les Bleus ne feront vraiment illusion au cours du match, dominés dans tous les secteurs par une équipe à l’organisation impeccable. Dès les premières minutes, les attaquants français furent mis en échec par une défense suédoise de fer, dans le sillage du gardien Andreas Palicka, auteur de 11 parades, dont quelques unes assez exceptionnelles. Des Bleus inefficaces en phase offensive mais aussi en phase défensive, ce qui faisait la force de cette équipe depuis le début de la compétition. Le résultat final fût sans appel: défaite 26-32, hélas complètement logique au vue de la physionomie du match.

Contrairement à leur homologue suédois, les gardiens tricolores n’ont pas joué leur rôle de dernier rempart. 1 seul arrêt pour Vincent Gérard, 3 pour Yann Genty: un total famélique de 4 arrêts en 60 minutes. Impossible de gagner un match de ce niveau sans des gardiens décisifs. On mesure alors à quel point l’absence de Wesley Pardin fut préjudiciable. En plus de son absence, les Bleus ont également du jouer sans l’arrière Timothey N’Guessan, dont les tirs puissants ont manqués, et sans le pivot Luka Karabatic, pierre angulaire du système défensif, tous deux blessés lors du quart face aux hongrois. 

Des absences lourdes de conséquence, sur lesquelles on peut s’appuyer pour expliquer en partie cette contre performance, mais qui ne peuvent la justifier totalement. Outre les fragilités défensives et le criant manque de fraîcheur dont on fait preuve les Bleus, il faut aussi rendre hommage aux suédois et constater qu’ils ont été très largement supérieurs. Toutes leurs attaques furent organisées à la perfection et leurs ailiers se sont régalés, notamment Hampus Wanne auteur de 11 des 32 buts suédois. Une équipe suédoise plus forte que la France mais moins que le Danemark qui l’a finalement battu lors de la finale sur le score de 26-24.

 

Des perspectives encourageantes malgré la déception

Les français ont ensuite disposé d’une dernière occasion pour clore ce mondial sur une note positive. Cette chance ils ne l’ont pas saisi, perdant le match pour la 3e place face à l’Espagne. Une défaite 29-35 à l’issue d’une rencontre à sens unique, au cours duquel les Bleus donnèrent l’impression d’être à bout de forces, tant physiquement que mentalement. 

C’est sur un double sentiment paradoxal que cette équipe de France ponctue son mondial. A la fois celui de finalement terminer cette compétition à sa place actuelle, c’est à dire juste en dessous des meilleures nations, mais aussi avec un sentiment d’inachevé suite aux premiers matchs du tournoi. Il est évident que ce n’est plus la grande équipe de France que nous observons, mais c’est une équipe qui a montré certaines vertus telles que du caractère et de la détermination à certains moments clés. 

Ce tournoi a également permis de voir la confirmation des qualités de certains joueurs comme Ludovic Fabregas qui s’est imposé comme le meilleur pivot au monde comme le prouve sa présence dans l’équipe type du tournoi. Il est le seul français à figurer dans cette sélection. D’autres joueurs ont su saisir leur chance et s’imposer à l’image d’Hugo Descat. L’ailier montpelliérain n’avait plus goûté à l’équipe nationale depuis 2013 et pourtant cela ne s’est pas vu puisqu’il a fait partie des patrons sur le terrain grâce à sa hargne et son efficacité. 

L’équipe de France a commencé ce mondial au pied du mur, elle l’a terminé au pied du podium et va devoir trouver les ressources pour ne pas se retrouver au pas de la porte des JO de Tokyo. Le Tournoi de Qualification Olympique qui se déroulera du 12 au 14 mars sera le rendez-vous à ne pas manquer pour ce groupe, probablement le tournoi qui permettra de mieux cerner le réel niveau de cette équipe.

 

 

Mathias Babin 

Crédits photos : Getty Images –  N Luttiau –  N Luttiau

 

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