Formule 1: Une saison à grande vitesse

Dimanche s’est déroulé le dernier grand prix de la saison 2020 sur le circuit Yas Marina d’Abu Dhabi. C’est le pilote néerlandais Max Verstappen qui au volant de sa Red Bull a su se montrer le plus rapide en piste, décrochant alors la dixième victoire de sa carrière, et brisant ainsi la longue série de six victoires consécutives de Mercedes sur cette piste. Au delà de ce résultat acquis à l’issue d’une course qui ne restera pas dans les annales, ce dernier rendez-vous de l’année pour le monde de la Formule 1 est l’occasion de dresser le bilan d’une saison totalement folle. Bouleversée par la pandémie du Coronavirus, elle a tout de même pu se tenir pratiquement sans encombres, avec un calendrier remodelé et hélas l’absence de public. Retour sur une année riche en émotions.

 

Le king Lewis

Nous ne pouvions commencer cette rétrospective que par un seul homme: Lewis Hamilton. Une fois encore le pilote britannique a illuminé de tout son talent cette saison 2020. A la clé onze victoires sur les seize courses qu’il a pu disputer (il a du déclaré forfait pour cause de Covid au Grand Prix de Sakhir). Il faut ajouter à cela dix pôles positions, preuve que l’anglais a également été le meilleur en qualifications. Le roi d’Angleterre n’a laissé que des miettes à ses sujets, parvenant ainsi à conquérir un quatrième titre consécutif. Il porte désormais son total à sept titres, ce qui fait désormais de lui l’égal de Michael Schumacher. Le roi Lewis partage donc avec le «baron rouge» ce record du nombre de championnat gagnés, bien qu’ayant disputé cinq saisons de moins que le pilote allemand. 

Le pilote Mercedes a aussi établit un autre record à l’échelle globale de son sport. Lors du Grand Prix du Portugal, fin octobre, il est devenu le recordman du nombre de victoires dans l’histoire de la discipline, éclipsant le total de 91 victoires de Schumacher. Son capital est désormais porté à 95 succès. Tout simplement éblouissant. Alors évidemment il y a toujours ceux qui viendront dire que c’est normal vu qu’il est au volant de la meilleure voiture. C’est un fait évident certes, mais qui ne doit absolument pas minimiser la valeur de ses exploits. Son actuel coéquipier Valtteri Bottas n’a gagné que neuf courses depuis qu’il pilote la même voiture que lui, soit quatre ans, période durant laquelle Lewis Hamilton est monté sur la première marche du podium à 41 reprises. Une statistique parmi tant d’autres qui montre combien le britannique est un pilote exceptionnel, sûrement le plus brillant que la f1 ait connu de toute son histoire. 

Cette saison 2020 lui a permis d’entrer définitivement dans l’histoire, une histoire qui va se réécrire encore l’année prochaine avec la perspective pour lui d’être seul recordman du nombre de titres gagnés, et celle de passer la barre symbolique des 100 victoires en carrière.

 

Derrière Hamilton, les places furent disputées

En début de saison tous les observateurs espéraient un duel entre Lewis Hamilton et son coéquipier finlandais Valtteri Bottas pour le titre mondial. Ce duel aura finalement été de courte durée. Une victoire lors du Grand Prix inaugural en Autriche, suivie d’une autre presque trois mois plus tard en Russie, voilà le bilan famélique du second nommé cette saison. Le numéro 2 de Mercedes n’a pas su hausser son niveau à hauteur d’Hamilton et a du se contenter d’une seconde place au championnat, à 124 longueurs du britannique. Suffisant toutefois pour permettre à Mercedes d’assurer un sixième titre d’affilé au championnat des constructeurs

Le seul pilote régulièrement capable de boxer dans la même catégorie que l’écurie allemande fût Max Verstappen. Deux victoires pour le pilote Red Bull dont celle de ce week-end, mais surtout une capacité à mettre en doute la supériorité des Mercedes de manière constante. Au final une belle troisième place au championnat, à seulement neuf points de Bottas. Un classement quelque peu frustrant car la seconde place aurait pu être à la portée du néerlandais si la malchance l’avait épargné. Entre problèmes mécaniques et accrochages, Verstappen a du abandonner à cinq reprises, contre un seul abandon pour le finlandais. Il s’est clairement positionné comme la menace numéro un pour Mercedes.

A l’inverse Ferrari ne peut plus être considéré comme menaçant pour l’écurie germanique. La mythique écurie italienne a connu une chute de performance assez incroyable. Plusieurs facteurs expliquent cela: une conception de voiture ratée, un moteur moins performant ou encore des choix stratégiques discutables tout le long de la saison. Aucun succès et seulement trois podiums, la saison de Ferrari ressembla à un long chemin de croix. Résultat une sixième place au classement des constructeurs, pire résultat pour l’écurie au cheval cabré depuis 40ans.

Derrière, les outsiders ont su profiter de certaines courses aux scénarios rocambolesques pour aller glaner de gros points, et même mieux des podiums et des victoires. En tout treize pilotes sont parvenus à monter sur le podium cette saison, soit cinq de plus que l’an passé, et avec quatre courses en moins au calendrier. Il faut remonter à 2012 pour voir autant de visages différents à l’une des trois premières places. Le niveau cette année a donc été particulièrement homogène, et notamment en milieu de grille où les différences entre écuries et pilotes étaient infimes. Parmi les pilotes ayant saisit leur chance nous pouvons citer le mexicain Sergio Perez, qui lors du Grand Prix de Sakhir a inscrit son nom pour la première fois au palmarès d’un Grand Prix de F1.
Ricciardo, Stroll, Norris ou encore Sainz ont aussi signé des podiums inattendus. Mais cette saison, la palme du résultat le plus incroyable revient sans contestation à un français.

 

Gasly le magnifique

Le sport automobile français attendait une victoire en F1 depuis le 19 mai 1996. Plus de 24 ans après le succès d’Olivier Panis à Monaco, Pierre Gasly a inscrit son nom au palmarès d’un Grand Prix, et pas n’importe lequel, celui sur le mythique circuit de Monza en Italie. Il est devenu le treizième pilote tricolore à triompher dans la discipline. Un formidable moment pour celui qui était à peine né lors du dernier succès français.

Juste récompense pour un pilote pas épargné par le destin l’an passé. Sa relégation de l’écurie Red Bull à l’écurie Toro Rosso en milieu de saison dernière n’a pas été facile à digérer, pas plus que le décès de son ami Anthoine Hubert lors d’un accident en Formule 2 au mois d’août 2019. Malgré tous ces éléments contraires Pierre Gasly a su faire preuve de solidité mentale et de talent sur la piste pour décrocher son premier podium au Brésil en fin de saison dernière. Sur sa lancée, il a encore obtenu des résultats prometteurs sur les courses de début de saison, lui qui conduit une Alpha Tauri, ex Toro Rosso, normalement amenée à figurer en milieu de peloton et non aux avants postes. 

Évidemment avec cette monoplace il ne peut qu’espérer une course folle et des défaillances chez les écuries de pointe pour viser la victoire. C’est précisément ce qui va arriver le 6 septembre au Grand Prix d’Italie. Parti depuis la 10ème position, le pilote français a profité d’un arrêt au stand au bon moment et d’une voiture de sécurité pour remonter au classement en 4ème position. Un dépassement bien senti au moment de la reprise de course sur Lance Stroll et des pénalités pour certains pilotes comme Lewis Hamilton permettent au français de prendre la tête du Grand Prix au 28ème tour. Cette position il la conservera jusqu’au drapeau à damier, décrochant alors une victoire inattendue et inoubliable. La consécration pour ce jeune pilote talentueux.

 

Ocon le revanchard, Grosjean le malheureux

Deux autres français étaient sur la grille de départ cette année. Ils sont eux aussi passés par tous leurs états cette saison. Pour Esteban Ocon la saison 2020 avait commencé de manière compliquée. Le pilote normand qui revenait en f1 après une année sur la touche a eu du mal a trouver ses marques avec Renault sa nouvelle écurie. Régulièrement dominé par son coéquipier australien Daniel Ricciardo, le français a néanmoins fait preuve d’orgueil pour aller chercher son premier podium en carrière au Grand Prix de Sakhir en fin de saison. Cumulé aux deux podiums obtenus par Ricciardo, il permet à l’écurie française Renault de connaître sa meilleure saison en f1 depuis son retour en 2016. Ocon devra toutefois hausser son niveau l’an prochain puisqu’il fera équipe avec le double champion du monde espagnol Fernando Alonso, dans une écurie qui changera de nom pour devenir Alpine f1.

Romain Grosjean a lui vécu une saison absolument cauchemardesque. Un zéro pointé au championnat avec sa modeste Haas, condamnée à évoluer au fond de la classe durant l’ensemble de l’année. Mais ce zéro pointé est finalement anecdotique lorsqu’on repense à la saison de Grosjean. L’image que l’on gardera en mémoire durant de longues années est celle de son terrible accident à Bahreïn. Accident à très haute vitesse, avec un incendie et une voiture coupée en deux, une véritable scène d’horreur qui aurait pu lui coûter la vie s’il n’avait pas été protégé par le halo, arceau métallique protégeant la tête du pilote. Un outil de sécurité dont les pilotes, parmi lesquels Grosjean en personne, ne voulaient pas entendre parler il y a quelques années. Miraculé car sorti pratiquement indemne de cet effroyable crash, le pilote franco-suisse ne devrait plus jamais remonter à bord d’une f1 en compétition et pourrait même arrêter sa carrière automobile. C’est en tout cas ce que lui a demandé son fils de 7 ans.

 

 

Suspense, exploits, rebondissements, les fans de Formule 1 auront été comblés en cette année particulière. Pour 2021 retour à un calendrier plus classique, riche de 23 courses, si tout va bien. De nombreux bouleversements au niveau des pilotes ont déjà été annoncés, de quoi donner encore plus d’intérêt à la saison prochaine. Alors rendez-vous en Australie le 19 mars prochain pour revoir en piste les bolides les plus rapides du sport automobile.

 

 

Mathias Babin

 

Crédits :  Reuteurs  –  AFP  –  AFP Jennifer Lorenzini  –  AFP Hamad Mohammed

 

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