FIP Bordeaux, au bord du gouffre

Coup dur pour FIP Bordeaux. Suite au plan présenté le 14 novembre dernier par la présidente de Radio France Sibyle Veil, la station bordelaise devra laisser tomber ses micros et fermer ses portes le 30 juin prochain. Nantes et Strasbourg devront aussi se passer de leur station locale.

 

C’était écrit noir sur blanc dans le programme d’Emmanuel Macron : “refonte de l’audiovisuel public”. Voilà que les antennes locales de FIP en payent le prix. Mi-novembre, la présidente de la Maison Ronde a annoncé la suppression de 299 postes censés permettre de réaliser des économie considérables. Le projet affecte directement l’antenne bordelaise et les emplois de ses animatrices.

FIP une radio singulière

Créée 1 an après sa consoeure Parisienne, FIP Bordeaux voit le jour en 1972 avec un concept unique, un programme musical national entrecoupé d’un bulletin d’information local à “moins 10” et ce, toutes les heures. Entre places de spectacles à gagner et informations générales sur la région et la capitale bordelaise, l’auditeur y trouve son compte. C’est “une radio locale de 7h à 19h, 365 jours / 365 jours” nous dit Muriel Chedotal, déléguée syndicale CGT Radio France. L’antenne bordelaise communique pas moins de “800 infos culturelles de région par mois”. C’est un vecteur d’information très important pour l’antenne qui compte 100 000 auditeurs chaque jour.

Depuis 30 ans, Muriel Chedotal se bat pour que la station continue de vivre en ayant toujours pour objectif “informer, distraire, cultiver et éduquer”. FIP est un combat de tous les jours, c’est un “métier passion” pour Muriel qui depuis 1989 fait partie de la station de Gironde. Défendre les antennes locales n’est pas une ambition d’aujourd’hui. Les nombreuses attaques subies n’ont fait que renforcer l’envie de les préserver.

Elodie Vazeix au micro de FIP

Un plan dévastateur

Dans les années 2000 déjà, avec le plan bleu de Jean Marie Cavada (ex PDG de Radio France) des antennes avaient dû mettre la clé sous la porte. On est la variable d’ajustement de Radio Francenous dit la déléguée syndicale. Lorsqu’il y a eu besoin de fréquence FM pour mettre en place Mouv’, FIP a directement été dans le viseur de Radio France. A la création de France info, il y a 30 ans, la situation est la même “on va puiser dans FIP car c’est que quelques animatrices paumées en région” ironise Muriel. Aujourd’hui ce n’est qu’une surenchère

FIP représente seulement 1,4% du budget de la Maison Ronde selon le rapport d’activité 2018. Alors pourquoi s’attaquer aux stations si elles ne représentent qu’ “une goutte d’eau pour Radio France”, comme nous le dit Muriel Chedotal.

Ce plan élaboré par Sibyle Veil met en avant l’argument économique mais pour la déléguée syndicale “c’est un problème de stratégie, maintenant on veut lisser FIP, polisser FIP”. Les motifs économiques peinent alors à convaincre d’autant plus que ce sont les “salaires de l’audiovisuel les moins chères” renchérit-elle. Supprimer pour uniformiser serait alors la véritable intention de ce plan échafaudé par la présidente.

Mobilisation de tous

Dès l’annonce du projet, acteurs de la radio mais aussi auditeurs se sont mobilisés. Ces derniers, sont eux aussi investi dans la conservation de la station qui, malgré eux, est affectée par cette réorganisation de la Maison Ronde. Avec leurs armes, ils défendent celle qui ne veulent pas voir partir. Ils manifestent pour alerter, vont à la rencontre du public chez les acteurs culturels afin de rassembler et envoient des courriers pour interpeller. “Ils nous défendent, comme toujours […] Pour eux, c’est important qu’on parle d’eux” confie la déléguée syndicale. Pérenniser cette radio locale qui les accompagne du petit déjeuner au souper, c’est l’ambition des auditeurs.

Ils s’unissent aussi sur les réseaux sociaux, moyen de communication essentiel par son efficacité. C’est via le “Collectif Sauver FIP Bordeaux/Arcachon” sur Facebook qu’ils s’organisent, informent et dénoncent. Une pétition en ligne pour sauver les stations locales de FIP compte même plus de 15 000 signatures.

Quelle(s) suite(s) possible?

La fermeture est-elle irréversible? Il y a t-il des équivalences, des alternatives? Muriel Chedotal positive, “jusqu’à présent nous avons gagné” mais la lutte s’avère difficile. Si le pire ce produit pour la station bordelaise, la présidente Sibyle Veil a évoqué la possibilité d’évoluer sur les antennes de France Bleu, un poste de délégué musical est aussi proposé mais pour celles qui travaillent depuis des années chez FIP cela ne suffit pas. “Ce n’est pas du FIP” nous confie Muriel FIP nous oublie, nous avons aucun avenir à FIP”.

 

Noa Darcel

Crédits photo : Noa Darcel

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