Après un passage éclair du Républicain Michel Barnier au poste de Premier Ministre, la place s’est libérée au bout de 3 mois seulement, un record sous la Vème République. C’est un siège encore tout chaud que vient occuper François Bayrou, député centriste de 73 ans.
Lors de la nomination de Michel Barnier au poste de Premier Ministre voilà 3 mois, les critiques avaient immédiatement fusées autour de son âge. Du haut de ses 73 ans, l’homme politique établissait un nouveau record dans la catégorie “âge des Premiers Ministres”. Quelques jours après le vote d’une motion de censure par l’Assemblée Nationale, c’est son collègue François Bayrou qui lui succède, âgé lui aussi de 73 ans. Au-delà de ces remarques fustigeant le décalage entre la volonté de renouveau prônée par Emmanuel Macron et l’âge de ses récents Premiers Ministres, beaucoup lui reprochent d’être responsable d’un chaos politique sans précédent et d’en esquiver à tout prix la faute.
Depuis plusieurs mois, le président semble se forger une place de choix dans le livre des records. Le gouvernement mené par Michel Barnier est également le plus éphémère de la Vème République, avec seulement 3 mois au compteur. Cela s’explique par des circonstances plus que houleuses. Depuis la dissolution de l’Assemblée Nationale cet été, aucun parti ni coalition ne possède de majorité absolue, ni même relative qui aurait permis à l’un ou l’autre groupe parlementaire d’avancer via moultes alliances. Malgré une supériorité numérique visible à la gauche du Parlement, celle-ci n’est pour le président pas suffisante pour leur laisser les rênes du pays, préférant se poser en figure rassembleuse.
Un Premier Ministre destitué plus vite que son ombre
C’est donc au bout de 3 mois que le gouvernement désigné par Michel Barnier a finalement été destitué. Sans surprise, face à l’absence de majorité à l’Assemblée Nationale, le Républicain a dû se résoudre à utiliser le fameux article 49.3, qui consiste en l’adoption d’un projet de loi sans vote, en échange de l’engagement de la responsabilité du gouvernement. En clair, cet article laisse aux députés la possibilité de déposer une motion de censure qui, si elle est votée, mène à la destitution des ministres en place. C’est ce qui a eu lieu le mercredi 04 décembre dernier. Moins d’une semaine après, c’est un nom déjà familier qui revient sur le devant de la scène : François Bayrou.
Député centriste à la tête du MoDem (Mouvement Démocrate), parti qu’il a créé en 2007, le maire de Pau est bien connu à Matignon et à l’Assemblée. Le septuagénaire peut se targuer d’avoir sur son CV des expériences multiples : député à l’Assemblée Nationale et au Parlement Européen, Ministre de l’Éducation ou encore Garde des Sceaux. Cependant, sa mise en cause dans une affaire de détournement de fonds publics le contraint à quitter son dernier poste en date au gouvernement en 2017, un mois à peine après sa nomination. Finalement relaxé en février dernier, le centriste revient sur le devant de la scène avec fracas.
Le casse du siècle
Et pour cause, de nombreuses rumeurs enflent autour de sa nomination. Au matin du vendredi 13 décembre dernier, plusieurs sources affirment que le cabinet présidentiel aurait appelé le maire pallois pour lui annoncer que Matignon ne lui était pas destiné. Passablement irrité, François Bayrou pénètre à l’Elysée dans la matinée et s’entretient avec le président pendant 2 heures, pour en ressortir avec le titre de Premier Ministre. De multiples sources affirment que ce dernier aurait menacé de cesser de le soutenir au Parlement, et que c’est ce qui aurait motivé cette décision. Si le MoDem ne représente que 34 des 577 membres de l’Assemblée Nationale, l’heure est aux économies de bouts de chandelles à l’Elysée. C’est uniquement grâce à des alliances avec le centre et la droite que le parti présidentiel peut peser dans l’échiquier depuis les récentes législatives.
On assiste donc à un véritable renversement du mode de jeu gouvernemental, puisque le président semble de plus en plus perdre le contrôle sur ceux dont il s’entoure. Reste à savoir qui seront les nouveaux élus qui composeront la main du centriste. Ces lundi et mardi 16 et 17 Décembre, ce dernier a annoncé consulter les différents groupes parlementaires afin d’entendre leurs doléances et de négocier avec eux. Alors que le président continue d’affirmer un souhait de gouvernement d’intérêt général composé de représentants des divers bords politiques, un projet de “loi spéciale” a été adopté ce lundi 16 décembre. Ce dernier permet à l’État une certaine marge de manœuvre dans ses finances, en faisant par exemple recours à l’emprunt et en continuant à percevoir les impôts prélevés.
Cette loi, pour la dernière fois adoptée en 1979, souligne l’urgence de la situation économique du pays et la nécessité d’un gouvernement aux reins solides pour faire face à cette situation. Mais les choses commencent mal pour François Bayrou, qui dès son arrivée établit un nouveau record, celui du pourcentage d’opinion négative à son sujet : 59% des Français déclarent avoir une mauvaise opinion de lui en tant que Premier Ministre. Délicat dès lors pour lui de se présenter en homme du compromis tant annoncé.
Romain Vallat
© Flickr
Étudiant en L3 info-comm/anglais après une (longue) prépa lettres, j’ai pour objectif de devenir à terme journaliste. Passionné de cinéma, de photo, de chats, de littérature, de politique, de fromage ou encore de sport, je mange des cartes graphiques à mes heures perdues.
Ah, et je suis littéralement Spider-Man, Batman et Ryan Gosling (les 3 à la fois).
romain.vallat4@gmail.com
@romariiiin