Faire son ciné maison 

Quand te reverrai-je, ciné merveilleux ? Question que s’est sans doute posée Michel blanc en repartant avec son césar d’honneur, d’une cérémonie en manque d’invités et d’audience, scène révélatrice du contexte sanitaire peu propice à l’intérêt général pour le septième art. Laissez nous donc raviver cette lueur de curiosité dans vos yeux, en vous proposant des alternatives face à la fermeture prolongée des salles obscures. 

Autrefois 

Le compteur affiche désormais plus de 240 jours de fermeture cumulés pour les cinémas français. Un an que ce lieu n’a pas pu reprendre son activité dans des conditions normales. Un gros manque à gagner pour tous les professionnels du secteur, mais aussi pour les français de manière globale. Étant donné qu’aller voir un film en salle est la sortie culturelle préférée des français, près de deux tiers y allant au moins une fois par an. Faisant d’eux les plus gros consommateurs de cinéma d’Europe, devant notamment les britanniques et les espagnols, d’après les chiffres du CNC. 

Logiquement, la plupart des amateurs d’histoires sur grand écran ont dû migrer vers celui de leur salon ou de leur chambre, petit ou non, tout dépend du budget de chacun. Le chiffre des consommateurs de vidéos louées ou achetées sur des services de SVOD a bondi, et près de 46 % des français sont maintenant abonnés à une plateforme de VOD comme Netflix. Malgré cet amour que les français continuent d’apporter au cinéma, ce secteur culturel, comme beaucoup d’autres, ainsi que les gens qui y travaillent, traversent l’une des pires crises de leur histoire. Un mécontentement que veulent manifester aux yeux de tous les mouvements de contestation qui ont mené à l’occupation de plus de 15 lieux de cultures en France. Un signe de l’exaspération générale, notamment des intermittents, qui pourtant multiplient les appels, lettres, tribunes et pétitions pour engager une réouverture stricte de leurs lieux de travail, dont les récent rapports scientifiques portant sur la contamination au sein des lieux culturels soutiennent la possibilité d’une reprise de l’activité culturelle totalement en accord avec les mesures sanitaires en vigueur. 

Néanmoins, en attendant ce jour où l’on pourra se précipiter dans les salles pour conclure avec un date, partager un moment entre amis, en famille, etc, voici plusieurs manières de satisfaire votre plaisir pour la découverte d’oeuvres audiovisuelles de qualités, et ce, gratuitement.

 

Médiathèque numérique de l’université 

Cette offre de VOD vient compléter les milliers de DVD actuellement disponibles dans les bibliothèques du campus de Pessac, que vous pouvez emprunter pour une durée de 15 jours ou bien consulter sur place. Mais pour beaucoup d’étudiants n’ayant pas eu d’autres choix que de rentrer chez leurs parents, il existe un service de VOD mis en place par l’Université bordeaux Montaigne, qui dispose de près de 5 000 films, séries, documentaires et concerts. 

En vous connectant avec vos identifiants universitaires, vous pourrez : regarder 5 films par mois en streaming ou en téléchargement, accéder aux bonus vidéo et articles de presse autour du film, du réalisateur·rice et des acteur·rice·s, mais également noter et commenter les programmes ainsi que faire des playlists.

Et si vous disposez d’un abonnement à la bibliothèque municipale de Bordeaux, qui est gratuit pour toutes et tous, vous pouvez bénéficier de 4 films supplémentaires chaque mois.

Parmi leurs nouveautés, des films nommés aux Césars comme « Adolescentes » de Sébastien Lifshitz (César du meilleur documentaire), ou encore « Antoinette dans les Cévennes » de Caroline Vignal (César de la meilleure actrice attribué à Laure Calmy); des films internationaux tels que « Peninsula » de Sang-ho YEON, suite très attendue du film d’horreur Coréen « Dernier train pour Busan », et même quelques oeuvres du studio Ghibli parmi les plus connues comme « Princesse Mononoké » et « Mon voisin Totoro », réalisées par Hayao Miyazaki. 

La période étant très pesante, autant à cause des cours à distance que de la solitude imposée, cette plateforme gratuite réservée aux étudiants pourra peut-être vous permettre de vous accorder quelques moments de répit. Et ne serait-ce que quelques heures, vous faire éprouver de belles émotions et penser à autre chose. Plateforme riche et complète, qui peut se targuer d’avoir un excellent catalogue, grâce à des accords avec Arte et Univers Ciné, ainsi qu’un partenariat avec la Cinetek. 

 

Arte TV

Et justement, la plateforme Arte TV propose énormément de vidéos en accès libre et gratuit, même si un certain nombre n’y sont présentes que temporairement. À ne pas confondre avec sa plateforme de VOD/DVD, où l’on peut acheter des films et autres de façon dématérialisée ou en support physique. La chaîne franco-allemande est un acteur culturel européen très prolifique, diffusant 6 films par semaine, et des programmes majoritairement européens, y incluant 40 % de documentaires.

Contrairement aux autres plateformes de replay, bon nombre de films qu’Arte diffuse au cours de l’année se retrouve ensuite sur sa plateforme. Des oeuvres européennes d’arts et d’essai difficilement trouvables ailleurs et visualisables durant une durée limitée. Vous pourrez vous régaler de courts-métrages inventifs en quantité, ainsi que de films ou de séries documentaires. Et côté série de fiction, vous voilà servis, avec d’ailleurs des productions françaises remarquables comme la série du moment « En thérapie », des réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache, connus pour « Intouchable ». 

 

mk2 Curiosity

Et pour finir, place à l’offre VOD de mk2. Si vous voulez faire connaissance, avant de vous présenter, voici d’abord la façon dont eux se présentent : « Emblème du cinéma d’auteur mondial, mk2 est une société familiale fondée en 1974 par Marin Karmitz et aujourd’hui dirigée par ses fils Nathanaël et Elisha Karmitz. mk2 défend une cinématographie de qualité et crée des lieux de vie et de découvertes créatives ». 

Cette société de production française, qui souhait d’après son slogan proposer une autre idée du cinéma, a mis en place l’initiative « MK2 Curiosity » durant le premier confinement. Désireux de faire prospérer le cinéma d’art et d’essai, et de patrimoine, ils ont décidé de continuer l’expérience. Partant du principe qu’un algorithme ne propose que ce que vous aimez déjà, ils proposent des oeuvres que vous n’aimez peut-être pas encore. En vous créant un compte pour vous abonner à leur newsletter, vous recevrez chaque semaine 5 films à regarder gratuitement où vous le voulez. Des bizarreries cinématographiques de leur catalogue, mais aussi des classiques du cinéma français comme des oeuvres de François Truffaut et de Claude Chabrol. Leur récent partenariat avec Netflix a d’ailleurs permis au géant de la VOD d’acquérir temporairement une partie de ces films pour leurs abonnés. 

Chaque semaine, on est gentiment pris par la main en arrivant sur le site avec une vidéo d’introduction qui dévoile les informations essentielles sur ce qui va suivre, à savoir le thème qui lie les oeuvres proposés et une brève présentation de chacune d’elles. Ce qui donne sacrément envie de voir ces raretés de l’histoire du cinéma.

En espérant vous avoir mis l’eau à la bouche, partez découvrir toute la diversité et la richesse de ces plateformes sur ces quelques bons conseils de mk2 : « Installez-vous confortablement, servez-vous quelque chose à boire, détendez-vous et surtout laissez-vous porter ».

 

 

Joaquim Tissot

Crédit photo : Pexels

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